Chapitre 1. Un embrasement mondial et ses grandes étapes
Par Fabrice Huard le 30 mai 2022, - Thème 4. La Première Guerre mondiale - Lien permanent
Extrait d'un Long dimanche de fiançailles, film de Jean-pierre Jeunet réalisé en 2004
« La guerre […] Je vois des ruines, de la boue, des files d’hommes fourbus, des bistrots où l’on se bat pour des litres de vin, des gendarmes aux aguets, des troncs d’arbres déchiquetés et des croix de bois, des croix, des croix. »
Roland DORGELÈS (1885-1973), Les Croix de bois (1919)
Ce premier chapitre sur la Première Guerre mondiale vise à présenter les phases et les formes de la guerre.
Etape 1. Comprendre les grandes étapes de la guerre en répondant à un questionnaire sur les cartes animées du site l'Histoire à la carte
Cliquez sur le logo ci-contre pour accéder au site web et connectez-vous avec vos identifiants.
Téléchargez la fiche de consignes pour répondre aux questions
A l'issue de ce travail vous devrez faire un QCM en ligne sur pronote
Etape 2. Lire le cours et consulter les ressources en ligne (archives INA, Histoire par l'image, reportages et documents divers) précédées d'un *
I. 1914 : l’embrasement de l’Europe
A. Les origines du conflit et l’entrée en guerre
1. Les causes du conflit
- Rivalités économiques
Les principales puissances économiques et industrielles se livrent une compétition importante : L’Allemagne est devenue la principale puissance industrielle en Europe et concurrence le Royaume-Uni qui veut conserver sa supériorité maritime mondiale afin de contrôler les grandes routes commerciales maritimes.
- Rivalités coloniales
Le continent africain est toujours source de tensions internationales car les grandes puissances coloniales européennes cherchent à étendre leur influence : les tensions franco-anglaises se sont apaisées au début du siècle mais l’Allemagne s’oppose à la France au Maroc et l’Italie à la France en Tunisie.
- Le choc des nationalismes
Les revendications nationalistes sont importantes en Europe : La France veut récupérer les « provinces perdues » et annexées par L’Allemagne en 1871 (Alsace et Moselle) ; l’Italie réclame les terres irrédentes (Istrie, Dalmatie, Trentin, Tyrol su Sud) à l’Autriche-Hongrie ; et des mouvements nationalistes visant à de regroupements ethniques se développent parmi les Allemands, les Slaves et les Ottomans.
- La préparation à la guerre
Dans un contexte de tensions croissantes les pays européens augmentent fortement leurs dépenses militaires et leurs effectifs (exemple de la loi des 3 ans en France en 1913 qui porte la durée du service militaire de 2 à 3 ans). Les états-majors des grands pays européens et notamment allemand et français élaborent des stratégies militaires en cas de guerre.
L’Histoire à la carte, Les plans français et allemands (6.2)
- Les conflits dans les Balkans
L’Histoire à la carte, L’indépendance des peuples balkaniques (6.4)
L’attentat de Sarajevo le 28 juin 1914 est considéré comme l’étincelle qui va déclencher la guerre en Europe : un nationaliste bosniaque assassine à coup de revolver l’archiduc François-Ferdinand Joseph d’Autriche (héritier de l’empire d’Autriche-Hongrie) et sa femme. Sarajevo est une ville située en Bosnie et sous domination autrichienne ; l’attentat par les nationalistes bosniaques soutenus par la Serbie et la Russie dans ses revendications pansalves vise donc cette domination autrichienne.
2. L’engrenage des alliances
Depuis 1882 les empires allemand et autrichien sont alliés à l’Italie et forment la Triple Alliance ; et depuis 1907 la France, le Royaume-Uni et la Russie sont alliés au sein de la Triple Entente ; chaque camp a noué ces alliances pour se prémunir d’une attaque de l’autre camp. Or l’attentat de Sarajevo précipite la guerre.
