Vercors est le pseudonyme adopté en 1941 par Jean Marcel Adolphe Bruller. Il l’a pris du massif alpin du même nom sans savoir que celui-ci deviendra par la suite un lieu qui regroupera de nombreux maquis (voir exposé de Thaniya et Rafael). Il est né le 26 février 1902 à Paris. Il meurt  dans la même ville, durant la nuit du 9 au 10 juin 1991. L’état civil indique « Brüller » sur l’acte de naissance, mais il a toujours utilisé son nom sans tréma : « Bruller » pour signer ses livres et ses illustrations.

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Vercors.png, mai 2017

 

 

Pierre de Lescure, grand ami de Vercors, qui a un parcours scolaire et professionnel similaire à ce dernier, aura un grand impact dans sa vie. Il deviendra notamment le cofondateur des éditions de Minuit.

Jean Bruller est né d’une mère française (Ernestine Bourbon, institutrice) et d’un père d’origine hongroise (Louis Bruller, éditeur) qui est venu de Hongrie à Paris. L’histoire de son père, arrivé à Paris en 1880 et auquel des amis de ses parents vont trouver un emploi, a inspiré la nouvelle La marche à l’Étoile publiée pendant l’Occupation.

Jean Bruller effectue ses études primaires et secondaires à l’École alsacienne à Paris. Après son bac, il veut devenir chercheur ; il aurait dû entrer à Supélec. Mais mal orienté, il échoue à l’Université et se rabat vers l’École Breuguet qui forme des ingénieurs électriciens. Bien qu’il obtienne son diplôme d’ingénieur en 1923 avec la médaille de bronze, il ne souhaite pas rejoindre l’industrie.

Dès 1921, il devient dessinateur humoristique, il devient dessinateur humoristique et illustrateur dans la lignée de Gus Bofa, artiste contemporain de Vercors, qui l’a inspiré. Il publie ses premiers dessins dans la revue Sans-Gêne vers 20 ans et prend le pseudonyme « Joe Mab » avec lequel il signera pendant quelques temps.

Plus tard, en juin 1923, il crée sa propre revue humoristique qu’il nomme L’Ingénu, en hommage à l’œuvre de Voltaire du même nom. Il y dessine et rédige une chronique appelée Les Propos d’un Huron, ce qui lui donne déjà une première expérience en tant que rédacteur. Malheureusement, en 1924 il met fin à l’expérience pour suivre sa formation militaire à Saint-Cyr-Coëtquidan. Elle dure 6 mois.

De retour à Paris le dessinateur répond à de nombreuses commandes publicitaires. Il travail notamment pour le compte de Citroën en illustrant plusieurs de leurs publicités.

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21_recettes.png, mai 2017
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21.png, mai 2017

http://vercorsecrivain.pagesperso-orange.fr/21recettes.html 

 

 

 

 

 

 

 

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Il réalise son premier album, comportant donc du texte et des dessins, en 1926, il s’intitule 21 recettes pratiques de mort violente. Ce premier album de Vercors liste 21 façons de se donner la mort. Le ton prétendument scientifique et l’apologie faite au suicide assurent un effet comique, chacun des 21 moyens de se suicider est détaillé par un dessin humoristique. L’humour noir employé dans cet album donne une nouvelle approche aussi bien de la mort elle-même que de l’écrivain qui nous dévoile une nouvelle facette de sa personnalité.

Il est au début pacifiste, il ne prend donc aucun parti, mais est ensuite mobilisé pendant la Seconde Guerre Mondiale, amené à combattre près du massif du Vercors. Peu de temps après la défaite de la France (en 1941)  il entre officiellement dans la résistance avec ce qui fera sa célébrité : les Éditions de Minuit. Il fonde avec Pierre de Lescure, ce dernier l’ayant poussée à résister, les Éditions de Minuit, maison d’éditions clandestine et y publie sa nouvelle Le silence de la mer le 20 février 1942. Il est le concepteur du logo à l’étoile des Éditions de Minuit qui est utilisé à partir de 1945. Dans cette édition sont également parus des ouvrages comme La marche à l’étoile, Les armes de la nuit ou Le songe. Cette maison d’édition existe toujours : après la guerre elle a été prise en charge par Jêrôme Lindon jusqu’à sa mort en 2001 et est depuis dirigée par sa fille, Irène Lindon.

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SdM.png, mai 2017

 

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editions_minuit.png, mai 2017

http://www.leseditionsdeminuit.fr

La seconde épouse de Vercors, Rita Barisse (1917-2001), a été traductrice vers l’anglais de certains de ses ouvrages.

 

Vercors dédie Le Silence de la mer à Saint-Pol-Roux, « Poète assassiné ». En effet, cet écrivain est mort de chagrin en 1940 lorsque son manoir a été pillé et après qu’un soldat ait violé sa servante et blessé sa fille. Tout comme Le Silence de la mer veut évoquer ne résistance muette au bord des cris, cet homme qui meurt brisé est chargé de symboles et c’est à ce titre que le premier volume des Éditions de Minuit lui est dédié.

Il participe également au Comité National des écrivains (CNE) et au Mouvement de la paix. Il fait partie de la Commission d’épuration de l’édition, mais il en démissionne en raison de l’inégalité des  sanctions à l’encontre des écrivains, collaborateurs avec l’Allemagne nazie, et à l’encontre de leurs éditeurs, jamais pénalisés. Il refuse dans le même temps de participer à l’établissement d’une « liste noire » et renvoie les auteurs au jugement de conscience, ce qui revient à une autre forme de résistance, que l’on pourrait appeler morale.

En 1960, il fait partie, avec Jean-Paul Sartre des signataires du Manifeste des 121 écrivains et artistes qui déclarent «  le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ». En guise de protection contre la torture pratiquée en Algérie, Vercors refusa la Légion d’honneur.

Une plaque à la mémoire de Vercors et des Éditions de Minuit a été posée en 1992 sur le Pont des Arts, à Paris, par le Secrétariat d’Etat aux anciens combattants, en souvenir des exemplaires clandestins qui échangeaient sur ce pont sous l’occupation. De plus une rue de Pairs porte le nom de Bruller.

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plaque_vercors.png, mai 2017@wikipedia.org

Une de ses illustrations humoristiques, dénonçant la colonisation. 

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vercors_dessin.png, mai 2017 

https://strenae.revues.org/493

 

Sources : Wikipédia – Amazon -