Une « war fatigue » explique certainement le choix du président américain de retirer la totalité des 2500 soldats américains. Donald Trump n’avait pas promis autre chose d’ailleurs, ce qui rend compte du caractère très relatif de la rupture avec la politique de son prédécesseur. Officiellement, c’est au nom de l’indépendance des Afghans que cette décision a été prise. Motif étrange lorsque l’on sait que depuis l’automne 2020, les Américains ont commencé discrètement à Doha à soutenir une transition pacifique avec les Talibans. Des échanges de prisonniers ont été programmés lors de la deuxième rencontre à Moscou en mars 2021. En tant que médiateur entre le gouvernement afghan et les Talibans, Joe Biden ne bouleverse pas le schéma dressé par Mike Pompeo, et défend maintenant l’instauration d’une « paix durable ». Les quelques 2500 soldats américains tués et plus de 20 000 blessés ne sont rien sans le coût total de cette guerre depuis l’intervention à partie du 7 octobre 2001 ; plus de 800 milliards de dollars. Le sommet de l’engagement ayant été atteint entre 2010 et 2011 avec plus de 100 000 soldats sur le terrain. « La plus longue guerre des Etats-Unis » prend donc fin d’après Joe Biden qui soutient que les objectifs ont été atteints. Ce désengagement doit certainement libérer des moyens en cas de regain de tension avec l’Iran qui est la cible de nouvelles sanctions américaines. Une plus grande mobilité des forces d’intervention est défendue par le Département d’Etat dans le cadre de la lute contre le terrorisme dont Washington accuse régulièrement l’Iran. « Nous devons traquer et perturber les réseaux et les opérations terroristes qui se sont étendus bien au-delà de l'Afghanistan depuis le 11 septembre » a-t-il affirmé. Les Etats-Unis programment en réalité une alliance très large qui irait de l’Inde à l’Egypte pour contrer les ambitions chinoises dans la partie occidentale de la région indo-pacifique, avec la Russie en embuscade, et le retrait d’Afghanistan n’est probablement que le début d’un redéploiement des forces américaines dans la région, à quoi s’ajoute une nouvelle stratégie globale.