L’Histoire à la carte, L’Europe se précipite dans la guerre (6.1)
*Archives INA, 1914, Mobilisation générale du 2 août 1914 et départ des soldats pour le front, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001043
B. Les premières offensives et la stabilisation du front
L’Histoire à la carte, Les offensives de 1914 (6.5)
1. Août-septembre 1914 – Tannenberg et la Marne (PPO)
L’Histoire à la carte, La bataille de la Marne(6.6)
*Archives INA, la bataille de la Marne permet de stopper l’invasion allemande, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001045#eclairage
*Histoire par l’image, La bataille de la Marne, l’infanterie au combat, https://histoire-image.org/fr/etudes/bataille marne-infanterie-combat
2. La stabilisation du front
Suite à la bataille de la Marne - qui est une contre-offensive victorieuse des troupes franco-anglaises – les Allemands se replient sur l’Aisne et le front se stabilise de Compiègne à Verdun. Puis les belligérants se livrent à la « course à la mer » pour essayer de déborder l’adversaire par le nord. A la fin du mois d’octobre les armées atteignent la mer du Nord et en novembre 1914 une ligne de front se fige en une ligne continue constituée de tranchées de la Mer du Nord à la Suisse : c’est le début de la guerre de position.
Sur le front de l’Est le front est moins fixe mais aucun belligérant ne remporte de victoire décisive.
Au début de la guerre les états-majors et les populations pensaient que la guerre serait courte grâce à des attaques décisives, à la fin de 1914 les belligérants se neutralisent et chaque pays se prépare à une guerre plus longue que prévue. On assiste sur le front le 25-26 décembre 1914 à quelques scènes de fraternisation de soldats mais qui ne furent que de courte durée.
*Extrait de Reportage, Centenaire de la Grande Guerre : Noël 1914 dans les tranchées, https://www.youtube.com/watch?v=0EEVgXPlwqs
II. 1915-1916 : La mondialisation du conflit et l’enlisement en Europe
A. Une guerre qui devient mondiale
1. Les combats hors d’Europe
A l’automne 1914 l’empire ottoman entre en guerre aux côtés de la Triple Alliance. Français et Anglais décident d’une expédition contre l’empire ottoman.
1915 – L’offensive des Dardanelles (PPO)
L’Histoire à la carte, La campagne des Dardanelles (6.8)
Malgré l’échec de l’offensive des Dardanelles les Anglais demeurent actifs en Orient et poussent les tribus arabes au soulèvement contre la domination ottomane, le célèbre officier britannique T. E. Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, est chargé d’organiser ces soulèvements.
Hors d’Europe les colonies africaines allemandes (Cameroun, Togo, Namibie, Tanzanie) sont attaquées par les forces franco-anglaises à partir de leurs empires coloniaux.
2. La guerre en mer
La Première Guerre mondiale se déroule aussi sur mer même s’il y a peu de batailles navales entre flottes de guerre sauf lors de la bataille du Jutland le 31 mai 1916 dans laquelle s’affrontent navires anglais et allemands. La Royal Navy demeure maîtresse des mers et bloque la marine allemande qui doit renoncer à des opérations en haute mer. Le Royaume-Uni met en place un blocus maritime afin d’empêcher le ravitaillement de d’Allemagne.
Les Allemands répliquent par le déclenchement en 1917 de la « guerre sous-marine à outrance » et construisent des sous-marins U-Boote qui font régner la terreur dans l’océan Atlantique en attaquant les navires marchands qui ravitaillent les Alliés en marchandises et en armes venant notamment des Etats-Unis. C’est cette guerre sous-marine à outrance qui provoqua l’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique en 1917.
L’Histoire à la carte, La guerre sous-marine (6.14)
*Reportage, la découverte d’un sous-marin allemand en 2017 en mer du Nord, https://www.youtube.com/watch?v=Ryr8nnYJ7YU
*Archives INA, 1918, Combats en haute mer : un destroyer français attaque un sous-marin allemand, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001029
3. La mobilisation des troupes coloniales
Les Français recrutent des troupes dans toutes leurs colonies africaines et asiatiques ; la majorité provient des colonies d’Afrique du Nord (Tunisie, Maroc et Algérie) et d’Afrique subsaharienne.
