Un grand pin japonais qui nous invite à célébrer la beauté du Mont Fuji
Dans : CONCOURS
Par Estermann le 13 février 2014, 15:57 - CONCOURS - Lien permanent
par Alice et Léonore, un magnifique texte, plein de poésie.
Hokusai
Des hommes mesurant un pin sur le chemin de Mishima
estampe japonaise 1831
Suivant les ondulations de la brise, le balancement léger de mon corps tout entier se tendait vers le ciel, accueillant ainsi dans une brume bleue teintée de jaune Sa Majesté Le Jour. Le vent passait délicatement entre mes feuilles, tel un souffle, un murmure qui sonnait comme une harmonieuse mélodie dont les notes volaient devant moi, joyeuses et facétieuses.
Le Jour apparut discrètement, touche par touche, invisible à ceux qui ne contemplaient pas ce paysage merveilleux.
Le vois-tu, de l’endroit d’où tu te tiens ? Ne sois pas si timide, enracine-toi... Plonge ton regard dans l'infinité de couleurs entremêlées, qui magnifient la beauté du mont Fuji, dont seul, je peux admirer la neige scintiller.
Déjà un nuage de fourmis s'activait à mes pieds … Ivre de la beauté dont j’étais resté seul spectateur, je tus mon chant d'adoration à l'Aube et me penchais pour regarder ces petites créatures actives et désordonnées, sorties d'une fourmilière invisible.
Arrêtez de vous agiter, laissez le silence envelopper l'époustouflante apparition du Soleil, et levez les yeux vers le miracle qu’est la préparation d’un jour ordinaire dans toute sa splendeur ! Mes branches frémissaient et s'abaissaient généreusement sur leurs petites silhouettes fragiles.
Je fus tout à coup surpris par une chaleur qui m’était inconnue. J’essayais de voir la source de ce malaise et vis trois taches blanches et noires qui m‘étreignaient, m’entouraient de leurs bras. Un élan d’affection ? Sans doute ces petites créatures savaient-elles célébrer la magnificence de la nature.
On m'avait souvent parlé des hommes, de petits êtres qui recréaient des paysages... Etaient-ils capables de reproduire le soleil avec autant d’éclat que celui qui m’éclaboussait ce matin-là de ses lueurs de safran et de mangue ? Quoi qu’il en soit, il me fallait leur faire partager cette sensation d’absolu que je ressentais face à cette vision grandiose. Le chant de la brise frémit sur mon feuillage, sautilla jusqu’à la pointe extrême de mes feuilles puis alla tendrement caresser de rose les joues des hommes, les exhortant à lever leur regard vers la Beauté du ciel.
Ceux-ci, croyant que le vent les enveloppait d’une fraîcheur matinale, enfoncèrent leur bonnet jusqu’à leurs yeux brillants. Ils rompirent alors le beau silence. Je sentis leurs voix dissonantes s’élever, monter pour former une ronde hostile contre les notes du vent. Beautés légères de l’instant, emportées par les battements d’ailes des oiseaux.
Les hommes retirèrent leurs bras de mon tronc, et l’un d’eux alla quérir un instrument que je ne pus identifier. L’objet de forme oblongue, aussi court que ma plus jeune branche, était d’une couleur grise éclatante, et orné de triangles tranchants. A son extrémité, par laquelle l’homme le tenait, il y avait une caisse qui se mit à trembler et à rugir, tel un tigre. Son cri d’animosité transperça l’air et alla se joindre aux rires bruyants des hommes qui se rassemblaient de nouveau à mes côtés, accompagnés de la machine mugissante. Je me penchai et observai les triangles tourner, tourner, tourner, entrainant mon esprit et mon corps dans leur danse dévastatrice.
Je me sentis vaciller, et tombais, accablé de douleur.
Tout était redevenu silencieux. Dans un ultime effort, j’ouvris les yeux et accueillis avec soulagement la vue, toujours aussi splendide. Je ne voyais plus la montagne, mais les étoiles apparaissaient à quelques endroits, découvertes par la nuit qui enveloppait le monde.
Commentaires
Wouhah!!! C'est un texte très poétique et reposant. On voyage vraiment vers le mont Fuji. Le texte célèbre la beauté de la nature et cela fait du bien.
J'adore! On a l'impression en lisant d'être l'arbre lui-même. Le texte est très poétique et calme. C'est vraiment sympa à lire.
je suis comblée! c'est magnifique!
c'est tellement bien raconté...tellement de poésie!
bravo!
Très poétique et riche en vocabulaire...
Bravo!
Je n'ai qu'un seul mot à la bouche : BLUFFANT!
C'est vraiment un excellent travail! On aurait dit le texte d'un grand poète!
Vous avez vraiment vos chances pour le concours!
Cette histoire est à la fois triste et reposante.
Félicitation les filles!
Un texte très poétique , qui nous transporte facilement vers le magnifique paysage que nous offre la nature , ça fait rêver ! :-)
J'aime bien l'idee de se mettre a la place de l'arbre ,superbe texte tres poetique!
Texte très riche et poétique qui nous donne vraiment envie de nous envoler pour le Japon. Ces lignes nous emportent dans dans les sensations de cet arbre comme si on était à l'intérieur. Bravo les filles, je ne serai pas étonnée si vous remportez ce concours! :)
Je fais court : le texte est juste magnifique!! Il est poétique et reposant donc très agréable a lire. Bravo, j'ai adoré ! :)
On dirait vraiment que c'est un sage japonais qui a écrit ce texte.
C'est tellement beau.
Les filles : J'ai adoré votre texte !
Il était très reposant et imaginatif puisque je trouve très dur de raconter une histoire sur un arbre ! Mais vous l'avez brillamment fait et c'était superbe !
Le vocabulaire est très recherché et d'un niveau très élevé ce qui rend le texte plus poétique encore !
De plus , de la sérénité , de la paix et du calme se dégagent de votre oeuvre , ce qui met parfaitement en lien le tableau japonais avec !!
Et vous avez rajouté ce sentiment de tristesse à la fin qui termine l'histoire comme elle avait commencé : MAGNIFIQUEMENT ! :)
J'ai bien aimé votre texte que j'ai trouvé très poétique et très beau. Le texte est très bien développé.
Très bon travail les filles, votre texte est super! :-D
Vos descriptions sont bien précises et détaillées.
Le texte est très émouvant, j'ai vraiment eu l'impression d'être dans "la peau" de cet arbre.
Ce petit coté du texte qui m'a plu est l'admiration que l'arbre a pour les éléments naturels (jour, soleil, nuit, vent, aube,...) tout au long de sa vie, même après avoir été abattu.