Question1: Au regard d'une société laique, la religion (les croyances religieuses) ont-elles un autre statut qu'une opinion? 

Réponse: non. Une croyance religieuse est perçue par la Constitution et par la Loi comme une opinion. Elle est autorisée et protégée comme telle. Il y a une égalité parfaite de statut entre liberté d'opinion et liberté religieuse

 


 

Question2: est-ce qu'insulter un "leur prophète" c'est pareil qu'insulter les musulmans? 

Réponse: non. La notion d'insulte des prophètes n'existe pas dans la loi laique. La notion d'insulte d'une opinion n'existe pas. On ne peut insulter que des personnes physiques en vie (par extension localisée des parents desdits)

 


 

Question3: pourquoi le voile est-il interdit en milieu scolaire? 

Réponse: parce qu'il constitue une propagande en faveur d'une opinion. On dit aussi "prosélytisme", mais c'est synonyme de propagande, qui est aussi synonyme ici de publicité. 

 


 

Question4: mais alors ne devrait-on pas aussi interdire les tee-shirt où des marques sont écrites? 

Réponse: au nom de l'interdiction de la publicité-propagande-prosélytisme en espace scolaire, la réponse semble oui. Mais les principes ne font pas loi. 

 


 

Question5: dans la rue, le voile islamique est autorisé. On autorise donc la publicité pour les religions dans le rue? 

Réponse: oui. On voit même parfois des groupes distribuer des dépliants, etc. La rue est relativement libre. 

 


 

Question6: les affiches publicitaires et plus généralement les espaces publicitaires sont achetés ou loués par les entreprises. Mais la publicité pour l'Islam à travers le voile, ou pour les marques, via les tenues vestimentaires, est gratuite? 

Réponse: oui, manifestement. 

 


 

Question7: Ce n'est pas cohérent? 

Réponse: non, mais, encore une fois les principes ne font pas loi, il faut des lois et des décrets d'application. Car  tout le monde ne respecte pas la loi, et donc, si on ne sait pas combien d'euros d'amende on va payer ou combien de journées de prison on va prendre quand on enfreint la loi, le juge ne peut rien décider tout seul.

Si on veut prélever un impôts auprès des vêtements publicitaires des marques ou auprès des gens qui font la publicité d'une religion via une tenue, il faut que l'assemblée nationale vote une loi, ou que le gouvernement prenne une ordonance EN PRECISANT L'AMENDE OU LA PEINE DE PRISON ENCOURUE. Sans cette alternative, sans "le prix" précisé, il n'y a pas d'interdit

 


 

Question8: cohérence = logique? 

Réponse: non. Tout est logique (plus précisément rien ne peut être illogique), mais il y a des tas de choses qui ne sont pas cohérentes. 

 


 

Question9: Mila a-t-elle été raciste? 

Réponse: non. Elle a critiqué une religion et exprimé un ressenti qui signifiait qu'elle se plaignait de vivre dans un environnement oppressant voulant lui imposer d'être musulmane. Certes, elle l'a dit avec ses mots d'adolescente de 15-16ans, dont on sait qu'ils peuvent être brutaux et grossiers, voire obscènes. Elle a aussi probablement fait ressortir par sa réaction une émotion collective non apaisée provenant du traumatisme des attentats et de la menace qui pèse. 

 



 

Question11: La laicité dit-elle quelque chose sur le fait que la sexualité de certain(e)s est régentée pour les censeurs religieux qui revendiquent les surveiller. 

Réponse: oui, c'est interdit et considéré comme criminel. La sphère intime, la liberté sexuelle, et la majorité sexuelle sont inscrites dans la règle laique d'interdiction de se mêler et de régenter la vie sexuelle d'autrui. Un mot-clé très simple à retenir est le mot "liberté". La laicité n'est pas une "présence" de contraintes, mais une protection INTERDISANT que des citoyens se permettent de CONTRAINDRE d'autres citoyens. Après, il y a toute une législation qui précise les choses en fonction des âges des personnes à protéger. 

 


 

Question12: Pourquoi les "coupables" de cette infraction ne sont-ils alors pas inquiétés? 

Réponse: parce qu'ils ne se font pas prendre. 

 


 

Question13: même les parents ne peuvent pas intervenir et mettre des censure à la sexualité de leur enfant? 

Réponse: même les parents, à partir de l'âge défini comme la majorité sexuelle. Cette notion est souvent mal comprise d'ailleurs. La majorité sexuelle n'est pas un droit pour des gens de 25ans de sortir avec des lycéennes de 16ans, même si c'est toléré, ça reste illégal et qualifié de détournement de mineur. La majorité sexuelle ne concerne pas la frontière entre la majorité civile et la minorité civil. 

La majorité sexuelle définit juste le fait qu'à partir de 15ans, l'adolescent(e) dispose totalement de sa sexualité sans que personne n'ait le droit d'y ingérer. Par exemple, dans le cas d'un détournement de mineur par majeur de 22ans sur mineur de 16ans, c'est le majeur qui commet le délit, pas le mineur. Il n'y a pas de contradiction

 


 

Question15: Kamel Daoud est-il un vrai musulman? 

Réponse: ce n'est pas moi qui peux savoir, mais je lis sur la documentation consultée que oui.

 

Mais "vrai musulman" n'a strictement aucun sens dans un paradigme laique. La raison IMPORTANTE qui fait que ça n'a pas de sens est qu'on peut changer d'opinion comme on veut et EN PARTICULIER de religion comme on veut dans les systèmes laiques. Il y a donc une TEMPORALITE à laquelle ne peut pas résister de définition confessionnelle.

Les tribunaux ne parleront JAMAIS de musulman. Il peuvent condamner un PATRON qui refuse d'embaucher une personne X parce que le PATRON a lui-même prétendu la refuser parce que X est musulman. MAIS, il est très important de comprendre que le fait que X soit ou ne soit pas musulman N A AUCUNE IMPORTANCE dans cette histoire. Ce qui compte en laicité, c'est ce que PENSE le patron qui discrimine et NON PAS une hypothètique et pérenne appartenance confessionnelle

 


 

Question16: pourquoi la Ministre de la Justice a parlé de blasphème? Ca existe le blasphème?  

Réponse: parce que comme tout le monde, elle a été guidée par la peur, or quand vous êtes devant un journaliste, ça va vite, donc elle a improvisé une réponse non réfléchie et tremblante. Elle s'est reprise et a corrigé le tir le lendemain (avec la difficulté à être carré qu'a le personnel politique dans ces cas-là, mais ce n'est pas très important, tout le monde a compris qu'elle a dit le lendemain "pardonnez-moi, j'ai dit la plus grosse connerie du monde")

Le blasphème n'existe évidemment pas en droit laique.

Personne ne blasphème jamais.

Ce verbe est un verbe interne aux discours religieux pour qualifier les propos critiques envers la doctrine religieuse qui l'utilise. Il n'a pas d'existence légale et les religions n'ont pas de statut différents que celui des opinions. On ne blasphème pas plus une religion qu'une opinion

 



 

 

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