Depuis quelques temps, le « dôme de chaleur » a remplacé la vague de chaleur ou même la canicule. La vague, on la voit venir de loin, puis elle s’éloigne tandis que le dôme assomme et paralyse. C'est une chape de plomb. Il enferme et il effraie. Les médias, inspirés certainement par quelques météorologistes novlangues et relayés par les thuriféraires de « l’urgence climatique », imposent désormais cette rhétorique d’inspiration religieuse. L’expression signifie pourtant très simplement la permanence de températures élevées au-dessus de certaines portions de l’espace terrestre - ici la France et même plus encore parfois. Le dôme enferme  ainsi le citoyen dans la peur et le confronte à l’impossibilité matérielle de briser la paroi qui le sépare d’un monde où les saisons alterneraient de manière harmonieuse et conformément à un supposé équilibre naturel. « Episode de chaleur » ou « vague de chaleur » qui rendent compte d’un caractère plus anodin et plus furtif sont désormais bannis et laissent place à une lecture quasi eschatologique du fait climatique. Il ne s’agit ici pas de nier le réchauffement climatique, d’en minorer les effets dramatiques sur les récoltes, sur les glaciers, sur la pollution etc., faut-il encore expliquer en quoi ce « dôme » est très différent des phases caniculaires. Pourquoi ne pas revenir à « anticyclone » ou « zone de haute pression » accompagnée d’une forte chaleur ? Peut-être trop technique ou passéiste ? Du 1er au 16 juillet 1976, les températures à Monsouris ne sont jamais descendues sous la barre de 25°C ; pas de « dôme » alors, mais un jean-François Saglio, surnommé « Monsieur Sécheresse », futur président d’Airparif, qui pouvait attendre que les prières de cette paroisse de Saint Siméon dans l’Orne amènent la pluie et rafraîchir ce coin de campagne normande. Plus que cela enfin, le « dôme » autorise tous les désordres dans le roman éponyme de Stephen King jusqu’à ce qu’une brèche s’ouvre grâce à l’empathie d’un extraterrrestre. La morale est que la peur ne peut guider tous les nouveaux paradigmes de nos sociétés et…qu’il ne faut jamais désespérer.