Interview d’une mère issue de l’immigration Clémence. V, 50 ans, originaire de Côte d’Ivoire, accepte de répondre à nos questions.

 

 De quel pays venez-vous ?

Je viens de la Côte d’Ivoire, je suis née à Bouaké (Ville de Côte d’Ivoire).

 

Quel âge aviez-vous à votre arrivée en France ?

Je suis arrivée en France à l’âge de 2 ans avec mes parents et ma petite sœur âgée de quelques mois laissant mes 4 frères aînés en Côte d’Ivoire car mon père occupait un poste important en France puis 7 ans plus tard nous sommes rentrés au pays.

 

A quel moment êtes-vous partie seule ?

A l’âge de 16 ans j’ai dû revenir en France, ils m’ont mis dans l’avion et c’est ensuite l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France qui dans les premiers temps m’a accueillie.

 

Pourquoi avez-vous décidé d’immigrer en France ?

Ce sont mes parents qui ont décidé de mon départ en France car j’avais un bon niveau scolaire plus précisément en mathématiques, ils souhaitaient que je poursuive des études supérieures dans l’optique de devenir ingénieur.

La France était donc une opportunité pour moi de travailler dans de bonnes conditions.

 

Comment vous êtes vous intégrée en France ? A cette nouvelle culture ?

Ma famille étant d’une classe assez aisée et ayant déjà une base du fait que très jeune j’avais vécu ici, je n’ai pas nécessairement eu de difficultés d’intégration.

 

Quelle a été votre situation après votre arrivée en France ?

Après avoir obtenu une carte de séjour, j’ai poursuivi mes études jusqu’à ce que j’obtienne mon Brevet Professionnel en Informatique.

Suite à cela je décide de rentrer en Côte d’Ivoire à 20 ans, je fus embauchée en tant que programmeur à la Caisse National de Prévoyance de Côte d’Ivoire.

Deux ans plus tard je suis revenue en France car le souhait de mon père était avant tout que je réussisse, il voulait ce qu’il y ait de meilleur pour moi et pour cela je devais continuer mes études.

 

A-t-il été dur de quitter ta famille, tes amis ?

Oui ça a été dur sachant que je laissais derrière moi 18 frères et sœurs. Mais en ce qui concerne mes amis c’était déjà devenu compliqué. Ils me rejetaient parce que je venais de France, ils m’enviaient mais je pense qu’ils ne m’acceptaient plus parce que je vivais différemment, comme une française et cela me mettait particulièrement mal à l’aise.

 

Comment avez-vous obtenu la nationalité française ?

J’ai interrompu mes études car j’étais enceinte de mon premier enfant j’ai donc perdu ma bourse. Mon conjoint étant de nationalité française après la naissance de cet enfant, né français j’obtiens à mon tour la nationalité française.

 

Envisagez-vous de rentrer au pays ?

Non, je n’envisage pas de retourner en Côte d’Ivoire, tous mes enfants sont nés et vivent en France je n’ai donc aucune raison d’envisager un retour possible.

 

Avez-vous déjà regretté votre choix de vie ?

Non, je ne regrette en aucun cas mon choix de vie et je ne le regretterai jamais pour la simple raison que je considère que c’est une chance que j’ai eu de passer et de finir ma vie dans un pays tel que la France contrairement aux femmes de mon âge en Afrique mes jours à venir sont assurés.

Propos recueillis par Inès. D