"Mon premier 3000" Collège Jean Lurçat

Mardi 13, midi. Alors qu'Eugène Ionesco a achevé de transformer les habitants d'une ville en rhinocéros et que Bernard Mazeas a fini de nous expliquer comment se changer en poule, de notre côté nous n'espérons qu'une chose : que nos élèves se rapprochent le plus possible de randonneurs aguerris, tels de véritables montagnards ! Nous distribuons donc les provisions à monter, car le randonneur est autonome, et va de refuge en refuge avec son paquetage. Les garçons, parfaits gentlemen désignés, se partagent donc le repas du soir et le petit-déjeuner de demain matin, le tout avec un plaisir non feint et un sourire radieux !

13h nous voici au point de départ de la randonnée, mais il est temps de profiter de l'ombre apportée par les frondaisons des arbres pour savourer notre délicieux pique-nique fait de taboulé, de hot-dog, de kiri et d'une banane : de quoi prendre des forces avant une après-midi qui s'annonce difficile. En effet, à 14h30, quand nous quittons notre forêt si accueillante pour entamer la randonnée, prévue pour durer deux heures pour des randonneurs normaux. C'est donc un challenge à relever que la chaleur risque cependant de rendre difficile.

14h40 les premières questions arrivent : " c'est encore loin ?" "quand est-ce qu'on arrive?" " quand est-ce que ça s'arrête de monter ?"... Le début de la montée est sec, cela sera ainsi jusqu'à l'arrivée, les élèves vont comprendre ce que signifie " monter au refuge". Les minutes passant le groupe s'étire, les écarts se creusent, de l'arrière on n'aperçoit plus l'avant.

15h une première pause permet un regroupement et un instant bien apprécié d'hydratation. Tout le monde transpire, et pendant que certains sont littéralement en nage, même les princesses sont en sueur. On repart sous une chaleur écrasante que seuls des instants de parcours plus boisé permet d'atténuer. Si l'avant avance bien, derrière cela s'annonce de plus en plus difficile. On ne peut désormais plus parler de groupe mais de grappes d'élèves éparpillées le long du sentier, et les plaintes apparaissent : " pourquoi il y a des montagnes ici ?" " qui les a mises là?" " pourquoi une montagne ça monte au lieu d'être plates?" et autres commentaires parfois tellement fleuris que l'on ne peut les transposer ici.

16h dernière pause avant le refuge, le groupe de tête est plus réduit mais reste très dynamique, un groupe central est constitué duquel les plaintes émanent régulièrement, ce qui est bon signe car tant que l'on peut râler c'est que tout va bien. Par contre derrière, loin derrière, la démarche devient plus hésitante, la volonté de pause de plus en plus fréquente. Il est tellement aisé de s'asseoir et tellement difficile de se lever que peu à peu l'idée de dormir ici fait son chemin, après tout puisque l'on repasse par là demain, autant gagner du temps et attendre ici directement.

17h, les premiers arrivent, le groupe central se rapproche, mais derrière, très loin derrière le temps est suspendu. Un premier pas chancelant, un deuxième hésitant , un troisième appui et l'on recule de deux pas pour s'asseoir, cela pourrait inspirer une chanson, mais il faut tellement d'énergie pour exhorter les élèves à avancer que l'envie nous passe. Et ainsi, trois pas en avant et deux pas en arrière, dire que l'on avance, on avance n'a plus rien d'une évidence, si l'horloge tourne le temps ne nous rapproche pas forcément du refuge. Pourtant, à force de patienter, d'encourager, de pousser, de tirer, enfin le refuge est en vu. Hélas, ô combien hélas un dernier effort pour l'atteindre est nécessaire, effort qui se termine par quinze marches, à peine un étage, mais cela va sembler très long pour nos derniers randonneurs marcheurs élèves qui vont finir par y arriver, sous les encouragements des autres élèves du groupe. C'est alors, passée la dernière marche, au bout de leur vie, que complètement vidés ils s'affaissent dans l'herbe, pendant que parmi les premiers arrivés les plus téméraires ont pris une douche à l'eau des montagnes, température rafraichissante assurée !

19h tout le monde passe à table, où une soupe précède des pâtes bolognaises et une compote de pomme, enfin les garçons savent pourquoi leur sac était un peu plus lourd ! A côté de notre table un spéléologue aguerri se propose de partager sa passion pour les élèves intéressés, et c'est ainsi qu'une dizaine d'entre eux écoute attentivement son exposé, pendant que les autres discutent, contemplent la vue ou jouent à des jeux de société.

