Santé mentale : ce qui ne vous aidera pas

La psychologie est un sujet passionnant ; savoir comment le cerveau humain fonctionne, connaître les distinctions et signes entre les différents syndromes et troubles, leurs causes, etc...

Et de manière surprenante, je me suis rendue compte que je n'avas jamais écrit d'article sur ce sujet, un sujet qui nous touche tous au quotidien : la santé mentale.

[Précision importante : L'article ne contient aucun sujet nécessitant un trigger warning.]

1 | N'utilisez pas des termes que vous ne connaissez pas, et n'essayez pas de vous auto-diagnostiquer.

Je me crispe toujours quand j'entends des gens dire "Pourquoi t'es dépressive ?", "T'es bipolaire aujourd'hui" ou même "Whoa, t'es schizophrène".
Ces trois mots, "dépression", "bipolarité", et "schizophrénie" sont respectivement une maladie et deux troubles mentaux. 

La dépression est une maladie mentale, et n'est PAS synonyme de "déprime". Il est normal d'avoir des moments où l'on est déprimé, mais cela ne signifie en aucun cas que nous sommes "dépressifs". Une maladie se diagnostique par un médecin, pareil pour tous les troubles et maladies mentaux.

La bipolarité est un trouble de la personnalité qui fait que la personne bipolaire passe dans des phases maniaques, c'est-à-dire qu'elle est euphorique, excitée mais parfois facilement irritable. Puis, la personne atteinte du trouble bipolaire peut passer dans une phase dépressive. Donc ce n'est absolument pas un mot qui désigne un changement d'humeur soudain.

La schizophrénie, elle, est un trouble de la personnalité qui fait percevoir la réalité de manière déformée, en provoquant par exemple des hallucinations. On peut d'ailleurs parler de schizophrénies, car il existe une multitude de variantes de ce trouble. Non, quelqu'un de schizophrène n'est pas juste quelqu'un qui parle tout seul.

J'ai pris ces trois exemples, mais il y en a une infinité d'autres !
"Vous êtes combien dans ta tête" pour désigner un trouble dissociatif de l'identité, "Oh le psychopathe" 
"Maladie mentale" n'est pas un gros mot. "Bipolaire", "dépressif", "psychopathe", "schizophrène", "borderline", "autiste" ne sont pas des insultes.

Avant de dire quoi que ce soit, consultez un professionnel qui saura diagnostiquer si vous avez un trouble ou non.

 

2 |Attention à ne pas se laisser entraîner dans la "chute" de quelqu'un qui va mal

Aider une personne qui va mal, c'est une chose. Une bonne chose, disons-le. 
Mais il faut savoir se préserver.

Nous, les jeunes, on peut seulement apporter du soutien en tant qu'ami.e, frère, sœur, etc. C'est louable d'apporter du soutien à une personne en souffrance mais bien souvent il vaut mieux rediriger la personne vers un adulte de confiance qui a davantage d'expérience?

Parce qu'hélas, malgré tous nos efforts, on n'a pas beaucoup d'iinfluence et de pouvoir sur des situations aussi complexes : mieux vaut faire appel à un professionnel de santé. 
Pire, mettre trop d'acharnement à vouloir "sauver une personne" n'aura pour seul effet de nous épuiser et d'y laisser peut-être des plumes, voire de nous rendre aussi malades.

Alors soyez présent pour votre proche en souffrance, mais gardez une distance de sécurité, pour votre propre bien, et celui de votre proche.

3 | Minimiser sa souffrance, relativiser ne va pas résoudre les problèmes.

Soyons honnête, qui n'a jamais fait cela ? Lancer une playlist bien triste et broyer du noir. Une chanson du Freaks de Surf Cruises... Jusque-là, tout va bien, "avoir une petite discussion" avec sa tristesse, connaître son origine, c'est important.

Mais il ne faut pas  penser qu'on ira mieux en se répétant que les autres sont bien plus malheureux que nous. Nier ou relativiser ses problèmes, ce n'est pas forcément une bonne idée pour se sentir mieux. On est tous humains et on a tous des phases où l'on va mal. C'est juste normal.

