DES OEUVRES MODERNES A LIRE EN TRANSVERSALITE : OEUVRE LITTERAIRE ET SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS
Par gisele cohen (st germain en laye) le 11 juin 2025, 10:26 - CONSEILS DE LECTURE EN TRANSVERSALITE DISCIPLINAIRE - Lien permanent
LES GRANDES IMPOSTURES LITTERAIRES ET LE CAS DANS L'ELITISME DE DIRIGEANTS DANS LE SYSTEME EDUCATIF
Édition / L'Archipel, 2006
Après des études en Sciences Economiques à l'université Paris XII, puis en sciences du langage à l'EHESS (CRAL), Philippe Di Folco exerce de 1988 à 2002 le métier de responsable éditorial dans plusieurs sociétés anglo-saxonnes et françaises, d'abord à Londres, puis à Paris.
En , il organise grâce à l' Imec deux séries de rencontres : la première sur la question du faux (« Causeries au coin du faux ») et la deuxième, autour de la mort, de la mémoire et des archives (« In Memoriam »), en préfiguration du Dictionnaire de la mort publié en 2010, réunissant plus de 200 contributeurs scientifiques.
Les grandes impostures littéraires - Canulars, escroqueries, supercheries, et autres mystifications
A relier au questionnement de la classe de Première : Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées ?
Notions : Management, gouvernance, Cadres, culte de la performance, élitisme, syndrome de l'imposteur, réseaux sociaux, numérique, conflits, coopération
Apollinaire a-t-il endossé la paternité de manuscrits qui n’étaient pas de lui ? Qui a vraiment écrit Histoire d’O ? Corneille est-il réellement l’auteur des comédies de Molière ? Comment le journal d’Adolf Hitler, un faux grossier, a-t-il pu abuser la presse internationale ? Qui est vraiment Jack-Alain Léger ? Les Mémoires de Napoléon ont-ils été trafiqués ? Les pièces de Shakespeare sont-elle l’œuvre d’un autre ?
Fabuleuses, pitoyables, drôles ou tragiques, ce livre rassemble une centaine de ces « affaires » de manipulations, de supercheries ou de trafics de mots en tous genres. Un abécédaire mondial de l’imposture
L’écrivain novice, séduit par cette perspective, trouvera en prime un « Petit guide à l’usage des futurs imposteurs », qui, non sans humour, offrira toutes les recettes pour fabriquer une œuvre aussi brillante que factice.
L'imposture en Sociologie des Organisations : Le syndrome de l’imposteur chez les cadres : un phénomène insidieux touchant 80% des dirigeants
Dans le monde impitoyable du management et de la gouvernance d’entreprise, un spectre hante les couloirs feutrés des bureaux directoriaux : le syndrome de l’imposteur. Ce mal sournois, qui ronge l’estime de soi et sape la confiance professionnelle, ne fait pas de quartier. Il frappe, sans distinction, novices et vétérans, hommes et femmes, quelle que soit leur branche d’activité. Et le constat est sans appel : 80% des cadres en souffrent. Plongeons dans les méandres de ce phénomène sociopsychologique qui met à mal notre élite managériale.
Les racines profondes d’un mal contemporain
Une société de la performance à tout prix
Notre époque, marquée par le culte de la réussite et l’injonction permanente à l’excellence, est un terreau fertile pour le syndrome de l’imposteur. Dans ce contexte, les cadres sont en première ligne, constamment jugés sur leurs résultats et leur capacité à mener leurs équipes vers le succès. La pression est colossale, et le droit à l’erreur quasi inexistant.
Le capitalisme cognitif, qui valorise avant tout la connaissance et l’innovation, accentue ce phénomène. Les dirigeants doivent non seulement exceller dans leur domaine, mais aussi faire preuve d’une adaptabilité sans faille face aux mutations technologiques et organisationnelles. Cette course effrénée à la performance crée un terreau propice aux doutes et aux remises en question permanentes.
Définitions :
- Capitalisme cognitif : Forme contemporaine du capitalisme basée sur la valorisation des connaissances et de l’innovation comme principaux facteurs de production.
- Injonction à l’excellence : Pression sociale et professionnelle poussant les individus à viser constamment la perfection dans leurs activités.
à Lire: 20 techniques imparables pour neutraliser une personne toxique au travail
L’héritage d’une éducation élitiste
Le système éducatif, particulièrement dans les filières d’excellence qui forment nos futurs cadres, joue un rôle non négligeable dans l’émergence du syndrome de l’imposteur. Les grandes écoles et les universités prestigieuses, en cultivant une culture de la compétition et de la sélection drastique, instillent chez leurs étudiants l’idée que seule la perfection est acceptable.
Cette socialisation par l’excellence crée des individus certes brillants, mais aussi profondément insécurisés. Habitués à être toujours les meilleurs, ils peinent à accepter leurs failles une fois confrontés au monde professionnel. Le moindre échec est vécu comme une remise en cause de leur légitimité, alimentant ainsi le sentiment d’imposture.
Des relations hiérarchiques dysfonctionnelles
Le syndrome de l’imposteur affecte profondément la relation du cadre avec ses collaborateurs. Craignant en permanence d’être jugé incompétent, il peut adopter des comportements managériaux contre-productifs : micromanagement excessif, difficulté à déléguer, refus de valoriser les initiatives de ses subordonnés.
Ces attitudes créent un climat de travail tendu et peu propice à l’épanouissement des équipes. La créativité et l’autonomie des collaborateurs s’en trouvent bridées, ce qui nuit in fine à la performance globale de l’organisation. (......)
La tyrannie de la visibilité
À l’ère des réseaux sociaux professionnels et du personal branding, les cadres sont sommés d’être constamment visibles et de mettre en scène leur réussite. Cette injonction à l’exposition permanente accentue le syndrome de l’imposteur. Le décalage entre l’image lissée et parfaite qu’ils doivent projeter et leur réalité intérieure, faite de doutes et d’incertitudes, ne fait que croître.
Cette tyrannie de la visibilité crée un cercle vicieux : plus le cadre se met en scène, plus il craint d’être découvert comme un « imposteur ». Ce qui le pousse à redoubler d’efforts pour paraître parfait, alimentant ainsi son anxiété et son sentiment d’illégitimité. (...)
Conclusion : Vers une redéfinition du succès professionnel
Le syndrome de l’imposteur, qui touche 80% des cadres, est le symptôme d’une culture managériale à bout de souffle. Il révèle les limites d’un modèle basé sur la performance à tout prix et une vision idéalisée du leadership. Pour le combattre efficacement, c’est toute notre conception du succès professionnel qu’il faut repenser.
L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement d’améliorer le bien-être de nos dirigeants, mais aussi de libérer leur plein potentiel créatif et décisionnel. En normalisant le doute, en valorisant l’apprentissage continu et en créant des espaces de vulnérabilité, nous pouvons construire une nouvelle culture managériale plus humaine et paradoxalement plus performante.
Car c’est peut-être là que réside la véritable imposture : croire qu’un leader doit être infaillible pour être légitime. En acceptant notre humanité, avec ses forces et ses faiblesses, nous ouvrons la voie à un leadership plus authentique, plus résilient et finalement plus inspirant.
Source : Socio Logique Élisabeth de Marval | Oct 21, 2024 | Économie & Travail