Morceau deux

On ajoute à l’étude de l’extrait, les didascalies suivantes :

Trois jours après. Grand soleil. Des sièges ont été disposés sur la neige, on y est installés bras nus comme dans des chaises longues sur une terrasse. Les visages se sont émaciés, parcheminés. Les mouvements sont devenus lents, pesants. Par moment, même parler devient un effort. Dick et Nan font fondre de la neige dans des bouteilles. Ed et Jack cousent bout à bout des enveloppes de coussins de sièges et les assemblent pour confectionner des sacs à dos. Sue découpe des cercles de plastique teinté dans les pare-soleil du poste de pilotage, avec lesquels elle fabrique des lunettes. Bob compte et recompte, trie et retrie ce qui reste de nourriture. Bess somnole. Seule Pat est restée dans la cabine, dont on ne voit pas l’intérieur.

(…) L’extrait étudié se situe à la fin du morceau 2, les personnages sont réduits à mangers les cadavres de Bill et Jim pour survivre.

Bess 

 Dieu punira ceux qui L’offensent

Dieu miséricordieux

Dieu punira ceux qui laissent faire aussi

Bob 

Petersen l’a très bien dit tout manager tend naturellement vers le relâchement de son effort

C’est la deuxième loi de Petersen tout système tendu tend à se détendre.

Il y a deux mécanismes de compensation le contrôle et la stimulation

Si ces mécanismes ne jouent pas

Bess

Et moi

Est-ce que je ne t’ai pas toujours dit que tu te faisais des illusions sur Sidney ?

Ce Sydney n’a aucune valeur c’est un flatteur

Et un jouisseur il n’a pas de cœur ça me fait tant de peine pour Dorothy

Dorothy est si mignonne il lui faudra tellement de courage

Entichée comme elle est de son Sydney et ce Sydney finalement ne pense qu’à son plaisir y compris d’autres filles qu’il amène à la maison au vu et au su des enfants

Bob, tu les vois ? Et tu sais ce qu’ils font ? Dieu ne nous le pardonnera pas

Il ne te pardonnera pas de les laisser faire

La pauvre Dorothy a déjà fait deux dépressions nerveuses

Et regarde Nan

Nan est en train de vomir

Nan : Ne faites pas attention à moi Miss Lamb

Je fais le vide

J’ai décidé moi aussi d’essayer

Dès que ça ira mieux

Je me dis que papa aurait insisté

Finalement j’aurais obéi

Elle considère Pat qui tient une tranche de viande dans les mains

Pat est trop fatiguée pour manger

Il faut manger avant de tomber

Papa finissait toujours par me faire faire ce qu’il voulait ma volonté se dissolvait dans sa bouche mon analyste est étonné que mon identité psychique ait résisté

Il m’aimait d’un amour dévorant j’étais un aliment entre ses dents il me broyait me triturait

J’étais mastiquée, mâchée je me faisais engloutir de la tête aux pieds

Ca m’a fait un drôle d’effet quand dans le hublot je l’ai vu voltiger tournoyer de plus en plus petit dans le ciel puis se poser dans la neige

Se relever se mettre à marcher tituber tomber et puis rouler et puis plus rien

La petite Nan est morte à ce moment-là je suis devenue Nancy di Santo une femme

Qui ne se laissera jamais plus manger par personne

Tant qu’elle vivra mais si je meurs ici Mister Lamb

Bess

Ils ne disent pas un mot là-bas

Tu les vois

Ou bien c’est que moi

La honte les étouffe

Ils se mettent dans l’estomac

Je ne sais pas s’ils ont découpé Billy ou bien Jimmy c’est sans doute Billy une partie de Billy je n’ose pas penser à la partie qu’ils ont choisie et toi tu parles de la loi Petersen

Quand ces deux-là seront terminés ils iront chercher Joe

Un collègue à eux du même rang qu’eux Joe

Bob

Son papa

Bess cette génération m’étonne Nan a-t-elle pleuré une seule fois ?

Joe avait une façon de prendre les choses

Au retour il y aura tellement à faire tu me rappelleras de téléphoner à Donald

Personne n’est irremplaçable et en même temps j’ai du mal à m’imaginer Housies sans Joe

Et le Benjamin Franklin Country Club sans Joe ça ne sera plus tout à fait le Benjamin Franklin Country Club

Un des cinq ou six meilleurs golfeurs

Et à la patinoire un as

C’était quelque chose le samedi soir sur la terrasse avant le dîner lui et Jenny

De les voir évoluer