Correction des 22 questions sur le chapitre "la mise en oeuvre du projet républicain"

1. Quelle scène du 4 septembre est représentée dans ce tableau ?

                La République est proclamée le 4 septembre 1870 mais cette scène représente non pas la proclamation de la République, qui se déroule à l’Hôtel-de-Ville de Paris, mais la séance du Corps Législatif au Palais Bourbon lors de laquelle est proclamée la déchéance de l’Empire sous la pression de manifestants qui ont envahi la salle.

 

2. Pourquoi la Monarchie n’est-elle pas rétablie alors que les monarchistes ont la majorité à l’Assemblée nationale ?

                La Monarchie en France n’est pas rétablie car les monarchistes sont divisés entre Orléanistes (libéraux, partisans du comte de Paris) et Légitimistes (conservateurs, partisans des Bourbons et du comte de Chambord) qui n’arrivent pas à s’accorder sur le souverain à placer sur le trône de France. De plus le comte de Chambord n’accepte pas les évolutions libérales en France et refuse symboliquement de renoncer au drapeau blanc s’il revenait sur le trône.

3. A partir du schéma institutionnel ci-contre justifiez l’affirmation suivante : « La IIIe République en 1875 est un régime parlementaire avec néanmoins un pouvoir présidentiel fort. »

                La IIIe République est un régime parlementaire car c’est le Parlement – composé de la Chambre des députés et du Sénat – qui dispose du pouvoir le plus important dans les institutions. En effet, les deux Chambres qui représentent le pouvoir législatif ont plus de pouvoir que  le Président et le gouvernement qui constituent le pouvoir exécutif : le Parlement élit le Président pour 7 ans et les parlementaires peuvent renverser le gouvernement qui est donc « responsable » devant le Parlement. Cette primauté du Parlement est renforcée par la légitimité de la souveraineté populaire car la Chambre des députés est la seule institution qui est intégralement élue au suffrage universel masculin. Néanmoins, les institutions accordent un pouvoir important au Président de la République qui nomme le Président du Conseil et il peut dissoudre la Chambre des députés après avis du Sénat. Cette organisation des institutions relève d’un compromis entre républicains modérée et Orléanistes, ces derniers espérant toujours le retour d’un roi libéral qui, dans les institutions de 1875, pourrait obtenir les pouvoirs du Président de la République.

 

4. Expliquez pourquoi l’instauration des grandes libertés publiques est indispensable à l’établissement de la démocratie fondée sur le suffrage universel

                Les grands libertés publiques sont indispensables à l’établissement d’une démocratie. En effet les libertés de réunion, de presse, de se syndiquer et d’association sont fondamentales pour que se développe l’expression des différentes sensibilités politiques en France. Avant de voter les citoyens doivent être informés librement des opinions des différents participants aux élections par le biais de réunions politiques publiques, d’affichages publics et plus encore d’expression de leur opinion dans la presse : toutes ces libertés sont donc indispensables à l’établissement d’une démocratie libérale sans laquelle il ne peut y avoir de démocratie complète.


Documents p. 142-143

5. Document 1. Quel argument les hommes de IIIe République avancent-ils pour refuser le doit de vote aux femmes ?

                D’après Aubertine Auclert les hommes de la IIIe République refusent le droit de vote aux femmes «  sous prétexte qu’elles voteraient pour les prêtres et les jésuites », c’est-à-dire que les Républicains au pouvoir ont peur que les femmes votent pour des candidats monarchistes soutenus par les autorités de l’Eglise catholique. Les femmes étaient alors considérées comme beaucoup plus influencées par le clergé catholique, « ce qui n’est pas prouvé » d’après Aubertine Auclert.

6. Document 2. Que pense Octave Mirbeau du suffrage universel ?

                Octave Mirbeau considère le suffrage universel comme une mascarade et il qualifie les électeurs de « moutons », « plus bête que les bêtes », « stupide », « déraisonnable », « aveugle » et « sourd » ! L’auteur pense que le suffrage universel ne sert à rien car le vote ne change rien à l’ordre établi et à la domination de la bourgeoisie sur le peuple. Octave Mirbeau appelle donc à la « grève du suffrage universel » et relaie ainsi la pensée anarchiste.

7. Document 3. Comment ce tableau met-il en scène l’adhésion des Français au suffrage universel ?

                Le tableau met en scène l’adhésion des Français au suffrage universel car on voit dans ce bureau de vote des Français de différentes conditions votant dans le calme : on peut donc voir un ouvrier tendant son bulletin au Président du bureau de vote, un homme exerçant une profession intellectuelle tenant une serviette avec différents papiers, un homme de classe moyenne avec son chapeau de canotier et sa ceinture rouge (qui avec sa chemise blanche et sa veste bleue forment le drapeau tricolore), un artisan boucher de dos avec son tablier et des bourgeois à gauche près de la petite fille au cerceau reconnaissables à leurs habits et leur chapeau haut-de-forme.

