Mon grand-père tenait un commerce de boucherie depuis ses 18 ans à Casablanca entre 1958 à 1972. Durant cette époque, Casablanca était la capitale économique où vivaient beaucoup de nationalités : espagnole, italienne, berbère et arabe (notamment à cause du rapatriement de 1950 à 1966). Ce mélange de nationalités permettait un échange culturel entre les personnes et entraînait ainsi une bonne entente et une vie commune. Ma grand-mère, quant à elle, a travaillé comme secrétaire dans la société Carnaud de Basse-Indre, de 1969 à 1972 a Casablanca.

A cette période, ils avaient déjà mon père qui n’avait alors que 10 mois. Leurs conditions de vie étaient bonnes (maison, domestique, etc…) mais lorsque les Français sont retournés en France, mon grand-père a voulu aller avec eux car il trouvait qu’il avait une mentalité différente des autres Marocains, plus proche de la mentalité française. Ma grand-mère n'était pas très enchantée de quitter son pays, néanmoins, elle savait qu'elle pourrait y retrouver sa mère, d'origine alsacienne, qui habitait auparavant au Maroc car elle s'était mariée à un marocain.


Lors de leur arrivée, ils ressentirent d'abord un choc thermique (il y avait un temps hivernal), qui rendit malade mon père. Ils habitaient à Boulogne, place Marcel Semba. Mon grand-père travaillait comme boucher mais ma grand-mère était contrainte de garder mon père car ils n’avaient plus de domestique pour s’en occuper, et elle ne connaissait encore personne à qui le confier. Dès lors, elle ne chercha plus de travail.

Un jour, des ouvriers qui travaillaient près de la boucherie de mon grand-père lui conseillèrent d'aller à La Verrière car il y avait des locaux dans lesquels il pourrait monter sa propre boucherie. Mes grands-parents suivirent leurs conseils et s’installèrent en 1975 dans une cité située non loin de ces locaux où mon grand-père ouvrit donc sa boucherie. Cette cité était composée de plusieurs marocains qui leur rappelaient le Maroc.

Au final, l’intégration s'est très bien passée car ils parlaient bien la langue française et tout le monde était très accueillant. Lorsqu’ils se sont installés au Bois de l’Étang, tous les parents avaient le même âge, le même nombre d’enfants, dans la même tranche d’âge.

Lors de ma visite chez mes grands-parents en janvier 2017, lorsque j’ai réalisé l’entretien avec eux, ils m'ont parlé avec nostalgie et bonne humeur de leur histoire car selon eux, ils avaient fait le meilleur choix possible.