Il y a 30 ans débutait une crise qui déboucha sur la Guerre du Golfe. La revue de la Défense N@tionale y consacre un article. Premier conflit majeur post-guerre froide, elle est légitimée par un accord entre les 5 membres du Conseil de sécurité de l'ONU et les Américains parviennent à rassembler une large coalition internationale.

Le contexte : les vues de Paris et Washington sur la "question irakienne" convergeaient au cours des années 1980 sur fond de guerre Iran-Irak (1980-1988) : l’Irak devait être renforcé pour faire échec à l’expansionnisme iranien chiite. Les deux puissances auraient commis alors la même erreur stratégique qui consiste à croire que Saddam Hussein deviendrait un acteur raisonnable, George H. W. Bush allant jusqu’à envisager la possibilité de faire de lui, si ce n’est un allié, du moins un relais régional. En 1987, le dictateur irakien réprime durement les velléités d'indépendance du Kurdistan en utilisant des gaz chimiques (massacre d'Halabja).

L’invasion du Koweït par l'Irak en août 1990 est un électrochoc pour lui comme pour François Mitterrand, même si beaucoup de zones restent obscurs quant à la possibilité que les Etats-Unis aient été prévenus des intentions de S.Hussein. Le dictateur irakien pense compenser les sacrifices de son pays en prélevant les ressources pétrolières du Koweït car il estime qu'il a protégé les pétromonarchies - il considère, comme ses prédécesseurs, l'Etat koweïtien comme illégitime depuis sa naissance en 1961. La coalition internationale (qui reçoit aussi le soutien de la Ligue arabe, sauf de l'Algérie et du Yémen) déloge l’Irak du pays en janvier 1991 après 3 semaines de frappes aériennes. La France fait partie de la coalition contre l’Irak en janvier 1991, malgré la démission du ministre de la Défense J.P Chevènement fin janvier 1991 qui protestait contre les conditions de l’intervention. L'application de la résolution 687 votée au Conseil de sécurité de l’ONU qui porte sur la neutralisation des armements irakiens est ensuite menée par la « Commission spéciale des Nations unies » (UNSCOM), en association avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le conflit permet aux Etats-Unis de prendre pied dans la région en y installant des bases militaires et de mettre en place une nouvelle doctrine ; celle de la guerre préemptive (d'aucuns diraient aussi préventive) qui permet de punir un Etat même s'il ne représente pas une menace directe et immédiate.  G.Bush n'autorise pas le renversement du régime car l'Irak peut être utile contre l'Iran et pour dissuader les pétromonarchies de se détourner de Washington.