Dans une tribune des Echos, Max Blanchet et Bruno Grandjean interrogent la possibilité pour la France de se lancer dans une nouvelle aventure industrielle - extrait : 

"Plan de relance

Un plan de relance de l'investissement industriel est la seule issue pour enrayer le risque qui pèse sur l'industrie française. Tout d'abord, il faut renforcer les activités critiques, comme dans la santé, les télécommunications, la mobilité ou la sécurité, où nos chaînes de valeur sont trop dépendantes des autres pays. Le taux de « make » en France est très inférieur à celui de l'Italie ou de l'Allemagne. Ensuite, un tel plan doit viser les produits et technologies de demain, et non les activités déjà délocalisées depuis longtemps.

Ce plan de relance de l'investissement pourrait prendre la forme d'un fond pour l'industrie, alimenté au niveau européen mais aussi par un fléchage de l'épargne des particuliers, pour financer des investissements industriels liés à la modernisation et la digitalisation de l'outil de production, la reconversion vers de nouvelles activités ou encore la décarbonation. Ce financement doit viser 50 milliards pour être efficace, sur deux ans, et agirait comme des quasi fonds propres selon le principe d'une mezzanine".

Hors mis la surprise de voir l'Etat légitimé dans ses missions historiques (l'industrie française depuis le XIXe siècle a toujours eu le soutien de l'Etat et plus encore sous le gaullisme et le pompidolisme), même si c'est un cadre qui demeure européen, on voit mal comment convaincre des conseils d'administration et des banques (ou les deux à la fois) à initier un processus de réindustrialisation quand on sait que la compétitivité des industries nécessite de lourds investissements pluriannuels et quelques années pour atteindre la rentabilité. Quant au "make" (quelle horreur cet anglicisme !), cela fait des années que les promesses des candidats (quand elles sont sincères) butent sur le réalisme des investisseurs et des consommateurs. A moins d'instaurer des taxes supplémentaires sur les biens importés et d'exiger des entreprises françaises un minimum de patriotisme comme l'a fait Donald Trump (et dont les effets sont quasi nuls), d'encourager la recherche dans les universités, de revaloriser les parcours scolaires dans l'enseignement technique, d'interdire le prise de contrôle de nos firmes par des firmes étrangères et.... de dévaluer l'euro, on ne voit pas comment un plan de 50 milliards pourraient à lui seul relancer des activités dont on sait que les nuisances (les industries vertes, cela n'existe pas et toute transformation de matières premières génère des émissions) seront immédiatement attaquées par les élites des grandes métropoles .