Pour que chacun puisse disposer des informations nécessaires pour la réalisation des divers travaux autour de la construction du film, je me suis permise de mettre en ordre les notes prises au cours de cette journée où nous avons été chaleureusement accueillis par les enfants du children sangam du 15 Bazaar Street de Chennaï. J'ai ajouté des photographies pour que l'ensemble soit plus parlant.
I / Présentation du fonctionnement, de l'organisation.
1 . Organisation
Les
membres du sangam se réunissent deux fois par mois. La présence est obligatoire
et en cas d'absence, le membre est exclu. Il faut avoir entre 10 et 18 ans pour
être membre (Entre 14 et 18 ans, un membre peut participer au conseil de
district). La ville de Chennaï compte 70 sangams répartis en six zones
géographiques. Chaque sangam dispose d'un président, un secrétaire, un trésorier
et un officier responsable .Les membres
du bureau sont élus démocratiquement pour un mandat d'une année.
Le
bureau élu réunit les membres du sangam et tous réfléchissent à un projet qui
doit s'élaborer sur une durée de 3 mois. Le sangam réalise ainsi 4 projets par an.
Chaque zone se rencontre deux fois par an et ainsi les
différents sangams réfléchissent ensemble aux problèmes spécifiques rencontrés (dans
la zone).
► La structure
est pyramidale :
le sangam → la zone → la confédération →le district
Ce fonctionnement est basé
sur une structure pyramidale dans laquelle chaque membre, chaque groupe
interagit au profit de l'action collective élaborée : faire reculer le
travail des enfants en leur apportant de la lumière par l'épanouissement
personnel apporté par l'éducation et la participation.
2 . Moyens mis en place pour
assurer le fonctionnement des sangams
Afin d'assurer le bon fonctionnement des sangams
Arunodhaya met en place certaines actions pour sensibiliser les enfants et les
accompagner dans leur pratique du droit à la participation.
Chaque zone dispose de ressources alimentées
régulièrement par des sondages effectués sur le terrain afin de mesurer comment
évolue l'application du droit à l'éducation dans une zone géographique définie.
Des médiateurs formés par Arunodhaya accompagnent les
enfants dans l'organisation de la vie du sangam et dans les démarches
entreprises auprès des services de la ville pour exposer les problèmes
rencontrés ( hygiène, accès à l'eau...). Cet accompagnement est nécessaire car
il participe à la formation des membres du sangam ; le but étant de
réduire la présence des adultes.
L'accès à la culture est favorisé par des ateliers de
sensibilisation (lecture, culture, danses...)
Arunodhaya veille à ce que des moments de rencontre
soient organisés avec d'autres associations afin d'élargir l'action et de
favoriser la participation des enfants dans l'application de leurs droits. De
plus l'association organise une
formation continue pour les élus (rôle, statut, pouvoir) dans le but
d'aider la construction des citoyens de
demain et de permettre la prise de pouvoir à chaque échelle de la
société. En effet, pour les membres d'Arunodhaya , le droit plus important est
le droit à la participation ; cela nécessite alors une formation constante
afin de rendre crédible et réelle l'expression des enfants. C'est pourquoi
l'association construit un
accompagnement continue dans l'apprentissage de l'exercice de la citoyenneté.
II / Actions mises en place
Les actions mises en place sont nombreuses et
témoignent de l'implication des enfants dans la vie du sangam et de la
communauté.
·
Dans le sangam
Les enfants des children sangam pratiquent le droit à
la participation en menant à terme certaines réalisation comme : la
réalisation d'une newsletter mensuelle, la réalisation d'un DVD sur les abus
effectués sur les enfants, l'enregistrement d'un CD, la réalisation d'un
ouvrage sur le droit à la participation des enfants sous forme de BD.
Arunodhaya veille à ce que les
enfants puissent pratiquer le journalisme pour une meilleure diffusion de leurs
informations. De plus, c'est également permettre aux enfants de se mettre en
situation d'analyse et de distanciation car cela favorise l’esprit critique et
améliore la pratique de la citoyenneté quotidienne.
