La Traversée de l’Atlantique en coque de noix

Pourquoi êtes-vous parti de votre pays clandestinement ?

Je n’avais pas de papiers, l’usine dans laquelle je travaillais a été fermé, on a été licencié.

Combien êtes-vous dans votre famille ? Où sont-ils ?

Ma femme, trois filles et deux garçons. Ils sont restés dans notre village.

Comment avez-vous  quitté votre pays ?

J’ai réuni beaucoup d’argent avec lequel j’ai payé les passeurs.

Le voyage a du être pénible ?

On est parti de nuit d’une plage isolée. Des petites navettes mouillaient près de la plage. Il y avait quatre bateaux en tout, environ cinq hommes d’équipage par bateau. Certains étaient armés.

Ils nous ont prit nos affaires et ils ont dit qu’on les récupèreraient une fois arrivé à destination.

Moi j’avais un peu plus d’argent que la somme demandée par les passeurs afin de me débrouiller une fois arrivé.

Ils m’ont dit que je devais donner tout mon argent car cette nuit , les patrouilles inspectaient la zone et qu’ils prenaient plus de risque pour nous faire passer.

Je me rappelle qu’un homme n’a pas voulu donner son sac.

Cinq hommes l’ont  emmené et l’ont frappé à mort.

Après ils nous ont dit de monter à bord. On était très serré mais toujours plus nombreux à monter à bord.

Ils nous frappaient pour qu’on se serre d’avantage.

On a longé les côtes jusqu’au Sénégal, où on a pris d’autres passagers. On était encore plus serrés.

On est repartis quelques minutes plus tard, le jour se levait.

Durant le voyage, des hommes avaient faim et soif, les passeurs les frappaient.

Je me rappelle, un homme s’est révolté, deux hommes l’ont frappé et l’ont jeté par dessus bord.

On est arrivé quelques jours plus tard au Détroit de Gibraltar. Où on s’est arrêté et l’équipage nous a donné des boîtes de conserves et des bidons d’eau.

On a traversé la méditerranée, deux jours plus tard, en pleine nuit, j’ai aperçu les côtes françaises. Sur la plage, il y avait déjà 2 bateaux qui étaient échoués sur la plage. On a appris qu’on était le dernier bateau attendu, l’autre s’était probablement perdu ou s’était fait arrêté.

Les passeurs nous ont dit que nous étions dans la région marseillaise.

Après on a voulu récupérer nos affaires, mais ils sont repartis en les gardant.

Moi j’avais dissimulé de l’argent dans la doublure de mes vêtements.

Que faites-vous ici ? vous avez un travail ?

Je travaille dans une entreprise de sécurité, je suis chauffeur, j’ai un camion et je dois transporter des portes de sécurité et les poser.

Vous vous-êtes procuré des papiers ?

Non, pas encore, les papiers sont très difficiles à avoir.

Mais où vivez-vous en ici ?

Avec d’autres clandestins, on a loué un appartement dans un immeuble.

On est neuf en tout. Mais c’est difficile, car la police circule beaucoup dans le quartier.

Mais on s’est bien débrouillé, on a un ami qui a une carte vitale, du coup, on se la prête.

 

Donc vous-êtes content d’être en France ?

Oui,  c’est très facile de s’intégrer ici. En plus je gagne bien ma vie. D’ici peu de temps, je vais essayer de faire venir ma famille ici. Pour l’instant je lui envoi de l’argent. Ils vivent très bien avec ce que je leur envoi.

 

RF