Des semaines ! Des semaines que je suis là ! A attendre le moment où je sortirai de cette cellule. A attendre la fin de mon calvaire.

Et même si j’en sors, je ne serai pas pour autant libre.

C’est ce qu’ils croient, c’est ce qu’ils croient tous !

Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que je les vois passer tous les jours, marcher le long de ces grands couloirs, pour en finir. Et non pas avec cette longue attente ! Mais avec eux, leurs familles, leurs amis, que la plupart n’ont pas vu depuis des semaines, voire des mois entiers.

Savez-vous ce que cela fait de voir ses camarades se traîner le long de ces couloirs interminables sachant pertinemment que dès le lendemain ils seront divisés par deux, qu’ils se feront couper la tête !

Et pour les « chanceux » qui auront cette fois-ci échappé au châtiment, ce n’est que partie remise.

J’y passerai moi aussi, j’en suis bien conscient !

D’ailleurs mon voisin de cellule a été emmené ce matin même.

Moi je ne suis pas encore assez gras, du moins pas assez pour en tirer beaucoup d’argent.

Au moins trois fois par jour, un tortionnaire qu’on appelle un humain, se présente devant nous avec une bassine remplie de nourriture à ras-bord.

Ils disent que c’est pour que l’on prenne du « lard ».

Les autres s’empressent de dévorer leurs portions ! Mais moi je ne mange que très peu, car je sais que plus vite je grossirai, plus vite j’y passerai.

Alors j’ai donné deux portions sur trois à mon voisin de cellule qui, ne se doutait absolument de rien...

... Après tout, mieux vaut lui que moi !

Maëva