Maurice Leblanc, dans l’aventure d’Arsène Lupin « L’Aiguille Creuse »racontait que l’aiguille de la falaise d’Étretat renfermait les trésors des Rois de France… J’étais en train de lire ce livre, avachie sur la plage. De temps en temps, je jetais un coup d’œil sur cette impressionnante falaise, j’avais peur qu’elle ne s’effondre sur moi ! Cela faisait peu être bien une heure que j’étais là, à lire, à me demander s’il y avait vraiment de fabuleux trésors cachés dans la roche, quand je me levai pour en avoir le cœur net.

Mais j’ai eu beau chercher les entrées, du coté de la mer, ou sur le haut de la falaise, je n’ai rien trouvé…

Je revenais harassée chez mes grands-parents. Papi voyant le livre, que j’avais posé sur la table de la cuisine, me dit avec un sourire moqueur.

« Alors tu l’as trouvé ta grotte pleine d’or ?!

- Non, je suis déçue…  

Il me prit sur ses genoux et me dit pour me réconforter en tapotant sur la couverture du livre :

- J’aime beaucoup Dumas, mais les auteurs ne disent pas toujours la vérité… Il y a une vraie histoire sur cette falaise, veux-tu l’entendre ?

- Oh oui papou, j’adore ce genre d’histoire…

- C’est une vieille légende qui raconte l’histoire d’Antoinette, une petite vendeuse de fleurs, qui avait une voix magnifique, un vrai cristal. Tout le monde l’aimait. Un soir, alors qu’elle rentrait chez elle, elle passa le long de la mer. Il y avait le reflet de la lune dans l’eau. Elle contempla longtemps les vagues, qui brillaient sous la lune. Quand tout à coup, elle vit apparaître une femme dans les flots. Antoinette plissa les yeux pour mieux voir. C’était une femme avec de longs cheveux d’algues noires. Elle portait une robe blanche. On aurait dit qu’elle brillait, avec les reflets de la lune. Antoinette était pétrifiée, elle ne bougeait plus. La femme s’approcha d’Antoinette et lui dit :

- Antoinette, Antoinette…. Avec une voie douce et calme. Antoinette, je suis seule,… viens avec moi… Antoinette… ». La jeune fille était médusée. « Antoinette, chante pour moi, chante, s’il te plait quelque chose qui me fasse revivre… ».Aussitôt, Antoinette s’exécuta, et chanta de sa plus belle voix une chanson d’amour :

- Merci, dit la sirène en ouvrant comme une assoiffée la bouche à chaque douce parole d’Antoinette. Puis à la fin de la chanson, elle disparut dans le fond de l’Océan.

Quand Antoinette rentra chez elle, elle essaya de parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle n’avait plus de voix! Elle courut sur la grève, leva les mains vers la mer en suppliant les flots, mais la Sirène lui avait volé sa voix et l’avait emportée au fond de la mer.

Depuis ce soir-là, pendant les grands jours de tempête, on entend encore la voix d’Antoinette qui chante flotter sur l’écume des vagues. Et si tu as de la chance, ma petite fille, tu pourras même apercevoir cette femme aux longs cheveux noirs, qui traverse la mer, aussi brillante que la lune et cette musique du vent qui chante avec la voix cristalline d’Antoinette.