blog du cdi de jacqueline auriol

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Nouvelles des 3e

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J'Y PASSERAI MOI AUSSI

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Des semaines ! Des semaines que je suis là ! A attendre le moment où je sortirai de cette cellule. A attendre la fin de mon calvaire.

Et même si j’en sors, je ne serai pas pour autant libre.

C’est ce qu’ils croient, c’est ce qu’ils croient tous !

Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que je les vois passer tous les jours, marcher le long de ces grands couloirs, pour en finir. Et non pas avec cette longue attente ! Mais avec eux, leurs familles, leurs amis, que la plupart n’ont pas vu depuis des semaines, voire des mois entiers.

Savez-vous ce que cela fait de voir ses camarades se traîner le long de ces couloirs interminables sachant pertinemment que dès le lendemain ils seront divisés par deux, qu’ils se feront couper la tête !

Et pour les « chanceux » qui auront cette fois-ci échappé au châtiment, ce n’est que partie remise.

J’y passerai moi aussi, j’en suis bien conscient !

D’ailleurs mon voisin de cellule a été emmené ce matin même.

Moi je ne suis pas encore assez gras, du moins pas assez pour en tirer beaucoup d’argent.

Au moins trois fois par jour, un tortionnaire qu’on appelle un humain, se présente devant nous avec une bassine remplie de nourriture à ras-bord.

Ils disent que c’est pour que l’on prenne du « lard ».

Les autres s’empressent de dévorer leurs portions ! Mais moi je ne mange que très peu, car je sais que plus vite je grossirai, plus vite j’y passerai.

Alors j’ai donné deux portions sur trois à mon voisin de cellule qui, ne se doutait absolument de rien...

... Après tout, mieux vaut lui que moi !

Maëva


LE METIER D'UNE VIE

dans la catégorie Nouvelles des 3e

Mon métier me tient à cœur. Pourtant, ce travail est bien plus dur, sentimentalement et physiquement, que tous les autres métiers du monde.

Pour le faire, il faut être travailleur, avoir du courage, savoir écouter, comprendre, conseiller, mais aussi être responsable.

Dans mon métier, il n'y a jamais de pause. J'ai aussi beaucoup plus de travail pendant les fêtes, comme Noël, le jour de l'an...

Depuis que je fais ce métier, j'ai complètement oublié ma vie d'avant. Mes pauses déjeuner se font en fonction des besoins de mon partenaire et pour lui, il faut que je sois disponible vingt quatre heure sur vingt quatre, sept jours sur sept et même la nuit, en cas de problème.

Je ne reçois pas de salaire et pourtant, toutes mes dépenses  sont destinées à ce métier, sans même que je m'en rende compte !

Est-ce que tout cela est bien légal ?
OUI ! Car ce métier est indispensable dans le monde.

Pour s'y engager il faut bien réfléchir, car on ne doit pas démissionner de son poste ni être mis à la porte. Et le jour précédent, avant même de commencer ce travail, il faut souffrir énormément.  Et puis il faut oublier son corps d'avant ainsi que sa vie d'avant.

Cela semble horrible et inhumain.

Pourtant, plus d'un quart de la population féminine dans le monde entier est engagé et exerce ce métier si dur, et la plupart ne l'abandonnent jamais.

Sommes-nous toutes déjà prêts à nous faire appeler :  "MAMAN" ?

Ce metier est le plus beau du monde et on ne remerciera jamais assez les mamans !

Alisson


POINT DE VUE...

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Je m'éveillai, tout était sombre, mes bras étaient repliés sur eux mêmes. Je me trouvais dans une sorte de boîte qui ne m’inspirait guère confiance quand subitement, tout s’illumina.

Je fus violemment attrapé par de gigantesques pinces qui agrippaient toutes les parties de mon corps. Cette entrave emboîta mes bras dans deux socles de forme tout à fait adéquate pour moi. Ces plis de chair décrivaient un arc de cercle, ils étaient reliés à une grande forme ronde de couleur beige et qui avait la forme d’un ballon.

Et je restais planté là des secondes, des minutes, des heures à ne rien faire, à attendre la libération. Malgré tout, mon propriétaire me chérissait, plus que ça, il avait besoin de moi comme une taupe à besoin de son sixième sens. Je l’aidais à comprendre les formes, les lumières, la beauté de la vie. Je lui étais indispensable !

Chaque soir, les mêmes pinces qui m’emprisonnaient le matin, venaient me délivrer du support sur lequel j’étais posé, on repliait mes bras et malgré la douleur je ne hurlais pas, de toute manière cela m’était impossible. On me renfermait dans cet océan de noirceur où je passais des heures à me lamenter sur mon sort.

Tout cela se répétait en boucle. Chaque jour les cinq doigts m’attrapaient et posaient mes bras sur ces appuis faits de chair et de cartilage. Au moins, de cet emplacement, je pouvais voir la lumière, toutes sortes de choses de la vie quotidienne, la voiture, la foule, l’ordinateur, puis encore la foule, la voiture et enfin on me renfermait dans ma prison de tissu et de plastique.

Mais la dernière fois, mon propriétaire m’a brusquement reposé et mon bras s’est violemment tordu, une douleur vive m’a transpercé l’âme.

Une fois de plus je n’avais pu crier.

Bizarrement, le lendemain mon porteur ne vint pas me chercher, ni les jours suivants, me laissant seul dans mon désarroi.

Au bout d’une semaine il vint cependant et me transporta dans un étui où se trouvait déjà un petit mouchoir contre lequel je me pressais. J’étais apeuré, plongé dans l’inconnu. Puis je sentis l’étui s'ouvrir. De grandes mains m’attrapèrent et un homme à la voix grave s’esclaffa :

-" Ne vous inquiétez pas, monsieur, la branche de vos lunettes est seulement tordue ! "

Benjamin