1. Comment se définissait le « Concert européen » ?

C’est un principe énoncé par G.H Soutou selon lequel les Etats européens souverains devaient traiter ensemble les grandes questions européennes. Il reposait sur la concertation permanente par l’intermédiaire des chancelleries diplomatiques, des rencontres ou congrès internationaux, quelles que soient les régimes politiques. Le pragmatisme, sans aucun jugement moral, guidait les discussions. Le congrès de Vienne (1814-1815) qui devait régler le sort des conquêtes napoléoniennes après la défaite de Waterloo en marque le début.

  1. Pourquoi le « concert européen » était-il en crise au début du XXe siècle ?

En 1914, le concert européen ne pouvait plus fonctionner. La montée des nationalismes, le pangermanisme et le panslavisme remettaient en cause la souveraineté des Etats. Si les échanges économiques étaient encore importants entre futurs ennemis, aucune négociation n’avait précédé le déclenchement du conflit.

  1. Comment la guerre remettait-elle en cause le concert européen ?

Durant le conflit l’ennemi était déshumanisé et chaque camp espèrait la destruction de l’autre. La dimension idéologique du conflit poussait l’Entente à envisager une démocratisation de l’Allemagne en cas de victoire tandis que pour les Français la défense du territoire équivalait à défendre la République. Les revendications ne sont donc plus seulement territoriales. L’Allemagne en attendait un contrôle sur les riches régions industrielles de la Belgique et de la France.

  1. Pourquoi la « sortie de guerre » n’avait pas permis la renaissance du concert européen ?

La guerre se prolongeait bien au delà de 1918. Les traités ne suffisaient donc pas à y mettre fin d’autant que ces traités n’étaient pas négociés entre vainqueurs et vaincus, mais imposés par les premiers. L’après-guerre voit naître des réactions ambivalentes – pacifisme, fascination pour la violence, délégitimation ou exaltation de la guerre. Par ailleurs, les traités ne rétablissaient pas un équilibre entre les puissances mais imposaient une nouvelle conception des relations internationales telle qu’exposée dans les Quatorze Points de W.Wilson. Ce « droit des peuples » n’était d’ailleurs pas nouveau (Cf. unités italienne et allemande, ou l’indépendance de la Grèce en 1830) et n’était pas non plus inscrit comme tels dans le texte du président démocrate.

  1. Quels étaient les risques de sa disparition ?

La « sécurité collective », qui devait remplacer les alliances militaires d’avant 1914, victorieuse à Locarno en 1925, ne pouvait fonctionner avec la nouvelle carte de l’Europe. Si la forme « Etat-nation » s’imposa, les entorses aux « principes des nationalités » suscitèrent dès 1918 des tensions très importantes. La SDN garantissait également dans son article 10 de son pacte la souveraineté des Etats (« intégrité territoriale et indépendance politique ») or les accords de Munich bafouaient allègrement ce principe clé. C’est de cette manière que les Sudètes ont pu se prévaloir de leur identité historique, même si l’on sait que le pro-nazi Konrad Henlein a tout fait pour transformer les Sudètes en martyrs. L’ambition des vainqueurs de 1918 (démocratiser les Etats vaincus, au nom des Lumières) échoua comme fut mise en échec la volonté d’instaurer un système économique libéral à l’échelle mondiale. Le nouveau système international s’avèra donc inefficace pour barrer la route aux régimes dits totalitaires d’autant que les nouveaux Etats étaient trop faibles pour leur résister quand ils n’en partageaient pas les valeurs (Cf. tableau des régimes de l’Europe orientale) tandis que les démocraties étaient paralysées par la « religion de la sécurité collective ».