Dans notre journal nous aimons beaucoup le neuvième art. Depuis quelques années nous participons au festival BD de Bois-Colombes. Nous nous entretenons aussi avec des auteurs hors du festival. Constance notre super reporter tout terrain a eu l'honneur de s' entretenir avec Marc Boutavant, le co-créateur du petit âne appelé Ariol que vous connaissez sûrement.

Ariol

Vouliez vous devenir illustrateur quand vous étiez petit ?

Quand j étais petit je dessinais, c'était le moyen d'expression que je privilégiais, d'autres tapaient dans un ballon ou jouaient du violon, je n'avais pas de vision d'avenir liée au dessin, je ne savais pas que ca pouvait être un métier, jusqu'à 18 ans, je pensais que je ferais médecine!

  Qu'est ce qui vous a donné envie de faire ce métier ? 

Lorsqu'on m'a dit qu'il y avait des écoles pour apprendre à faire ou même à lire des images, des écoles de communication visuelle, je me suis dit qu'il fallait que j'essaie. D'autant plus que j'allais quitter enfin mon petit village pour aller à Paris, c'était ça l'excitation, le métier je verrai ensuite.. 

Quel est le premier livre que vous avez écrit ? Avez vous eu du mal à l'éditer ? 

Je ne suis pas auteur, j'écris peu, j'ai écrit seulement quatre livres, alors je n'ai pas été dans cette problématique de proposer un projet de livre, ceux que j'ai écrits étaient à la fois une commande de l'éditeur et une envie que j'avais. Comme "le tour du monde de MOUK" par exemple. Mais pour citer des autrices ou auteurs que je connais, oui c'est difficile de commencer, c'est normal, il faut insister terriblement, revenir plusieurs à la charge avec des textes en les retravaillant si besoin, c'est une façon de montrer ou de prouver que le désir de faire ce métier est fort. 

Pour vous écrivain dessinateur, c'est un métier ou une passion ? 

Tout part d'une nécessité impérieuse, le dessin me concernant, liée à une nécessité de reconnaissance, plus ou moins forte selon les individus semble t'il. Ensuite ça se construit, en y pensant tout le temps, toujours à l'affût de ce qui peut nourrir la capacité de produire des images, l'envie et l'inspiration. Ça se transforme donc en passion, et en tant que tel ça peut prendre une place importante, il faut ensuite apprendre à canaliser cette passion pour apprécier d'autres choses de l'existence, mais le passage par cet excès est important, ce moment extrême énergie est nécessaire. Faire ce métier sans passion doit être confortable, mais du fait d'y accorder moins d'importance, durera moins longtemps, et à priori sera moins intéressant, pour tout le monde. 

Quels sont les bons et les mauvais cotés du métier d'auteur ? 

Bon, je dois donc m'imaginer en tant qu'auteur , ce que je ne suis pas ou très peu, je suis auteur de mon dessin. Mais je dirais qu'en tant qu'auteur, indépendant, on travaille pour soi, pour sa réussite, la réussite de ses projets, seul ou en association, et c''est comme de tricoter un pull, tout s'assemble , les relations, les idées, le fait que ça plaise à un éditeur ou à un public, il y a de quoi jubiler, et sa vie est à cet endroit et on a le sentiment d'être au bon endroit. Si le succès ne vient pas, pendant cette période ce qui est dur c'est que ça affecte directement l'auteur parce qu'il n'y a pas "d'écran" entre ce qu'il fait et qui il est, sa vie et son travail sont mêlés, si le travail qu'il produit ne plaît pas, il ne peut que le prendre comme des blessures à l'ego. En tout cas, le temps d'apprendre la gymnastique qui permet de prendre du recul sur ce qu'on fait et de comprendre comment améliorer.

Où écrivez vous ? À quel moment de la journée ?

 Les auteurs écrivent tous ou presque le matin, l'éveil est plus intense. Ça marche aussi pour le dessin, on peut produire des choses rapidement très inspirée le matin, et tout le reste de la journée perdre son temps en espérant voir surgir une étincelle.

Travaillez vous sur ordinateur ou sur papier ? 

je travaille depuis 22 ans sur une tablette graphique Wacom. Avant cela je travaillais à l'acrylique, un travail de fou !

Lequel de vos livres à eu le plus de succès  ?

Le premier qui a eu vraiment du succès c'est "MOUK", qui a vite été adapté en dessin animé, mais aussi "ARIOL" et plus récemment "CHIEN POURRI".

Où trouvez vous votre inspiration ?

Ce serait plutôt l'inspiration qui vous trouve. En tout cas pour mettre toutes les chances de son côté pour que l'inspiration vous prenne en stop. Pour ma part c'est toutes les directions dans la vie de tous les jours. Observer tout ce qu'on n'a pas déjà observé:  matières, couleurs, effets de la lumière, formes, etc… mes enfants sont aussi une grande source d'inspiration pour toutes les expressions du corps. Bien sûr tout ce qui est livres de grands maîtres, comme Chas Addams, Sempé etc…

Combien de temps passez vous à créer un livre ? 

Je mets du temps avant de dessiner un livre, j'ai besoin de me surprendre, de ne pas me répéter , et une fois que j'entrevois comment je vais faire pour rendre une histoire, je peux aller très vite. C'est ce qui s'est passé pour "Chien Pourri"/ Il fallait que je trouve une forme de chien qui me plaise, un peu nouvelle, une fois que je l'ai trouvé tout a découlé naturellement.

 Parmi les livres que vous avez écrit lequel préférez vous ? 

Des quatre que j'ai écrit "Le Tour du Monde de Mouk" est mon préféré. Il s'est étalé sur 3 ans et m'a fait rencontrer plein de gens et des expériences très touchantes liées à ce livre.

 

Il ne vous reste plus qu'à découvrir ou relire ses oeuvres!

C.T-L

 

Photographie: Marc Boutavant- Photographie issue  de Babelio