Ces réalisations favorisent
la sensibilisation effectuée au sein de la communauté sur les droits des
enfants et particulièrement sur l'importance de l'éducation et de la
participation.
·
Relation enfants / communauté.
Grâce au travail d'Arunodhaya, les mentalités ont
évolué et les parents laissent désormais de plus en plus le choix aux enfants
de poursuivre l'école.
La question du souci de l'école intervient même dans
le choix d'une habitation ; en effet les parents se soucient à présent un
peu plus des écoles et des loisirs accessibles (auparavant, la seule question
de l'hygiène primait dans le choix d'une habitation) . L'enfant obtient alors un réel statut d'individu au sein de la
communauté.
Arunodhaya veille à mettre en avant l'importance de
pouvoir accéder à la gouvernance car pour Virgil D'SAMI « il
n'y a rien de mieux qu'un enfant pour parler des droits des enfants ».
Des conseils municipaux commencent à se mettre en
place car les pouvoirs publics prennent peu à peu conscience de la parole de
l'enfant et cherchent à leur donner une place dans certaines instances. Dans un
état voisin du Tamil Nadu , une association a réussi à faire accepter que la
voix d'un enfant soit reconnue comme une autre voix. Ceci est une avancée
considérable car la voix d'un enfant acquiert ainsi un poids décisionnaire.
De nombreuses rencontres sont effectuées avec les
parents pour les sensibiliser et les convaincre de la nécessité des sangams
dans la communauté.
L'enfant devient acteur de changements et d'évolutions au sein de la
communauté. Il peut en effet aller trouver les parents qui n'envoient pas leurs
enfants à l'école pour tenter de discuter avec eux.
- Présentation d'une autre association
En 2003, une mission d'observation sur le respect des
droits des enfants a été menée et soutenue par des membres d'Arunodhaya.
Après cette initiative, plusieurs associations ont
effectué le constat suivant, à savoir qu'il était nécessaire de mener une
réflexion sur une action spécifique à construire en Asie du Sud pour lutter
contre le travail des enfants. Il s'agit alors de mettre en place une action
commune. La structure s'alargit alors et évolue en « struture
araignée » multipliant les réseaux.
► Structure araignée :
Sangam → Communauté → Pays → Continent
Une quinzaine
d'associations réunies militent alors pour défendre le droit à la participation
réelle des enfants. Cela a abouti à la création d'une organisation.
Chaque ville
dispose de représentants de chaque organisation (une fille, un garçon) qui
siègent et participent aux réflexions menées.
Arunodhaya propose d'encadrer la formation des membres.
Ce réseau spécifique pour la défense du droit à la
participation a permis de diffuser les informations et d'évoluer vers une
réelle convergence des luttes pour étendre ces structures de veille et d'actions
à toute l'Inde.
III / Témoignages
Enfin, durant cette journée de rencontre avec les
children sangam nous avons pu écouter le témoignage de certains membres qui ont
expliqué leur parcours. Ils ont insisté sur l'ouverture d'esprit et
l'épanouissement que leur avait permis de trouver Arunodhaya.
Ce garçon était
timide, ne faisait pas d'activités et ne connaissait pas ses droits. Il se dit
aujourd'hui plus ouvert et a pu trouver des qualités personnelles qu'il
développe dans les actions menées par le sangam dont il est membre.
Ce jeune homme est dans l'association depuis huit ans. Aujourd'hui
qu'il a plus de 18 ans, il travaille dans une autre association et tient
beaucoup à participer à la vie associative et citoyenne. Il est membre d'un
center comity dont l'objectif est d'aider chaque enfant à identifier un talent
personnel afin que celui-ci puisse s'épanouir. Ce dispositif permet de diminuer
la participation des adultes et aide les sangams à s'organiser. Il poursuit
actuellement ses études et intervient également dans les écoles pour expliquer
quel a été son parcours.