Une détenue à Buren

 Elle se sent prisonnière, entre ces barreaux gris terne et poussiéreux où l'on peut presque sentir l'usure du temps et la saleté. Elle se tient debout dans un filet d'eau sale et glacée qui refoule une odeur d'égout et qui ruisselle tranquillement sous ses pieds … Aïe ! Et encore un de ces affreux touristes, qui , d'un geste ample et lent , lance des petites pièces de bronze fines sur le sommet de son crâne. Ces petits cercles de métal , une fois arrivés sur sa tête, sont comparables à des coups de marteaux : une vraie torture !

Elle n'en peut plus, d'être détenue dans cette cellule de la taille d'une place de parking, de béton et de métal : couverte de crasse et de pièce. Dans cette prison d'horreur et de torture elle n'est pas toute seule : tout autour, dans la même tenue monotone des bagnards, aux rayures noires et de blanches se trouvent ses semblables.... Mais qu'ils sont ennuyants d'être tous bien droits et bien rangés , silencieux comme des tombes, agréables comme des portes de prisons.... Et même si leurs tailles varient et leur donnent un certain style , ces distances égales, ces perpendiculaires, ces parallèles, ces cylindres, lui donnent l'impression d'être dans un cour de maths perpétuel, un cour de maths qui l'ennuie affreusement  et qui lui procure un mal de crâne permanent à l'intensité effrayante... Toute ces teintes se ressemblent ,du noir du blanc du gris et du beige ,c'en est d'une monotonie à faire peur...et les matériaux : aucune imagination, mettre du béton, du marbre et du métal ça n'enjolive pas une prison  , ça accentue juste l'impression d'immobilité de solidité, de lassitude quoi...Et puis, c'est  assez paradoxal car, cette prison se situe dans la cour d'honneur du palais royal...Elle sait ce qu'on va dire : « ça a l'air génial », « un palais !? », « C'est du luxe » ...Mais ne vous y trompez pas, les mots qui conviendraient sont plutôt : « Ah!! Quelle horreur », « Ce que c'est laid », « Un parking!?Et puis quoi encore.. » , car cette prison est d'une « modernité » qui gâche le bel entourage.... D’ailleurs, au moment de la construction , certaines personnes raisonnables ont voté contre la mise en place d'une pareille tâche au milieu du palais royal, de marbre blanc et noir , terne et monotone mais elles n'ont pas été écoutées.... Et aujourd'hui nous y voilà, emprisonnés jusqu'à la destruction de cette prison de l'horreur où même l'ennui aurait envie de s'enfuir. Elle envie  toutes les choses, personnes et objets qui sont libres de se déplacer : que ce soient les touristes, les nuages ou même les pigeons...

Virgile

Commentaires

1. Le 10 octobre 2015, 16:28 par M. Vighier

Intéressante réflexion à la fois sur la modernité et l'uniformité. Bravo pour ta créativité et ton écriture !