C'est toujours pas Hippomène (2)
Par p'titMarron le 5 nov. 2025, 12:31 - Histoires courtes - Lien permanent
C'est toujours pas Hippomène, mais bon...me revoilà !
Après avoir passé toute mon enfance à apprendre à tenir un bout de métal pointu, à recoudre des plaies et à manier un pinceau...je reviens en Béotie me blottir dans les bras de ma mère, Mérope. Que pourrait-il donc arriver ?
"Un peu plus tard, mon entraînement avec Chiron terminé, je rentrai chez moi faire la fierté de mes parents. Ils m'avaient totalement oublié (ça faisait un bail qu'ils ne m'avaient pas vu, pour leur défense), étant préoccupés par quelque chose de bien plus important : Atalante.
(Là normalement y'a des trompettes, des roulements de tambour et un grand silence solennel !...Non ? Pourquoi, "non"? Oui bon d'accord..je m'y remets..)
Certes, ils ne la connaissaient pas, mais l'arrivée de la prétendue fille du roi faisait du bruit dans toutes la région. La rumeur disait que la jeune femme avait promis d'épouser celui qui la battrait à la course. Qui voudrait épouser cette sauvageonne qui, dans mes souvenirs, était la femme la plus rapide que j'ai connue ? Je décidai donc de prendre mes chaussures de marche et d'aller à Orchomène assister à ces fameuses courses (8h de marche à endurer pour mes pauvres petits pieds).
J'arrivai dans la ville. Grande cité de Béotie, elle était remplie de commerçants, d'étrangers et d'enfants s'amusant gaiement près des fontaines. Un passant m'arrêta et me demanda si j'étais là pour "la si belle jeune femme qui défiait les hommes à la course". Je hochai la tête, et il m'indiqua le chemin vers l'arène de la ville. Une file de prétendants se bousculaient à l'entrée, et je sentis la fureur et le mépris monter en moi. Comment pouvait-on être prêt à mourir pour une femme ?
Je le compris dès le premier regard que je posai sur elle. Elle avait changé, était devenue plus forte, plus grande, plus belle. Elle était magnifique. Pour elle, je serais mort cent fois.
Atalante tourna les talons et disparut derrière les portes de l'arène. Je décidai donc de jeter un œil au concours. Enjambant quelques gradins, je la devinai derrière mon dos, au commencement de la piste, en train de s'étirer.
Le candidat partait avec de bons mètres d'avance. Si la jeune femme le rattrapait avant un tour de piste, il serait exécuté. Au top départ, les deux concurrents partirent en un clin d'œil. Le corps athlétique d'Atalante fendait l'air avec assurance. Son adversaire parcourut une dizaine de mètres qu'elle le dépassait déjà.

On exécuta immédiatement le perdant, sa tête tranchée tomba sur le sol. La gagnante souriait fièrement. C'était clair, elle avait l'intention de vaincre tous ceux qui essayeraient de l'affronter.
Les courses se poursuivirent et les prétendants, tous plus ambitieux que les précédents, finissaient en pile de crânes sanglants. À chaque tour, je n'espérais qu'une chose : que personne ne gagne, que personne n'ait la main de cette femme qui, je l'avoue, m'envoutait comme personne d'autre ne l'avait encore fait.
Je posai mes yeux sur les cadavres. Salis par le sang et la poussière, ils semblaient me fixer avec insistance, comme si ils attendaient quelque chose de moi. J'imaginais ma tête parmi les leurs. Cela ne me faisait rien, j'aurais fait n'importe quoi pour avoir ne serait-ce qu'une chance de l'épouser. Et pourquoi pas ? J'avais toujours été bon à la course. Peut-être que depuis son départ, j'avais gagné en vitesse ? Mon regard s'égara sur l'athlète dont les longs cheveux bruns ondulaient sous le vent. Qu'est-ce qu'elle était belle...ça devenait une évidence : j'étais amoureux.
Ma tête tournait. Je dévalai les gradins et sortis de l'arène sans vraiment savoir où j'allais. Essoufflé, je finis par m'écrouler au pied d'un temple. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de courir autant ? Etait-ce le désespoir ? Un goût amer persistait au fond de ma bouche, jamais je n'arriverais à conquérir son coeur.
De grandes colonnes de marbre s'élevaient devant moi, soutenant le toit d'un temple d'une blancheur éclatante. Je me redressai et me dirigeai vers l'autel. L'intérieur était orné de gravures qui représentaient des colombes, des coquillages et des bijoux. Ce ne pouvait qu'être le temple d'Aphrodite, que les dieux semblaient avoir mis sur mon chemin."
Ça vous est déjà arrivé d'avoir des conseils de séduction divins ? Moi oui - comme vous pourrez le voir plus tard - et ça ne finit pas toujours bien. Croyez-moi, après avoir lu mon histoire, vous ne ferez confiance qu'à vous même quant à vos relations.