 

8. Document 4. Pourquoi Gambetta s’adresse-t-il aux paysans et comment veut-il les convaincre de voter pour les Républicains ?

                Gambetta – le tribun républicain – s’adresse aux paysans car ceux-ci ont «  en main l’avenir de la France » en 1877 car ils représentent 4 électeurs sur 5 et leurs voix sont donc indispensables pour gagner les élections législatives cruciales de 1877 qui opposent les Républicains et le Président Mac-Mahon proche des monarchistes. Les paysans français sont réputés comme étant proches des conservateurs et refusent souvent l’agitation révolutionnaire venant des villes, c’est pour cette raison que Gambetta tente de les rassurer en précisant que les Républicains sont des modérés qui veulent « une république d’ordre, de progrès » et qu’ils ont « horreur des agitations ». Les Républicains ont donc besoin du suffrage des paysans français pour asseoir le régime républicain.

 

10. Quels symboles républicains sont présents dans le tableau d’A.-H. Bramtot, Le Suffrage Universel ?

                Dans le tableau, Le Suffrage Universel, datant de 1891 on peut voir derrière les assesseurs et le Président du bureau de vote deux symboles républicains : le buste de Marianne et le drapeau tricolore.

11. Cherchez dans le tableau de Claude Monet ci-contre un indice montrant que la République s'identifie au drapeau tricolore.

                Claude Monet réalise deux tableaux du 30 juin 1878 qui célèbre « la paix et le travail » lors de l’Exposition universelle de 1878 : le plus connu des tableaux est celui de la rue Montorgueil mais Monet peint la même scène dans la rue Saint-Denis. Lors de cette journée, les rues de Paris se pavoisent de drapeaux tricolores qui témoignent de l’attachement des Français à ce symbole qui renvoie à la République mais qui est aussi attaché à l’Empire ou encore à la monarchie libérale orléaniste. Mais dans le tableau de la rue Saint-Denis on peut voir à droite un grand drapeau sur lequel est inscrit « vive la Rep… » : on peut ainsi imaginer qu’en 1878 beaucoup de Parisiens identifient le drapeau tricolore à la République.

12. D’après le texte ci-dessus pourquoi le 14 juillet a été choisi comme fête nationale ?

                Le choix du 14 juillet comme fête nationale permet aux Républicains de faire référence à deux épisodes marquants de la Révolution française qui n’ont néanmoins pas la même signification : la prise de la Bastille de 1789 et la Fête de la Fédération de 1790. La prise de la Bastille est un événement révolutionnaire populaire d’une grande portée symbolique car elle montre le peuple se révoltant contre l’autorité royale tandis que la Fête de la Fédération est un événement organisé par l’Assemblée nationale pour montrer l’unité de la patrie autour de la Nation, de la loi et du roi : 1789 c’est la peuple révolté, 1790 c’est la Nation unie. Le choix du 14 juillet 1789 comme fête nationale permet donc aux Républicains modérés de se référer à 1790 tandis que les plus radicaux font référence à 1789…

 

13. Présentez ces deux documents.

                Le premier document est la lettre écrite par Jules Ferry, qui est alors ministre de l’Instruction Publique ainsi que Président du Conseil, aux instituteurs de France pour leur demander, lors de la rentrée de 1883, de porter une grande attention à l’enseignement moral et civique.

Le deuxième document est une page d’un manuel scolaire de Cours moyen (enfants de 9 à 11 ans) traitant de l’Histoire de France d’après J. Guiot et Fr. Mane publié chez Delaphane en 1911.

14. Quels sont les éléments de la culture républicaine que les instituteurs doivent transmettre à leurs élèves ?

                Dans la lettre aux instituteurs jules Ferry insiste sur le caractère laïque de l’école de la République : l’école publique « met en dehors du programme scolaire tout dogme particulier » c'est-à-dire que les religions n’ont pas à être enseignées à l’école, mais le maître doit assurer un enseignement moral et civique qui se veut strictement laïque : « l’instruction religieuse appartient aux familles et à l’Église, l’instruction morale à l’école ».

Dans le manuel scolaire d’Histoire de 1911 les auteurs insistent pour montrer que la IIIe République est le régime politique  qui « continue les traditions de la Révolution [de 1789] », la République « gouvernement légal et définitif » doit assurer « définitivement le triomphe des grandes idées de la Révolution » : la République est donc présentée comme la continuité historique de la Révolution.

 

15. Pourquoi peut-on dire que les autorités de la IIIe République ont utilisé les funérailles de Victor Hugo pour diffuser une « mythologie laïque et républicaine » ?

