Copies de dissertation.

Corpus: http://ekladata.com/sxSQ9U1BvQ5x6SQZ_8nWCwmgZDs/CORP_hypocrisie.pdf

Dissertation

La comédie est un genre littéraire qui a été inventé il y a très longtemps. En effet, par exemple, L’avare de Molière est en fait une reprise de La Marmite d’Euclion, une comédie écrite il y a plusieurs millénaires par Térence, un auteur romain. Il n’est donc pas surprenant que la devise de la comédie « corriger les mœurs par le rire » provienne d’une citation latine « Catisgat ridendo mores ». Est-ce qu'on peut penser que cette devise puisse caractériser la littérature dans son ensemble ? En fait, la littérature représente tous les textes littéraires comme les romans, les poèmes, les pièces de théâtre, les fables…et la citation parle uniquement de textes comiques.

Donc, est-ce que toute la littérature améliore la société grâce à des textes qui amusent le peuple ? Tout d’abord, nous verrons que oui, la littérature améliore la société grâce à des textes qui font rire le peuple. Ensuite, nous développerons son antithèse et finalement, nous verrons que les auteurs vont pouvoir faire un contraste entre le comique et un autre thème dans un même texte.

La littérature améliore la société surtout grâce à des textes qui amusent le peuple. Tout d’abord, l’auteur peut écrire des pièces de théâtre comiques pour influencer la société comme dans par exemple la scène 2 de l’acte V de Dom Juan. En effet, dans cette scène, Dom Juan vient de mentir à son père en disant qu’il se repentissait et ici, il avoue à Sganarelle qui croit à sa repentance que tout n’était que mensonge. Molière va alors critiquer l’hypocrisie des gens de l’époque où il vit à travers la bouche de Dom Juan et Sganarelle ajoute la touche d’humour à la scène avec des répliques comme « Ah ! quel homme ! quel homme ! ». Molière fait donc passer un message polémique grâce au rire.

Ensuite, pour corriger les mœurs de la société, l’auteur va pouvoir écrire des apologues, récits divertissants comme dans « La cigale et la fourmi » de Jean de La Fontaine. La cigale qui chante tout l’été va, une fois l’hiver arrivé, être à court de nourriture. Elle va demander de l’aide à la fourmi, sa voisine, qui a gardé une immense quantité de vivre durant l’été mais celle-ci refuse de lui donner le moindre petit bout de nourriture. La Fontaine critique donc ici l’égoïsme de la société dans laquelle il vit en racontant une histoire divertissante qui fait passer un message moral.

Finalement, pour essayer de changer la société en faisant rire, les auteurs vont pouvoir écrire des contes philosophiques comme Candide de Voltaire. En effet, dans ce texte, Voltaire va utiliser des développements illogiques comme quand il dit que le château était le plus grand du pays car il avait une porte et des fenêtres. En parallèle à ces traits d’ironie, il va par exemple critiquer la philosophie de Pangloss, l’optimisme. Voltaire, en plus de faire un texte amusant, va donc ici critiquer la philosophie de Leibniz entre autre.

Nous avons donc vu qu’un grand nombre d’auteurs essayaient d’améliorer la société en amusant le lecteur. Mais, est-ce pour cela que l’ensemble de la littérature transmette un message grâce au rire ? Non.

Toute la littérature n’améliore pas la société grâce à des textes qui amusent le lecteur. Premièrement, l’auteur peut utiliser un roman réaliste sans aucune touche d’humour, comme par exemple Germinal de Zola. En effet, lorsque les patrons des mines augmentent les tarifs de boisage et diminuent ceux des chariots de charbon, Etienne va essayer de pousser les mineurs à la révolte. Il va essayer de les convaincre que la mine est à eux car ce sont eux qui souffrent dedans pour un salaire de misère. Ici, E. Zola va décrire les dures conditions de vie et de travail des mineurs et ces conditions sont loin d’être amusantes. Il utilise un texte à portée polémique pour faire évoluer les mentalités.

Deuxièmement, la littérature contient des textes qui sont loin de faire rire le lecteur. Il peut y avoir des poèmes qui ne donnent pas du tout envie de rire comme « Souvenir de la nuit du 4 », extrait de Châtiments de V. Hugo. Dans ce poème, V. Hugo va décrire une grand-mère effondrée par la mort de son petit-fils qui a été assassiné lors du coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte. Elle pleure et refuse de voir la vérité de la mort de son petit-fils qui déjà n’avait plus de mère. Elle reste seule en vie alors qu’elle devait mourir avant ces deux êtres chers, l’ordre naturel est donc bouleversé. V. Hugo va donc essayer de corriger la société en persuadant le peuple de se révolter contre l’assassin Napoléon III.

Enfin, un auteur va écrire des nouvelles comportant une dimension uniquement tragique. C’est le cas de Jettatura de Th. Gauthier. Dans cette nouvelle, Paul est frappé d’une malédiction. Il ne peut regarder quelqu’un sans que cette personne soit frappée par le malheur. Il est face à un destin qu’il ne peut éviter et face à un dilemme : il aime quelqu’un qu’il ne peut regarder sans lui faire de mal. Ce personnage qu’il aime meurt finalement et il se suicide. Ici, Gautier critique la superstition sans utiliser de registre comique.

Nous avons donc vu que les auteurs pouvaient améliorer la société sans amuser le peuple. Mais, nous allons voir aussi qu’ils vont pouvoir quand même faire passer un message en faisant un contraste entre le comique et un autre registre ?

Premièrement, l’auteur va, pour mieux changer la société dans laquelle il vit, mélanger le registre comique et épique comme dans « Chanson » de V. Hugo. Ici, Hugo fait la satire de Napoléon III en se moquant de lui par la répétition notamment de l’adjectif « petit, petit » qui fait rire. Par contraste, il fait l’éloge de Napoléon Ier. Le lecteur éprouve ainsi de l’admiration envers ce souverain qui a gagné de grandes batailles et a conquis l’Europe. Deux registres sont ainsi présents dans le texte pour faire apparaître la différence entre les deux hommes alors que Napoléon III se réclame de son oncle illustre. Hugo contre la stratégie de l’empereur.

Dernièrement, l’auteur va pouvoir faire réfléchir le lecteur et faire passer son message en jouant du contraste entre le comique et le registre tragique. C’est le cas dans La voleuse de livres de Zusac. Ici, Laura va nous faire rire avec tous ses jeux d’enfants et l’auteur nous fait rire aussi avec les anecdotes qu’il raconte. Mais, quand la ville allemande se fait bombarder et que les proches de Laura meurent, on est triste et en colère à cause de ce qui arrive et de ce qui a provoqué cela. Ici, Zusac va donc mélanger deux registres qui sont en opposition pour critiquer Hitler et les nazis.

Donc, en conclusion, « Castigat ridendo mores » n’est donc pas une devise qui peut s’appliquer à toute la littérature. En effet, nous avons vu que de nombreux textes avaient pour but de changer la société sans faire rire le lecteur. Mais, on pourrait se demander si un texte comique est plus efficace qu’un texte plus sérieux.

Publié le 23 avril 2015 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))