Eviter de se dire "Tu n'es pas légitime par rapport à la souffrance de telle personne". Aller mal, ça na fait pas de vous quelqu'un de  faible !
En revanche; il ne faut pas se complaire dans un bad mood  en choisissant romans/vidéos/mangas etc qui entretiennent ces émotions  négatives.

4 | Ne comptez pas sur  Internet pour aller mieux

Ce serait faux de dire qu'on n'a pas tendance à chercher du réconfort sur Internet. Mais je vous assure que ce ne sera que superficiel voire inefficace.

Déjà, c'est triste à dire, mais la très grande majorité des gens qui expriment leur mal-être sur Internet sont des gens qui bien souvent font un "full combo" : Auto-diagnostic + Usage incorrect des mots  (les deux vont souvent de pair) + Envoi d'images/vidéos/textes sans trigger warning.

Et pire encore, certains font cela juste pour attirer l'attention, et je peux vous dire que ce genre de personnes peut aller très, très loin.... À fuir.

Ensuite, Internet, ne remplacera jamais un adulte et/ou un professionnel de santé, d'autant plus que les symptômes recherchés sont souvent causés par différents troubles donc l'autodiagnostic est souvent erroné voire dangereux.
D'ailleurs, chercher des réponses sur internet, discuter avec des  personnes atteintes de symptômes similaires; ou qui le pensent peuvent même entraîner une addiction, paradoxalement de l'isolement, voire de la dépression.

Comme j'aime le dire, Internet, c'est "mettre un pansement sur une hémorragie".

 

Lexique

  • Trigger : Littéralement "gâchette" en anglais. Sujet sensible qui peut causer un malaise chez une personne suite à un traumatisme. (Exemple : Bambi aurait un trigger sur les armes à feu après avoir vu sa mère se faire tuer par un chasseur).
  • Auto-diagnostic : Désigne le fait de se diagnostiquer soi-même une maladie sans avoir préalablement consulté un professionnel de santé.

 

Conclusion.

At first, when I see you cry Yeah, it makes me smile Yeah, it makes me smile At worst, I feel bad for a while But then I just smile I go ahead and smile

  • Smile, Lilly Allen

Vous avez le droit d'aller mal et il faut consulter un spécialiste pour aller mieux.

 

Pour aller plus loin

Commentaires

1. Le 7 mar. 2025, 10:02 par eloise

Merci pour tes conseils.
Franchement ton article est bien car y a beaucoup de gens qui font ça.

2. Le 7 mar. 2025, 10:10 par marie

C'est vrai que nous les jeunes on utilise les mots n'importe comment.
J'espère que ton article va faire changer certaines personnes.

3. Le 7 mar. 2025, 12:35 par P'titMarron

Ton article est très bien construit, très intéressant et regroupe un minimum d'informations parfaitement dosé, ce qui permet de suivre sans se perdre. Les conseils que tu donnes me paraissent très utiles et importants pour n'importe qui concerné par le sujet. Pourtant, je pense vraiment qu'il faut distinguer l'auto-diagnostique et la recherche de soi même.
Sans pour autant poser de mots dessus, il est important de les communiquer sans avoir peur d'emmètre des hypothèses devant des psychologues, des psychiatres ou des adultes.
Comme tu le dis, des pseudo insultes désignant des maladies mentales sont inadmissibles et merci de le souligner !
Tu parles très bien de tout ce qui est dans ton article et BRAVO :)
Ca peut vraiment aider.

"At first, when I see you cry~"

4. Le 23 mar. 2025, 5:08 par Personne quelconque

Merci beaucoup pour cet article très instructif et très bien écrit. La vidéo est intéressante aussi et m'a appris beaucoup de choses.

5. Le 23 mar. 2025, 5:28 par Sashatonlaveur

J'aime beaucoup ton article qui dit des choses qui peuvent paraître évidentes mais qu'on oublie trop souvent. Mais j'avais une question : quand tu dis qu'il faut en parler en parler à un spécialiste ou à un professionnel de santé... de qui parles-tu et quels sont les moyens de les contacter ? Ce n'est pas mon cas mais ça pourrait aider certaines personnes.

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