J’ouvris les yeux, j'étais enchaîné à un mur de pierres par les poignets dans une salle qui m’était inconnue, la raison pour laquelle j’étais là aussi. Soudain, j’entendis des pas dans le couloir, je criai à l’aide. Ce fut en vain puisque les pas dépassèrent rapidement la salle. J’attendis plusieurs heures, pendant lesquelles personne n’était repassé. Un silence total régnait dans ce château, enfin si c’en était un. Je n’avais aucun souvenir d’être arrivé ici. Depuis une petite fenêtre, je voyais le ciel bleu s’enflammer pour laisser place à la nuit. J’aperçus aussi une pleine lune noyée dans un océan d’étoiles.

Je n’avais pas mangé depuis ce matin, mon ventre me le rappelait. Tout à coup, une clé grinça dans la serrure de la porte et un homme en blouse blanche rentra, on aurait dit un médecin. Je lui demandai alors : « où sommes nous et pourquoi  ? » mais il se contenta d'allumer une torche, la lumière m’éblouit. Je découvris que je voyais mieux dans l’obscurité. Il s’approcha de moi pour attacher une montre à mon poignet, son odeur, déjà forte à son arrivée, devint insupportable. Puis il demanda d’une voix forte : « Io ? Quatorze ans ? », j'acquiesçai par un mouvement de tête. Le médecin partit et me suggéra de rester calme. Il avait beau chuchoter depuis la porte, je l’entendis aussi fort que s'il était à côté de moi. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. Pourquoi me dire que tout allait bien se passer ? De quoi parlait-il ? J’avais le pressentiment que j’aurais bientôt la réponse. Plus le soleil descendait, plus je me sentais nerveux, ma vue devenait de plus en plus claire, les murs éclairés par la torche étaient devenus pastel, je captais le moindre bruit et je pouvais encore renifler le parfum de l’inconnu. Je n’avais qu’une seule envie : fuir...Brusquement, la montre à mon poignet se mit à sonner, le bruit était insupportable. Je m'agitais dans tous les sens pour tenter de l’arracher. Quelques secondes plus tard, je tombai à genoux sur le sol, les poignets en sang à cause des chaînes qui s’étaient brisées sur le coup. Je plaquais mes mains sur mes oreilles pour étouffer les bruits.

Peu à peu, des poils poussèrent d’abord sur mes avant-bras puis sur tout mon corps, des oreilles se dressèrent sur ma tête et mon nez se transforma en un museau. La porte de la salle s’ouvrit d’un coup, trois hommes firent irruption dans la pièce, deux se jetèrent sur moi et me plaquèrent au sol. Assommé par le choc, ma vision devint floue mais j’étais sûr de distinguer que le troisième avait un fusil pointé sur ma tête. J'entendis la détente se presser...