Virgina Woolf est une auteure et essayiste de la fin du XIXe siècle et de la moitié du XXe siècle. Son œuvre emblématique Une chambre à soi dépeint les différents points qui amène une femme à ne pas s'engager dans la littérature. Bien au-delà de ces idées, Virgina Woolf analyse une société fondée sur la patriarcat. Elle part d'un personnage féminin cherchant à comprendre la place des femmes dans la littérature. Ce même personnage comprend que la place qu'occupe les femmes dans la littérature est le reflet de celui qu'elles occupent dans la société.

A travers cette recherche, Virgina Woolf dresse une critique de ce modèle en étayant plusieurs arguments. Tout d'abord les hommes ont besoin que les femmes leur restent inférieures en idée pour pouvoir glorifier les événements qu'ils ont vécus. Car l'homme est instruit pour vouloir marquer les esprits, ce qui n'est pas une valeur de l'éducation féminine. C'est pour cela que les femmes ont moins l'audace d'écrire. Et même quand celles-ci oseraient le faire, elles rencontreraient plusieurs difficultés : elles n'ont pas les moyens financiers, étant toujours dépendantes de leur père ou mari, elles n'ont pas de lieu pour écrire et surtout la charge mentale qu'elles subissent ne leur permettraient pas d'exploiter entièrement leur potentiel. De plus toute femme partageant son envie de vouloir écrire subirait des moqueries et serait découragée. Virgina Woolf cite cette phrase que je trouve très juste pour illustrer cette idée : "la meilleure des femmes est intellectuellement inférieure au pire des hommes" de M.Browing.

Ensuite le personnage remarque que bien des romans de fiction racontant la vie de femmes écrits par des hommes sont négatifs et mettent en scène les femmes au travers de leurs relations avec les hommes. On pourrait citer Mme Bovary et La Princesse de Clèves à titre d’exemples. Cela amènerait à penser que les femmes ne font que cela de leur journée en acceptant ce rôle, mais c'est oublier toutes les charges mentales qu'elles peuvent subirent : "les femmes nous sont données dans leurs rapports avec les hommes" avance Virgina Woolf.

C'est à partir de ces deux constats que l'auteure avance des idées bien plus larges sur la condition des femmes de son temps. "L'histoire de l’opposition des hommes à l'émancipation des femmes est plus intéressante peut-être que l'histoire de cette émancipation elle-même" : cette citation est selon moi fondamentale dans l'écrit de Virgina Woolf puisqu'elle explique que les femmes luttant pour leur émancipation ont en fait déclenché un mouvement des hommes voulant absolument garder leur place de patriarche. Les hommes et les femmes, étant éduqués de manière très distincte, n'auraient absolument pas la même manière de mettre en place les sentiments dans un roman, ce qui les empêcheraient de saisir les émotions de l'autre :"l'émotion dont sont imprégnés ces livres est incompréhensible pour une femme. En effet, les hommes écrivent selon elle avec une vision masculine de la vie. Elle se questionne alors sur l'idée très ingénieuse qu'il serait peut-être plus intéressant de renforcer les différences homme/femme plutôt que de tenter de renforcer leurs similitudes : "L'éducation ne devrait-elle par faire ressortir et fortifier les différences plutôt que les ressemblances ?", ce qui entraînerait une plus grande diversité d'opinion. Nous aurions dans notre esprit une part féminine et masculine, l'une prédominante sur l'autre selon notre sexe. Il faudrait cependant un équilibre parfait pour atteindre le bonheur et la satisfaction totale, avec une préférence pour la part masculine :"l'intelligence semble avoir une trop grande prédominance et les autres facultés de l'esprit se scléroser et devenir infécondes". Pour qu'une œuvre soit entière, il faut une collaboration entre la part féminine et la part masculine car "l'art de création exige la liberté et la paix".

Pour finir elle termine par une péroraison s'adressant aux femmes de son temps mais qui pourrait s'appliquer également au nôtre. Elle explique aux femmes qu'elles doivent trouver du courage pour sortir de ces injections qui pèsent sur elles, qu'elles seules pourront amener les hommes à changer la vision qu'ils portent sur ces dernières.

En conclusion cette œuvre est avant-gardiste  sur beaucoup d'idées. Virgina Woolf énonce des concepts qu'on peut entièrement reprendre de nos jours. La manière d'amener les choses à travers les réflexions d'un personnage nous permet de nous mettre à la place de celui-ci et de nous questionner à notre tour. Ce livre est donc un classique pour l'apprentissage de la lutte pour les droites des femmes et les idéaux féministes qui sont toujours d'actualité.