"LE GENRE" EN SOCIOLOGIE
Par gisele cohen (st germain en laye) le 30 juin 2025, 19:08 - FLASH INFO 2025 SUR LES LECONS DU PROGRAMME - Lien permanent
D’où vient le terme « genre » ? Que recouvre-t-il comme revendications politiques, comme luttes et comme projet de société ? Un retour historique sur l’émergence de ce terme permet de mieux appréhender les grands questionnements qui lui sont attachés.
Depuis sa première utilisation en 1955, la notion de genre (gender) a connu d’importantes transformations et des utilisations variées et controversées.
il en a accepté, en 2016, la définition positive de « rôle socioculturel du sexe », tout en mettant en garde, du point de vue éthique, contre les dissociations entre le sexe et le genre : « Il ne faut pas ignorer que “le sexe biologique (sex) et le rôle socioculturel du sexe (gender), peuvent être distingués, mais non séparés” (...) La notion de gender va inclure ces revendications anciennes et développer de façon nouvelle les questions d’identité sexuée et d’orientation sexuelle.
D’où vient le terme « genre » ? Que recouvre-t-il comme revendications politiques, comme luttes et comme projet de société ? Un retour historique sur l’émergence de ce terme permet de mieux appréhender les grands questionnements qui lui sont attachés.
Depuis sa première utilisation en 1955, la notion de genre (gender) a connu d’importantes transformations et des utilisations variées et controversées. Si le magistère catholique a longtemps été perçu comme une force d’opposition à l’usage du terme, il en a accepté, en 2016, la définition positive de « rôle socioculturel du sexe », tout en mettant en garde, du point de vue éthique, contre les dissociations entre le sexe et le genre : « Il ne faut pas ignorer que “le sexe biologique (sex) et le rôle socioculturel du sexe (gender), peuvent être distingués, mais non séparés” ».
Le concept de genre est finalement entré dans le droit français en 2016 par l’expression spécifique d’« identité de genre », alors qu’il avait été jugé quelques années auparavant inadéquat et inutile par plusieurs instances juridiques.
Des luttes anciennes avant l’emploi du terme
Selon l’anthropologie, « c’est l’observation de la différence sexuée qui est au fondement de toute pensée, aussi bien traditionnelle que scientifique ». L’observation la plus élémentaire des différences corporelles et des rôles asymétriques des sexes dans la procréation se traduit ainsi par la première forme d’opposition conceptuelle entre le « même » et le « différent », contribuant à élaborer des systèmes de représentation du monde et de la société. Ceux-ci, au cours de l’histoire, vont à la fois expliquer et justifier des répartitions des rôles et des pouvoirs entre les hommes et les femmes.
Un concept issu de la clinique de réassignation de sexe
La notion de gender va inclure ces revendications anciennes et développer de façon nouvelle les questions d’identité sexuée et d’orientation sexuelle. Créé en 1955 aux États-Unis par le psychologue John Money, (....) Money défend la thèse controversée d’une grande plasticité de la construction de l’identité sexuée (conscience du rapport au corps sexué) et de l’identité sexuelle (conscience de l’orientation sexuelle) jusqu’à l’âge de trois ans.
Puisque le sexe désigne la bipartition parfois problématique entre mâle et femelle, Money propose de lui substituer le terme genre (gender) qui désigne l’expérience subjective privée ou publique de la masculinité ou de la féminité. Il crée les expressions « rôle de genre » (gender role) et « identité de genre » (gender identity), là où le français aurait pu parler de « rôles sociaux assignés à un sexe » et d’« identité sexuée ». « L’identité de genre » est l’expérience privée du « rôle de genre » et le « rôle de genre » est l’expérience publique de « l’identité de genre ». Selon Robert Stoller, le concept a « des connotations plutôt psychologiques et culturelles que biologiques ».
Un concept sociologique et politique
Dans les années 1970, le terme devient un concept sociologique et politique . Il permet de décrire des inégalités de rôles sociaux et de rapports de pouvoir, d’analyser les justifications souvent fondées sur une « nature féminine » spécifique et de prescrire des programmes politiques de lutte et de changement.
Cairn Info 2019