                Les autorités de la IIIe République utilisent les funérailles nationales de Victor Hugo pour « frapper l’opinion » et « asseoir l’idéologie républicaine » à travers l’organisation d’un défilé et d’une cérémonie solennelle qui célèbrent le « grand-père de la République ». La IIIe République en 1885 est encore un régime fragile qui est critiqué par les milieux conservateurs, nationalistes et cléricaux qui contestent la légitimité d’un régime qu’ils jugent trop faible : la République ne fait pas encore consensus. L’organisation des funérailles de Victor Hugo permet donc à cette jeune République de se mettre en scène à travers la figure populaire du poète républicain. Mais le Hugo célébré par la IIIe République n’est que le Hugo républicain de la fin de sa vie et une grande partie de la vie du poète est passée sous silence notamment le Hugo qui croit en Dieu ou encore le Hugo monarchiste des années 1830. Ainsi on peut dire que les autorités de la IIIe République ont utilisé les funérailles de Hugo pour diffuser une « mythologie laïque et républicaine ». 

 

16. Quel écrivain célèbre « relance » l’Affaire Dreyfus et comment ?

                C’est Emile Zola qui relance l’Affaire Dreyfus grâce à sa lettre ouverte au Président de la République «  premier magistrat du pays » publiée dans le journal l’Aurore le 13 janvier 1898 sous le titre « J’accuse ». Dans cette lettre Zola accuse des militaires d’avoir falsifié la vérité et le conseil de guerre d’avoir violé le droit. Zola sait que ses accusations sans preuves le mettent « sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation ». Zola veut donc être traduit en justice afin que l’Affaire Dreyfus puisse revenir sur le devant de la scène médiatique.

17. Pourquoi peut-on dire que l’Affaire Dreyfus fragilise la IIIe République ?

                L’Affaire Dreyfus fragilise la IIIe République car le pays est divisé entre dreyfusards et antidreyfusards et dans les deux camps se retrouvent des Républicains convaincus mais qui défendent des conceptions différentes quant aux valeurs portées par la République : la République doit-elle défendre l’Etat de droit et la justice à tout prix même si cela fragilise des institutions importantes comme l’armée ou bien la défense des intérêts de l’armée doit-elle être au-dessus des valeurs humanistes ? En plus de ce débat passionné entre Républicains, l’Affaire Dreyfus permet à des opinions conservatrices et nationalistes, opposées à la République, de s’exprimer avec virulence et de critiquer un régime républicain coupable à leurs yeux de ne pas défendre les intérêts suprêmes de la Nation ; de plus se développe un violent courant antisémite qui est en totale contradiction avec les valeurs défendues par une République laïque qui se veut l’héritière des idées de la Révolution française.

 

Questions

18. D’après le contexte historique quel est le but de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat voulue par les Républicains ?

                La Séparation des Eglises et de l’Etat est en germe depuis le début du XIXe siècle, mais depuis l’arrivée au pouvoir des Républicains en 1879 ceux-ci veulent réduire le poids de l’Eglise catholique dans la société car l’Eglise est souvent considérée à juste titre comme étant proche des milieux monarchistes qui sont opposés à la République.

19. Qu’instaure l’article 1 de la loi du 9 décembre 1905 ?

                L’article 1 de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat instaure la liberté de conscience dans la République ainsi que « le libre exercice des cultes ». La loi de 1905 est donc d’abord une loi libérale qui garantit une liberté fondamentale : la liberté de conscience ou liberté religieuse ; ainsi tout citoyen est libre de choisir et de pratiquer sa religion en France.

20. Justifiez l’affirmation suivante : « l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905 instaure la neutralité de l’Etat en matière religieuse ».

                On peut dire que l’article 2 de la loi de 1905 instaure la neutralité religieuse de l’Etat car celui-ci  « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Donc l’Etat n’a pas le droit de soutenir financièrement une religion plus qu’une autre, l’Etat est donc neutre quant aux religions, la religion n’est pas une affaire d’Etat mais relève des croyances personnelles de chaque citoyen.

21. Comment se passe l’inventaire des biens de l’Eglise à Cominac en Haute-Ariège ?

                Dans cette commune rurale de Haute-Ariège les habitants, soudés autour de l’église paroissiale et du prêtre, s’opposent de manière solennelle, par la lecture d’une protestation et par la présence menaçante de deux ours à l’entrée de l’église, à la venue des agents de l’Etat qui doivent faire l’inventaire des biens de l’Eglise comme le prévoit la loi de 1905.

22. Comment se passe l’inventaire des biens de l’Eglise à Boeschepe et à Berthen dans le Nord ?

                L’inventaire des biens de l’Eglise dans des communes du Nord de la France tourne à la violence entraînant même la mort d’un manifestant faisant partie d’un groupe de « 200 manifestants armés de croix de fer et de chaises » qui ont agressé le percepteur et des gendarmes par des jets de projectiles. Le sous-préfet dans son rapport note une « surexcitation extrême » dans les communes voisines à propos des inventaires des biens de l’Eglise.