Jade a très bien mis en scène une femme aimant ses enfants, mais portant fièrement le destin de la France dans son coeur.

15 octobre 1793

Voilà trois jours que je suis cloîtrée dans cette petite pièce insalubre et j'ai décidé d'écrire dans ce petit carnet vermillon envoyé par ma pauvre mère Anne d'Autriche pour mes vingt ans. C'est le seul objet qui me reste de Versailles. Oui, écrire, écrire pour que le peuple français se souvienne de moi, leur reine... Je ne comprendrai jamais comment j'ai pu arrivée là, je suis perdue... Le diabolique Robespierre me tuera demain sur la place de Louis XV. C'est un drame pour la monarchie française et européenne... Que va devenir le pays ?

                                             

Je m'ennuie cruellement ici, mes enfants m'ont été enlevés il y a un mois et je n'ai plus de famille. J'ignore l'avenir de mes enfants mais je prie jour et nuit pour eux, Marie-Thérèse, Louis-Charles et tous ceux qui sont partis avant moi, Louis-Joseph et la petite Sophie. Mes chers petits ! Si vous saviez comme je regrette, j'aurais tellement aimé pouvoir vous élever loin de tout ce tumulte, dans mon pays natal où il fait si bon vivre ou au Hameau de la Reine. J'aurais aimé vous voir gambader dans une forêt, habillés de simples vêtements comme de petits paysans précieux...

Ce matin, un peintre est venu me peindre, une certaine Marquise de Bréhan. Elle ne m'a pas beaucoup parlé alors que je lui posais beaucoup de questions. Les seuls mots qu'elle m'a concédé sont « Asseyez-vous ici Madame, je vais réaliser votre dernier portrait. » Le visage, creusé et cerné, j'ai acquiescé et pris mon carnet dans les mains pour rendre un dernier hommage à ma mère. Je portais ma robe de deuil, celle que je portais à la mort de Sophie. Je me suis souvenue avec beaucoup de tristesse d'un portrait où j’avais posé avec mes petits descendants, je portais une magnifique robe rouge écarlate. Comme nous étions beaux...Pourquoi ? Nous étions tous si heureux ! Pourquoi cela nous arrive-t-il à nous ? De quoi sommes-nous coupables ?

 

Dehors les Français s'agitent. De mon insignifiante fenêtre, je ne vois presque rien mais j’espère que de l’autre côté de la frontière des combats ont lieu. J'entends des femmes pleurer, la guillotine trancher les têtes. C'est horrible ! Cette machine infernale a été inventée pour nous tuer, tous. Mais, j'entends aussi énormément d'insultes envers moi. J'ai peur. C'est êtres sont sans cœur, aucun amour pour leur famille royale. Ces gens sont stupides et ne comprennent pas grand chose, ni à la politique, ni au destin de la France, cela me désole. Je croyais que j’étais aimée, et je suis restée à jamais l’Autrichienne, l’Etrangère.

Demain, lorsqu'on viendra me chercher pour l’abattoir, je n'aurai pas peur car je suis fière de la vie que j'ai menée jusqu'à aujourd'hui. Je partirai rejoindre les cieux, la tête haute.                                          Peuple français, sachez que vous ne m’intimidez point, vous simples paysans vous pensez pouvoir changer l'Europe et bien vous vous trompez. Mes alliés vous le feront savoir très prochainement...