Chap. 1. La difficile entrée dans l'âge démocratique : La IIe République et la Second Empire

Ce chapitre vise à montrer que l'instauration du suffrage universel masculin en 1848 ne suffit pas à trancher la question du régime politique ouverte depuis 1789 (B.O.)

 

 

 

A droite une gravure de Bosredon (?) de 1848 suite à l'établissement du suffrage universel masculin : la République se veut démocratique, à droite une affiche annonçant le plébiscite au suffrage universel masculin pour le rétablissement de l'Empire : on parle de césarisme démocratique.

Etude de la gravure sur le site l'Histoire par l'image.

Etude de l'affiche sur le plébiscite sur napoleon.org

Téléchargez le cours et les activités en annexe ; les ressources en ligne sont dans la suite du billet

I. La IIe République (1848-1852)

A. 1848 : de la République fraternelle à l'échec de la République sociale

Comment l'"esprit de 1848" s'écroule-t-il en juin 1848 ?

Ci-dessus H.-F.E. Philippoteaux, Lamartine devant l'Hôtel de Ville de Paris le 25 février 1848 L'étude du tableau ci-contre est disponible sur le manuel en ligne et sur le site compagnon

Au nom du gouvernement provisoire, Lamartine présente aux Français la nouveauté du suffrage universel. 

« […] Nous avons hâte de remettre la République à la nation. La loi électorale provisoire que nous avons faite est la plus large qui, chez aucun peuple de la Terre, ait jamais convoqué le peuple à l’exercice du suprême droit de l’homme, sa propre souveraineté. L’élection appartient à tous sans exception. À dater de cette loi, il n’y a plus de prolétaires en France. Tout Français en âge viril est citoyen politique. Tout citoyen est électeur. Tout électeur est souverain. Le droit est égal et absolu pour tous. Il n’y a pas un citoyen qui puisse dire : «Tu es plus souverain que moi!». Contemplez votre puissance, préparez-vous à l’exercer, et soyez dignes d’entrer en possession de votre règne. Le règne du peuple s’appelle la République. Si vous nous demandez quelle république nous entendons par ce mot, et quels principes, quelle politique, quelles vertus nous souhaitons aux républicains que vous allez élire, nous vous répondrons : regardez le peuple de Paris et de la France depuis la proclamation de la République.

Le peuple a combattu avec héroïsme. Le peuple a triomphé avec humanité. Le peuple a réprimé l’anarchie dès la première heure! Le peuple a brisé de lui-même, aussitôt après le combat, l’arme de sa juste colère. Il a brûlé l’échafaud. Il a proclamé l’abolition de la peine de mort contre ses ennemis. »

Alphonse de Lamartine, Déclaration du gouvernement provisoire le 17 mars 1848, Œuvres complètes, t. 39, 1863.

 

B. Louis-Napoléon Bonaparte Président de la République

Pour aller plus loin :
Insurrections et barricades sur l'Histoire par l'image : "Février et juin 1848" et "L'ère des barricades"
Les Atelier nationaux sur l'Histoire par l'image
Le coup d'Etat du 2 décembre 1851 sur l'Histoire par l'image
Louis-Napoléon Bonaparte en Prince-Président (1852)

II. Le Second Empire (1852-1870) : de la dictature au régime parlementaire

Les libertés nécessaires

                « Pour moi, messieurs, il y a cinq conditions qui constituent ce que j’appelle le nécessaire en fait de liberté. La première est celle qui est destinée à assurer la sécurité du citoyen. Il faut que le citoyen repose tranquillement dans sa demeure, et parcoure toutes les parties du territoire sans être exposé à aucun acte arbitraire. Pourquoi les hommes se mettent-ils en société ? Pour assurer leur sécurité. Mais quand ils se sont mis à l’abri de la violence individuelle, s’ils restaient exposés à la violence du pouvoir destiné à le protéger, ils auraient manqué leur but. Il faut que le citoyen soit garanti contre la violence individuelle et contre tout acte arbitraire du pouvoir. Ainsi, quant à cette liberté qu’on appelle liberté individuelle, je n’insisterai pas […]. De même que la liberté individuelle du citoyen existe à la condition qu’il n’aura pas provoqué la vindicte des lois, la liberté de la presse est à cette condition que l’écrivain n’aura ni outragé l’honneur des citoyens, ni troublé le repos du pays. Ainsi, selon moi, la seconde liberté nécessaire, c’est, pour les citoyens, cette liberté d’échanger leurs idées, liberté qui enfante l’opinion publique. Mais lorsque cette opinion se produit, […] il faut qu’elle ait un résultat. Pour cela, il faut que des hommes choisis viennent l’apporter ici, au centre de l’État – ce qui suppose la liberté des élections. […] Il ne faut pas qu’il [le gouvernement] puisse dicter les choix et imposer sa volonté dans les élections. Voilà ce que j’appelle la liberté électorale.

[…] Quand ces élus mandataires de l’opinion publique, chargés de l’exprimer, sont réunis ici, il faut qu’ils jouissent d’une liberté complète ; il faut qu’ils puissent à temps […] opposer un utile contrôle à tous les actes du pouvoir. […] Cette liberté est, selon moi, la quatrième des libertés indispensables. Enfin vient la dernière […] : c’est de faire que l’opinion publique, bien constatée ici à la majorité, devienne la directrice de la marche du gouvernement. »

Adolphe Thiers, Discours devant le corps législatif, 11 janvier 1864.

Cours p. 72-73

Ci-contre un portrait de Napoléon III par Alexandre Cabanel, 1865, huile sur toile, musée de Compiègne (notice). Etude sur "l'art pompier, un art officiel" sur le site l'Histoire par l'image

Pour aller plus loin
Hugo en exil
Regards sur la bataille de Sedan