Introduction :
 

- Montesquieu = philosophe des Lumières
- Les lettres Persanes ont été publiées anonymement en 1721 à Amsterdam. Il s'agit d'un roman épistolaire qui présente la correspondance de deux Persans et leurs compatriotes restés en Perse. Ils font part de leurs étonnements devant le comportement des Parisiens et devant leurs découvertes. Ce procédé permet de faire passer critique, satire et réflexion philosophique sous une forme agréable en évitant par la même occasion la censure.

- Comment la question du relativisme ethnocentrique est-elle mise en évidence dans cette lettre ?

- Dans l'extrait que nous allons étudier, l'un des Persans raconte une aventure personnelle. A travers le genre épistolaire et le thème du regard, cette lettre persane propose une réflexion philosophique.

I- Une expérience originale…

Texte construit autour de deux paragraphes qui rendent compte de l’expérience vécue par le Persan qui sert de cette lettre pour la raconter.

 

a. le Persan regardé

- champ lexical du regard et des objets qui lui sont associés : " vu ", " voyait " souvent employé au passif. Métaphore théâtrale implicite (« cercle »).

- mais c’est un regard exagéré qui devient gênant. Hyperbole " tout le monde ", " cent ", " mille " = voyeurisme. Le Persan devient une bête curieuse.

- la curiosité augmente, elle devient même systématique : « si ».

- curiosité universelle : tous les âges confondus et tous les sexes (énumération)

- le Persan se sent menacé au point d’être violé dans son intimité.


b. le Persan ignoré

- Deux raisons à l'expérience, « l’essai » : la lassitude et l'expérimentation (amusement)


- champ lexical du regard disparaît, il n'est plus regardé. Le Persan est devenu anonyme, inintéressant, ignoré. « pour voir si » n’a pas le même sens que plus haut = regard intellectuel, une démarche quasi scientifique


- brutalité du changement " j'entrais tout coup dans un néant affreux ".

 

- Cela incite à en tirer une conclusion (le Persan ne se repère que par l’habit) et oblige le lecteur à réfléchir sur ce changement d’attitude de la part des parisiens.

 

II- au profit d’une réflexion sur l’altérité

Cette anecdote rend le lecteur actif en le laissant tirer les conclusions.

 

a. une mise en cause des Parisiens

Montesquieu à travers des attitudes légères et mondaines sous l'image d'un Persan pose des questions profondes.

- qui jugent sur les apparences : scène où le vêtement est au centre de a discussion.


- qui ont un instinct grégaire (tout le monde veut faire les mêmes choses). Il n’y a que le Persan qui a une identité complète. Les autres forment un groupe et sont définis par une nationalité, une ville (« les habitants de Paris »)

 

- qui réfléchissent à partir de clichés (cf dernière question du texte qui fait écho à « il a l’air bien persan »), d’idées toutes faites. Fausse question (spécieuse) prouvant que les différences font peur.

b. sur un mode ironique

- Le Persan n’hésite pas à se moquer de lui-même : dramatisation du passage de l’ombre à a lumière (hyperboles). Prise de distance évidente qui montre que la célébrité ne l’a pas rendu orgueilleux.

- une dénonciation indirecte : lettre fictive qu’il ne faut pas prendre au premier degré. Le Persan est un masque derrière lequel se cache Montesquieu. L’exotisme de la lettre est un prétexte original pour poser la question de l’Autre. Moyen d’échapper à la censure ou en tout cas d’amoindrir la virulence de la critique.


Conclusion :

     Montesquieu, dans Les Lettres persanes à travers le personnage du Persan, met en valeur le genre épistolaire, souligne l'importance du thème du regard et présente avec vivacité, humour et ironie une anecdote légère qui nous invite à des réflexions profondes. Il nous révèle le rôle de l'étonnement et nous invite à une comparaison implicite entre le Parisien et le Persan au bénéfice de ce dernier et nous amène ainsi à entrer dans la notion de relativité.