*Histoire par l’image, Les troupes coloniales dans la Grande Guerre, https://histoire-image.org/fr/etudes/troupes-coloniales-grande-guerre
*Archives INA, 1915, un camp d’entraînement de tirailleurs sénégalais sur la Côte d’Azur, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001031
Les Anglais recrutent des troupes au sein de leur vaste empire constitué de colonies de peuplement (Nouvelle-Zélande, Australie, Canada et Afrique du Sud), mais aussi de leurs autres colonies comme l’Inde.
B. La guerre de position en Europe
L’Histoire à la carte, La guerre d’usure (6.10)
1. Des offensives meurtrières
Afin de rompre la ligne de front en France le général Joffre qui commande l’armée française lance des attaques contre les lignes allemandes en Champagne et en Artois en 1915 mais à chaque fois les brèches dans le système de défense allemand sont rapidement colmatées et les offensives se terminent par des gains territoriaux dérisoires et des pertes humaines importantes.
1916 – La bataille de la Somme (PPO)
L’Histoire à la carte, La bataille de la Somme (6.12) + Reportage francetvinfo, La bataille de la Somme, la plus meurtrière de la Grande Guerre, https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/bataille-de-la-somme-retour-sur-le-conflit-le-plus-meurtrier-de-la-grande-guerre_1525109.html
2. Les tranchées
Une des caractéristique majeures de la Grande Guerre est la tranchée : on parle de « guerre des tranchées » qui conduit à une guerre de position avec un front fixe constitué de lignes de défenses plus ou moins aménagées et équipées. Les combattants vivent dans les tranchées pendant plusieurs jours en attendant la relève ; la première ligne de front est séparée de l’arrière par plusieurs kilomètres que l’on rejoint par des boyaux étroits. Les soldats font ainsi l’expérience de conditions de vie très précaires : ils doivent dormir, manger, s’occuper dans des espaces très restreints (à même la tranchée ou dans des abris plus ou moins bien construits) dans l’angoisse d’une offensive.
Cette guerre de tranchée donne l’avantage à la défense malgré des préparations d’artillerie intenses et conduit à de véritables carnages comme lors des batailles de Verdun ou de la Somme pour des gains territoriaux dérisoires.
*Archives INA, 1915, Paysage de tranchées et activités des soldats sur le front, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001037
III. 1917-1918 : La rupture des équilibres et la fin de la guerre
L’Histoire à la carte, 1918, Le dernier quart d’heure (6.17)
A. L’année 1917
L’Histoire à la carte, L’année 1917 (6.13)
1. L’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique
Les Etats-Unis d’Amérique soutenaient les Alliés depuis le début de la guerre en entretenant des relations commerciales et politiques décisives avec le Royaume-Uni et la France. Mais excédés par la guerre sous-marine à outrance des Allemands qui attaquent les convois commerciaux dans l’Atlantique et inquiets d’une tentative des Allemands de s’allier au Mexique, les Etats-Unis décident d’entrer en guerre contre l’Allemagne le 6 avril 1917. En plus d’un apport économique majeur, les Etats-Unis envoient en Europe 2 millions de soldats qui deviendront décisifs en 1918.
*Ci-contre une affiche de propagande américaine de 1917.
*Archives INA, 1918, Entrée en guerre des Américains, premiers engagements militaires en 1918, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001042
2. La révolution russe et la fin du conflit à l’Est
Une première révolution éclate en février 1917 entraînant la chute du régime tsariste. La lassitude de la population face à la guerre et les désertions de soldats contribuent à l’insurrection de la capitale Petrograd, suivie de l’abdication du tsar Nicolas II. Le gouvernement provisoire instaure la démocratie mais décide de poursuivre la guerre ce qui le discrédite auprès de la population.
Une nouvelle révolution menée par Lénine et les Bolcheviks éclate en octobre 1917 afin d’instaurer le communisme en Russie. Pour mener à bien leur politique intérieure et faire face à la guerre civile en Russie, Lénine et Trotski mettent en place un gouvernement qui demande à la fin de l’année l’armistice avec l’Allemagne et ses alliés. La guerre s’achève donc à l’Est le 3 mars 1918 par la signature d’une paix séparée : c’est le traité de Brest-Litosk qui est très désavantageux pour la Russie communiste.
