La boulangerie

François était heureux. Il tenait précieusement dans sa poche son premier bulletin de paye. Il décida de faire un tour dans la grande rue. Là se dressait la grande et majestueuse boulangerie...

 

François était heureux. Il tenait précieusement dans sa poche son premier bulletin de paye. Il décida de faire un tour dans la grande rue. Là se dressait la grande et majestueuse boulangerie. D’une forme très cubique, elle était entièrement recouverte d’un vert poison à la fois maléfique et attirant. Les grandes portes ne cessaient de s’ouvrir et se refermer.

 

François courut vers cet endroit incroyable en pensant très fortement à son argent fraîchement gagné. Il poussa les portes et fut bouche-bée. Les plafonds et les murs semblaient recouverts d’un marbre noir pâle. Les vitrines, parfaitement astiquées, abritaient des pâtisseries en tout genre, ce qui donnait une explosion de saveurs monumentales. Les caissières et caissiers s’activaient : ils allaient chercher les gâteaux, les viennoiseries, les baguettes puis encaissaient les revenus dans une large caisse en métal. François se tourna vers les clients. De tout âge, ils constituaient un ensemble homogène, tous plus joyeux les uns que les autres. L’ambiance semblait parfaite.

 

François redescendit sur terre. La file d’attente, longue comme le Nil, lui permettait de mieux contempler les délices de cet endroit-ou plutôt ce monde-paradisiaque. Les couleurs qui ressortaient, comme le vert, attiraient l’attention. Les Paris-Brest se rangeaient en file indienne, en attendant qu’on les prenne. Les tartes aux pommes semblaient humoristiques et se racontaient des blagues tandis que les baguettes attendaient sagement, très droites. A côté, les gâteaux au chocolat se baignaient dans le glaçage et se tenaient en compagnie des croissants qui bronzaient à la lumière.

 

Alors que la file avançait, François n’arrivait pas à faire son choix : tout paraissait délicieux. Il ne fit même pas attention aux « Monsieur » lancés par la caissière. Il eut du mal à se décider mais pris finalement une simple baguette. Il sortit et vit les croissants qui se moquaient de lui. Alors il comprit la réalité de cet endroit, non pas un lieu merveilleux, mais un piège, un piège vicieux qui fait rêver le temps que ce soit à son tour.

Thibaut E.