Copie question transversale.

Corrigé de la question transversale

Quelle est l’importance du décor dans ces textes ?

Corpus :

  • « Une allée du Luxembourg », Nerval, Odelettes rythmiques et lyriques, 1852

  • « Rosemonde », Apollinaire, Alcools, 1913

  • « Barbara », Prévert, Paroles, 1946

Nous allons étudier trois textes : le premier « Une allée du Luxembourg » est un poème de Nerval, issu du recueil : Odelettes rythmiques et lyriques paru en 1852. Le deuxième est le poème de Guillaume Apollinaire du recueil Alcools (1913) : « Rosemonde » et le troisième texte de ce corpus est « Barbara » de Jacques Prévert paru dans le recueil Paroles en 1946. Ces trois textes, bien que différents par leurs factures et leur appartenance à des mouvements littéraires opposés (le romantisme pour Nerval, le surréalisme pour les deux autres textes), ont un thème commun : la rencontre éphémère, due au hasard avec une femme. D’ailleurs, deux d’entre eux ont un nom de femme pour titre. On remarque aussi qu’il s’agit de trois poèmes. Nous allons ici définir l’importance qu’a le décor dans ces différents textes. Le décor n’est en effet pas anodin car il donne le cadre de la rencontre : il a une dimension symbolique.

Tout d’abord, il s’agit de décors ancrés dans le réel : des villes existantes réellement. Dans « Rosemonde », il s’agit de la ville d’Amsterdam, avec des allusions réalistes à des éléments du décor comme « canal », « quai ». Amsterdam est effectivement une ville portuaire. Dans le texte de Prévert, l’action se déroule dans la ville de Brest, on nous indique même plus précisément la « rue de Siam ». Dans « Une allée du Luxembourg », le décor n’est évoqué que dans le titre. L’action se déroule dans un jardin : ce n’est pas un décor urbain mais cela se situe tout de même dans Paris. Ces interventions du réel dans les poèmes leur donnent de la véracité, une crédibilité supplémentaire.

Ensuite, on remarque que les lieux évoqués sont étonnamment dépeuplés. En effet, le texte d’Apollinaire présente Amsterdam, ville très fréquentée, comme déserte : cela crée une atmosphère étrange. Il en est de même pour le texte de Nerval : malgré la foule présente en ce lieu, le poète ne voit que la jeune fille qui éclipse complètement le reste du décor. Dans « Barbara », Brest est anéanti, le poète semble y être totalement seul et il s’adresse à une femme disparue dans une prosopopée tragique.

Enfin, dans « Rosemonde » et « Barbara », un changement de décor s’opère. En effet, on assiste à une évolution du décor au fil du poème. Dans son poème, Apollinaire quitte finalement Amsterdam, passant du stade d’amoureux transi à celui de chevalier errant, en quête du « Monde ». Dans « Barbara », c’est la ville de Brest qui change de visage. Connotée positivement au début du poème : « pluie heureuse », « ville heureuse », Brest devient un décor d’apocalypse dans la deuxième partie avec « abîmé », « deuil terrible ».

Le décor a donc un rôle plus important qu’il n’y paraît dans ces trois textes car les scènes, l’environnement extérieur est ce qui définit le cadre de la rencontre et permet de la connoter positivement ou négativement.

Publié le 23 avril 2015 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))