La mort de Valérie Marneffe: le registre réaliste
Par LL le 04 mai 2010, 13:54 - Réflexions sur la mort de Valérie Marneffe - Lien permanent
"La mort de Valerie" est un des derniers chapitres de "La Cousine Bette" de Balzac, et présente plusieurs éléments montrant que le texte s'inscrit dans le registre réaliste.
I - Le corps
Dans cet extrait, le corps grotesque est décrit et détaillé: par exemple: "ses dents et ses cheveux tombent, [...] toutes les extrémités se détruisent dans la sanie qui les ronge."
L'énumération de détails sordides sur ce corps malade nous donne une vision précise dans la dimension physique (chose, qui ne pourrait apparaître dans un récit merveilleux où la dimension physique reste abstraite).
Il nous est également indiqué que l'héroïne était une magnifique femme avant de devenir "le tas de boue" qu'elle est à présent.
II- Les lieux
La citation de lieux réels renforce, elle aussi, le registre réaliste: par exemple: "Saint-Thomas-d'Aquin" ou encore "l'église catholique".
Ces lieux donnent une situation réaliste au texte; nous pouvons donc nous situer dans celui-ci et ainsi mieux imaginer le décor, l'environnement dans lequel nous nous trouvons.
La chambre de Valérie est également citée, c'est un lieu domestique.
III- Les procédés utilisés
Dans ce texte, l'auteur a recours à plusieurs procédés. Tout d'abord la description: Balzac décrit en particulier l'état de Valérie et pour cela, il a également recours à des hyperboles ( "Je n'ai plus de corps, je suis un tas de boue" ).
Le vocabulaire ou bien les propos de certains personnages nous renseignent sur l'époque dans laquelle nous nous trouvons; par exemple "le fait est inexplicable pour moi... cette maladie est une maladie propre aux nègres [...] Mr et Mme Crevel". A mon avis, ce passage nous place historiquement car nous pouvons sentir le préjugé de l'infériorité des hommes noirs. Ceux-ci sont encore considérés comme une race différente et il paraît logique qu'un docteur porte de tels propos.
Plusieurs passages sont retranscrit au discours direct ce qui nous permet de nous rendre compte du caractère ou encore de la situation sociale... Le fait d'avoir recours au discours direct donne un aspect concret et donc vivant aux personnages. Par exemple: "Le doigt de Dieu est là! [...] Je souhaite, mon Dieu! que vous réussissiez, monsieur le docteur". Ce passage nous indique que la Baronne est une femme croyante et qu'elle appartient à la bourgeoisie.
Nous pouvons donc affirmer que ce texte s'inscrit dans le registre réaliste. D'autres textes, tel que Nana, d'Emile Zola traitent la mort de l'héroïne en decrivant aussi atrocement un corps abîmé, pourri par la maladie. En revanche, certains auteurs comme Chateaubriand abordent le thème de la mort avec un tout autre style, en donnant une vision esthétisante de celle-ci.
Commentaires
Une argumentation bien construite, on comprend aisément ce qui place ce texte dans un registre réaliste. Un grand MERCI à LL pour m'avoir permis de mieux appréhender ce roman de Balzac !