Les collégiens s’attroupaient autour de nous. Nous voir devenait de plus en plus difficile au fur et à mesure que la foule s’épaississait. L’escalier central agissait comme un tuyau d’alimentation et amenait, chaque minute, le double des spectateurs.

Certains élèves nous filmaient et d’autres nous retenaient par derrière pour nous empêcher de nous battre. Pour l’instant, pas de violence mais je surveillais quand même les bras de Jessie, retenus sans conviction par l’une de ses nombreuses copines.

-" Pauvre chou ! Il va pleurer ! Jessie posait sur moi un regard méprisant accompagné d’un rictus victorieux destiné à susciter des rires moqueurs.

- Va au diable ! Lançai-je en essayant de me dégager des bras de celui qui m'empêchaient de m'éloigner !"

Un surveillant allait bientôt arriver : fuir ne servirait à rien. Autant garder ma dignité !

 Justement, Batiste apparut aux dernières marches qui menaient à l’étage.

-" Stop ! Tout le monde en cours ! ordonna le surveillant en se frayant un chemin vers nous."

La tête haute, je crachai aux pieds de Jessie et tournai les talons. Du moins, j'essayai. Marcus, me tenait toujours par derrière.

Les lèvres brunes et brillantes de Jessie formèrent un " O ". Son bras se libéra de l’emprise de son amie. Ses phalanges blanchirent, tellement elle serrait le poing. Elle me le lança en plein visage.

Maudite Jessie !

Jessie……. Marcus……. Batiste…….. les gens…. les rires……. les……. rires…. mal……. tête…… tourne….. du…. noir….. noir.

_

 

Noirs…Des fils d’ébènes glissaient vers moi. Tels des serpents ou des tentacules, ils étaient recouverts d’un liquide visqueux qui leur donnait l’air de pourvoir se faufiler partout et de glisser entre les mains, comme des anguilles. Je les regardais, figé.

Ces fils éveillaient en moi un sentiment étrange de peur, d’insécurité, mais aussi d'attraction, comme si ça m’était familier. C'était  hypnotisant. Je tendais la main, je voulais les toucher, je le voulais !

Au contact, c’était froid, fascinant. Puis glacial, engourdissant. Ils s’enroulèrent autour de ma main et remontèrent mon bras. Le gel devenait irritant, brûlant de froid.

Stop ! Il fallait arrêter ! Ça faisait mal ! Je reculais, ils enlaçaient aussi mes chevilles. Je criais. ..Hurlais de douleur.

Les fils atteignirent mes lèvres et les piquèrent pareilles à des méduses. Ils pénétrèrent dans ma bouche, descendirent dans ma gorge. Je m’étais tu, en proie  à une panique insurmontable.

Arrivés au niveau de mon cœur, ils le ligotèrent. Leurs extrémités percèrent des petits trous à l’intérieur, faisant couler du sang noir. Les fils resserrèrent leur emprise. Des filets opaques jaillirent des trous étroits qui parcouraient mon cœur et inondèrent mes organes, mes poumons…

Je suffoquais. Je. Je.. Je ne pouvais plus. Respirer. À...

À l’aide !