Michel Vinaver, l’Ordinaire, 2002

L’intérieur de la cabine de l’avion. Bess, Bob, Dick et Joe, autour d’une table, jouent aux cartes. Pat, à une autre table, tape à la machine. Su une couchette, Ed dort. Sur une autre couchette, Sue allongée, lit un magazine, la tête sur les genoux de Jack, assis dans l’angle. Nan se fait les ongles de pieds. Jim, par intermittence, va et vient entre la cabine et le poste de pilotage.

Sue – C’est fini Jack

C’est la fin de notre histoire

Jack – Mais Santiago est une ville sinistre

Sue – J’aimerais que tu ne reviennes pas encore une fois là-dessus.

Dans le fond toi aussi tu sais que c’est fini

Jack – Tu ne m’aimes plus ?

Sue – Non

Toi non plus

On a conclu ça avant de partir

C’était bien

Maintenant tu essaies de tout réouvrir

Jack – Santiago est une ville où il n’y a rien

Je ne peux pas t’abandonner à Santiago

Je te ramène à Seattle de Seattle tu iras où tu voudras je te paierai le voyage pour où tu voudras en attendant tu réfléchiras

Sue- Tu ne m’abandonnes pas

C’est moi qui me taille mais pour que tu te mettes ça dans la tête

Jack – Il n’y a absolument rien à Santiago tu aurais dû rester à Rio

J’oublie que tu n’as pas aimé Rio

Sue- Je ne cherche pas les beautés touristiques

Jack - Tu aurais pu rester à Buenos Aires

A Buenos Aires il se passe des choses

Sue – Je veux un endroit quelconque Jack où tu ne seras pas

Pat s’est levée, a déposé un baiser sur la bouche entrouverte de Ed, qui ronfle légèrement. Ed tressaille, Pat part d’un bruyant éclat de rire.

Ah merde Pat

Dormir ça fait partie des droits de l’homme

Pat- Mais oui mais oui

Ed- Ne pas être dérangé quand on dort

C’est un droit de l’homme

Pat- mais oui

La finance et le sommeil

Un oiseau

Sue – Oh Jack

Pat – S’est posé sur tes lèvres l’as-tu senti ?

Pas de réponse

Quand il ne compte pas il dort

Quand il ne dort pas il compte

Peut-être même compte-t-il en dormant

Comptes-tu Ed ?

Je compte pour toi ?