21h45 tout le monde va se coucher, à 22h15 silence ou presque, la traditionnelle séance de renforcement musculaire attire toujours son lot d'adeptes...

6h45 réveil, 7h petit déjeuner, 8h30 départ d'un premier groupe pour continuer de monter tandis qu'un deuxième groupe partira un peu plus tard par un chemin plus direct.

12h, tout le monde se retrouve au car et à 13h un poulet frite met du baume au coeur même au plus fatigué.

15h, douchés, reposés, place à la dernière séquence de révision, l'histoire-géographie-EMC

18h tout le monde profite d'un temps libre

19h à table !

21h on vérifie les sacs pour le lendemain, et c'est avec une certaine sidération très rapidement remplacée par un énervement clairement exprimé que les enseignants découvrent que onze élèves n'ont pas un équipement complet... Qu'en aurait-il été si nous n'avions pas fait cette vérification ? ll nous faut donc chercher les vêtements manquants et il s'avère qu'à 22h il manque encore un pantalon pour un élève, nous comptons sur la chance demain auprès de nos guides pour en trouver un. Le coucher prévu à 21h30 pour un réveil à 5h est donc forcément retardé.

A ceci s'ajoute le fait que le site hébergeant le blog a planté au moment de la sauvegarde du billet du jour, vous n'en aurez donc que l'actuelle version, pâle copie succincte pour seule lecture...

Pour achever cette journée compliquée une élève fait un malaise qui maintient nos enseignants aux aguets jusqu'à 1h du matin, pour un réveil à 5h on a vu mieux...

Pour information, les onze élèves qui ont mis à rude épreuve la patience des enseignants se verront privés de portable à compter de demain au réveil et ce jusqu'à la descente du car vendredi à Achères.

Il n'y aura a priori plus d'autre billet, celui-ci a pris tellement de temps et la fatigue risquant d'être tellement installée chez les enseignants que la motivation va probablement manquer.

Pour l'équipe enseignante, François Boudoulec

Commençons par la suite du lundi, où nous avions laissé les lecteurs assidus à 21h45, dans l'expectative d'un coucher hasardeux...

Dimanche 11, 22h, les élèves sont dans leur chambre, il est temps de se brosser les dents, d'aller aux toilettes, de faire son lit, de finir de préparer le sac pour le rafting demain.

22h30, extinction des feux après une mise au point sur la définition du mot silence, au premier étage les garçons, au deuxième les filles, qui sera le plus au point sur la compréhension de ce concept, le suspense est entier...

22h38 ce sont les garçons qui sortent les premiers, dans une chambre une conversation se tient, personne ne souhaitant assumer toute la chambre est sortie pour une petite séance de renforcement musculaire. Il est vrai que l'été approche et qu'il est important d'apparaitre au meilleur de sa forme. Si les sourires sont présents au début sur certains visages, très rapidement le mutisme est de rigueur, clairement on n'est pas là pour rigoler. 22h50 c'est un retour au lit avec des idées clarifiées pour notre chambrée, nous ne les entendrons plus, le silence se fait au premier étage, tandis qu'au second un éclat de rire se fait entendre et voici donc une chambrée de filles désireuses de faire quelques exercices elles aussi qui sort. Cinq minutes suffisent, les choses semblent claires pour tout le monde, nous n'aurons pas besoin de le répéter, ce qui est extrêmement rare... D'expérience une première nuit calme augure d'une deuxième nuit agitée, espérons que le groupe jusqu'ici très sympathique et respectueux fasse mentir cet adage sorti de nulle part mais qui se transmet de génération en génération de professeurs organisateurs de séjours scolaires...

Nous voici donc enfin au lundi 12 juin, et pour un petit déjeuner prévu à 7h45 les élèves ont décidé dans leur grande majorité de se lever à 7h. Les moins convaincus par cet horaire n'auront guère le choix au vu du bruit... Les élèves sont pleins d'énergie, les conversations vont bon train, tout le monde est en pleine forme, c'est à cela que l'on se rend compte que ce n'est que le début du voyage.

8h30 le groupe se divise en trois ( lire le billet précédent pour plus d'explications, ndlr), la première partie s'en va vers le rafting, la deuxième prépare ses affaires pour travailler tandis que la troisième s'attelle aux tâches ménagères.

8h50, pendant que le groupe 3 finit le nettoyage des sanitaires et la vaisselle, le groupe 2 attend patiemment pour entrer dans le réfectoire dont le sol n'est pas encore sec et le groupe 1 se rapproche de l'endroit où se changer. Nous suivrons désormais le groupe 2 dont l'auteur fait partie.