Les Allemands peuvent donc redéployer leur armée à l’Ouest.
*Archives INA, 1917, Effondrement du tsarisme et révolution en Russie, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001039
3. L’épuisement des soldats au front
Face à cette guerre industrielle les combattants se sentent impuissants et nus : ils ont souvent le sentiment de n’être que de la « chair à canon ». L’historien spécialiste de la Grande Guerre S. Audoin-Rouzeau affirme qu’avec la 1ère guerre mondiale « on atteint un degré de brutalité jusque là inconnu », il s'agit d'un « franchissement d'un seuil dans la violence de guerre ».
Face à une guerre qui se prolonge, des assauts meurtriers stratégiquement inutiles et des conditions de vie très dures, on assiste dans l’armée française à des mutineries qui sont des refus collectifs de désobéissance en mai-juin 1917. Ces mutineries peuvent prendre plusieurs formes : protestations individuelles, désertions plus nombreuses et manifestations collectives ; on compte 40 000 poilus qui se mutinent. Les autorités militaires procèdent à des exécutions mais prennent également des mesures pour améliorer le quotidien des soldats.
Des mutineries éclatent aussi dans les armées russes et italiennes.
*Reportage, Première guerre mondiale : 1917, la rupture, https://www.dailymotion.com/video/x5nx3d3
*La Chanson de Craonne, https://www.youtube.com/watch?v=wGrdG85mmL0&feature=youtu.be
B. La reprise de la guerre de mouvement
1. La dernière offensive allemande (PPO)
Le 21 mars 1918, Erich Ludendorff – général en chef de l’armée allemande – lance une grande offensive sur le front occidental grâce au redéploiement des troupes du front Est après la signature de la paix avec la Russie. La Kaiserschlacht (guerre de l’empereur) est considérée comme l’offensive de la dernière chance par l’état-major allemand pour gagner la guerre avant l’arrivée massive des troupes américaines. Les Allemands remportent des succès importants et sont au mois de juin aux portes de Paris. Mais les troupes alliées réussissent à contenir la poussée allemande, le 18 juillet l’offensive allemande est stoppée.
*Ci-contre le témoignage du général Ludendorff (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
*Images d’archives commentées, Première guerre mondiale : Tenir à tout prix, https://www.youtube.com/watch?v=TogE9J5uEAQ
*Images d’archives commentées, Paris sous les bombes allemandes, https://www.youtube.com/watch?time_continue=23&v=FkgMxi61HEg&feature=emb_logo
*Archives INA, 1918, L’Opération allemande « Michael » échoue à briser le front allié, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001035
2. La contre-offensive alliée et la défaite allemande
Lors de l’offensive allemande le général Foch est nommé général en chef des armées alliées afin de coordonner la stratégie militaire des Alliés. Après la fin de l’attaque allemande les Alliés organisent une contre-offensive durant l’été 1918 avec l’appui des troupes américaines et l’utilisation plus importante de chars d’assaut et d’avions qui attaquent désormais les tranchées adverses.
La contre-offensive alliée n’arrive pas rompre totalement le front allemand mais l’armée allemande recule inexorablement. Dès le 7 novembre les Allemands commencent à négocier la paix avec les Anglais et les Français. En Allemagne l’empereur Guillaume II abdique le 9 novembre et est remplacé par un gouvernement républicain (République de Weimar) qui accepte la fin de la guerre. L’armistice est signé le 11 novembre à Rethondes : c’est la fin de la Grande Guerre.
L’Histoire à la carte, Les derniers 100 jours sur le front occidental (6.17)
*Archives INA, 1918, le développement d’une nouvelle arme : l’avion, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001033
*Archives INA, 1918, Liesse après la signature de l’armistice le 11 novembre 1918, https://enseignants.lumni.fr/videos/fresque?fiche-media=00000001041