"Intrusion ratée" (Claire Batty)

            Dans une rue calme de la ville de Toulouse marchait un jeune homme à l’allure sportive, seul. La nuit venait de tomber et les lampadaires diffusaient une clarté blafarde qui permettait à peine de distinguer l’individu. Connaissant son chemin sur le bout des doigts, il se dirigea vers l’une des maisons et ouvrit la porte avec un léger cliquetis. Il entra, monta à l’étage et ne redescendit qu’une fois son sac de sport rempli. Puis il s’assit sur le canapé et alluma la télévision. Ses yeux bleus se mirent à regarder l’écran plat qui était juste en face.

            Mais, au bout de quelques minutes, ce jeune homme habillé tout en noir, parfois qualifié de « gothique », s’endormit. Une fois ses yeux fermés, on voyait bien les cernes bleutés qui paraissaient grandir de plus en plus et lui manger le visage. La présentatrice continuait à parler dans le vide de cette maison sans lumière.

            Vers vingt-et-une heures, un homme brun d’une quarantaine d’années entra dans cette même maison. Le bruit provenant de cet homme réveilla instinctivement les réflexes de notre jeune homme aux yeux bleus, qui serra son sac contre lui. Pour sa part, le brun, n’ayant encore rien remarqué, évoluait dans le salon, la lumière toujours éteinte tandis que l’autre dormait toujours, profondément fatigué. Il continuait de marcher tranquillement dans la pièce puis commença à monter le grand escalier en bois qui permettait d’accéder à l’étage. Au bout de quelques secondes, il s’arrêta, tendit l’oreille et redescendit. Il s’approcha de la télévision qui était toujours allumée. C’est alors qu’il vit le jeune homme endormi qui, ayant sûrement senti qu’on l’observait, se réveilla en sursaut. L’homme brun n’eut pas le temps de faire le moindre geste que l’autre se leva avec une expression de frayeur sur le visage mais, craignant la réaction du brun, le jeune homme préféra sortir rapidement de la maison.

            Le lendemain, Marie, une femme résidant dans cette même rue de Toulouse, vit par sa fenêtre des policiers entrer dans la maison voisine. Tout d’abord, elle en fut intriguée car elle n’avait rien entendu ni vu de particulier les jours précédents, mais retourna tout de même lire dans son salon. Puis sa curiosité prit le dessus : elle s’approcha d’un des policiers et lui demanda ce qu’il se passait. Lorsqu’il lui répondit qu’il y avait eu un cambriolage, Marie n’en crut pas ses oreilles. Son quartier avait toujours été si tranquille !

            Quelques jours plus tard, cette femme lisait le journal quand ses yeux se posèrent sur un titre particulier : « Un cambrioleur s’endort sur le lieu de son méfait » avec le témoignage de son voisin en-dessous et une photographie d’un homme jeune, blond aux yeux bleus.