8h55, le sol sec nos élèves peuvent entrer et s'asseoir en utilisant le surcroit d'espace octroyé par une météo des plus clémentes. Ils se voient ainsi placés un par table en utilisant le réfectoire, la véranda et la terrasse, les conditions sont idéales. Les sujets de mathématiques, SVT et physique-chimie sont distribués et le travail commence. Volontairement ou pas, prophétiquement ou pas, il y est question de pente, de déclivité, de probabilité ( de chutes ?), de plongeon dans des piscines (  dans des rivières ?), en attendant de pouvoir vérifier la loi selon laquelle tout corps plongé dans l'eau en ressort mouillé, ce matin il faut plancher sur la théorie. Un petit peu de Pythagore, quelques notions de volumes et de système sensoriel, on essaie même d'envoyer une fusée sur Mars et d'en étudier la composition et l'état de l'eau... Nul doute qu'ici en tout cas l'eau est liquide, le groupe 1 en sait déjà quelque chose.

11h c'est l'heure de la pause, quinze minutes pour souffler avant la distribution des corrigés sur lesquels les élèves se penchent pendant quarante cinq minutes. Si des évidences se révèlent face à des erreurs, des incompréhensions demeurent, les lois des sciences demeurent obscures voire impénétrables pour certains. Tout le monde fait cependant au mieux, la variété et la multiplicité des exercices a permis à chacun de trouver de quoi s'occuper en se mettant en réussite dans son domaine de prédilection ou de moindre difficulté.

 12h c'est enfin la fin, trente minutes pour souffler en attendant le retour du groupe 1 qui monte dans le car après avoir enfilé des vêtements secs et des souvenirs plein la tête. Pour le groupe 3 c'est la journée des tâches ménagères dont ils seront débarrassés pour le reste du séjour, il est dont temps de mettre la table.

12h30 nous voici donc tous attablés autour d'un sauté de dinde au coco qui fait le bonheur des estomacs.

13h30 les rôles 'inversent entre le groupe 1 et 2 alors que nos valeureux élèves du groupe 3 achève leur tour de tâches ménagères par la vaisselle du midi.

14h le groupe 2 arrive au lieu pour se changer et enfiler de très seyantes combinaisons. Face à une eau à six degrés le look/style/swag/flow ne résiste pas, il vaut mieux être équipé ! Une petite pensée pour le groupe 1 en remontant dans le car pour aller au point de départ du rafting, tout en résistant le mieux possible à la chaleur dans une combinaison dans laquelle on peut à peine respirer tellement elle est serrée, le tout dans un car en plein soleil sur la route. Il fait chaud, très chaud, vivement l'eau ! Les consignes de sécurité intégrées, de même que celles de fonctionnement et de manoeuvre du raft, il est temps pour notre groupe de s'élancer sur une rivière dont le débit a grossi depuis ce matin, le tout dans un paysage de carte postale, sur une eau verte-bleue et entouré de montagne. Certains passages procurent leur lot de sensations fortes, les chutes sont plus ou moins nombreuses en fonction de la qualité des équipages, un passage dans des gorges creusées par l'érosion fait taire tout le monde face à la beauté des lieux puis une pause est offerte à notre groupe pour se baigner. Faisant ainsi fi de la température de l'eau, bien aidés par les combinaison et pour lutter contre une chaleur que l'on ressent même sur l'eau, tout le monde se baigne dans cette eau pourtant bien fraiche !

16h30 c'est la fin de la descente et l'occasion pour un équipage de choc de se retourner dans la dernière vague du parcours. Nos baigneurs forcés revenus à terre tout le monde va se changer et une fois les combinaisons nettoyées place à un goûter bien mérité autour duquel les conversations sur le ressenti de la descente vont bon train, entre totale extase et impression d'avoir faillit mourir...

19h nous revoici tous à table et après le repas commun un nouveau groupe est désigné pour la vaisselle du soir et la mise en place de la table du petit déjeuner, notre groupe 3 est enfin libéré, voire délivré de ces corvées ! C'est donc un moment de temps libre qui s'offre à presque tous, il est 21h45 et l'heure du coucher approche pour nous tandis que pour nos lecteurs l'aventure se met ici en suspend, il va falloir attendre le prochain article...

Au programme demain, révisons de français le matin puis randonnée de moyenne montagne vers le refuge de folly dans lequel nous passerons la prochaine nuit.

Pour l'équipe enseignante, François Boudoulec