Exposé réalisé par Alice Malphettes, Dorian Jouvenot et Guillaume Saillard

 

Résister à travers l’art dans les camps de concentration était extrêmement risqué car si les artistes étaient surpris par les SS (Schutzstaffel) ils étaient sévèrement punis ou même tués. Le dessin était une forme de résistance dans les camps car, comme l’ont dit Loïs et Lisa dans leur exposé, le but des camps de concentration était de détruire psychologiquement les prisonniers en leur retirant leur humanité. Il était interdit de s’entraider.

Par exemple, il était interdit de dessiner car c’était une activité intellectuelle. Cela permettaient aux détenus d’avoir une liberté d’expression et de pensée. C’était aussi interdit car les dessins avaient pour but de dénoncer l’horreur des camps et traduisaient une forme de résistance.

A travers cet EPI nous vous présenterons trois artistes qui survécurent aux camps de concentration ainsi que des œuvres qu’ils ont réalisées.

Boris Taslitzky

Boris Taslitzky est un peintre français d’origine russe. Il est né le 30 novembre 1911 à Paris et  est mort le 9 décembre 2005 à Paris. Il était âgé de 94 ans. Ses œuvres sont dans le registre du réalisme. Il sera décoré de la légion d’honneur et de la médaille militaire. Ses parents ont immigrés depuis la Russie suite à l’échec de la révolution de 1905. Son père, ingénieur, mourra pendant la Première Guerre Mondiale en 1915. Sa mère elle, mourra à Auschwitz en 1942 car elle était juive.  Boris commencera à peindre à l’âge de 15 ans. Il fera l’école des Beaux Arts et peu à peu deviendra de plus en plus connu. Il réalisera des dessins pour des journaux, adhéra à des associations artistiques où il occupera des places importantes, participera à des expositions avec des peintres connus etc…

Il est mobilisé à Meaux et fait prisonnier en juin 1940. Boris s’évadera en août 1940 et s’engagera dans la résistance. En novembre 1941 il sera capturé et condamné à deux ans de prison, puis déporté à Buchenwald le 31 juillet 1944. Boris Taslitzky réalisera à Buchenwald environ deux cents dessins qui témoignent de la vie dans ce camp de concentration.

Boris à déclaré :  « Si je vais en enfer, j’y ferai des croquis. D’ailleurs, j’ai l’expérience, j’y suis déjà allé et j’y ai dessiné !… »

Après la guerre ses œuvres seront publiées et exposées. Boris Taslitzky sera primé et nommé. Il finira professeur de dessin  à l'École nationale supérieure des arts décoratifs.

 

Le petit camp à Buchenwald – 1945 (huile sur toile) 300x500 cm conservée au Centre Georges Pompidou.

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petit_camp_de_B.png, mai 2017

https://asso-buchenwald-dora.com/le-camp-de-buchenwald/histoire-du-camp-de-buchenwald/

Représentation du camp de concentration de Buchenwald.

Cette œuvre représente un camp à coté de Buchenwald où étaient emmenés les détenus. Dessus on peut voir des silhouettes presque squelettiques qui transportent des cadavres sur une charrette. Autour d’autres figures jettent des cadavres sous le regard d’un SS à gauche. Sur la droite se tiennent des malheureux. À l’arrière plan on peut voir deux groupes séparés qui entrent dans des bâtiments. Au fond à droite un homme est accroché à des barbelés.

Le petit camp de Buchenwald était un camp aménagé par la SS vers la fin de 1942 au Nord du camp de Buchenwald. Les déportés des pays occupés par l’Allemagne y étaient envoyés en attendant d’être envoyés dans un camp extérieur.  Vers 1944-1945 il devint un camp où mourraient les malades et où des milliers de juifs étaient hébergés. Boris Taslitzky réalisera cette œuvre après sa libération à partir de sa mémoire et de croquis et dessins qu’il a réalisés pendant son incarcération.

Ce tableau dégage une impression de chaos. Dessus les morts se confondent avec les vivants, les couleurs sont vives et importantes, il y a beaucoup d’action… On ne sait où poser le regard. Malgré cela nous sommes quand même attirés par le centre du tableau car il est plus clair. On pourrait dessiner un triangle autour du personnage derrière la charrette à l’intérieur duquel se trouve la partie la plus lumineuse de ce tableau. Dans la même idée du chaos, on distingue mal des lignes fondamentales sur ce tableau. Tous les personnages de ce tableau sont représentés avec un corps faible et des os apparents pour souligner les conditions terribles dans lesquelles les détenus vivaient.

Au premier plan on peut observer à gauche deux chiens qui se jettent sur un cadavre ainsi que des détenus sous le commandement d’un SS. Ils rassemblent des cadavres de déportés pour probablement les emmener au four crématoire. Au centre se trouve un homme avec une femme habillée en rouge, ils se tiennent au dessus d’une charrette où sont empilés des cadavres. La femme a l’air horrifié tandis que l’homme a un regard perdu. On pourrait penser que cette femme est une allégorie de la mort. À droite un petit garçon regarde un cadavre à ses pieds, derrière lui se tiennent une foule de déportés qui observent aussi la charrette avec désespoir.

Au second plan à gauche se trouve un groupe de déportés qui s’engouffre dans un bâtiment, à leurs pieds sur les marches sont étalés des cadavres nus les uns sur les autres. Ce qui y rentrent n’en sortiront sûrement pas vivants. Au centre des détenus s’entraident à marcher, devant eux se trouvent d’autres détenus derrière des barbelés, un d’entre eux sûrement désespéré s’y accroche, à ses pieds aussi se trouvent des cadavres. À droite il y a un autre bâtiment dans lequel un autre groupe est aussi emmené.

L’arrière-plan est constitué du ciel et des murs des deux bâtiments qui créent une impression de perspective. Le ciel est jaune et tachés de gris, cela représente peut-être les fumées des fours crématoires.

L’artiste a choisi des couleurs sombres et vives car elles sont agressives et expriment bien l’enfer des camps de concentration. Ces couleurs nous plongent tout de suite dans une atmosphère obscure et froide. On ressent l’horreur qui était présente et plus on regarde cette œuvre, plus on est mal à l’aise. Face à ces atrocités si bien représentées, nous sommes gênés. Le choix d’avoir réalisé les personnages d’une manière squelettique peu paraître comme une déformation de la réalité, cependant l’état dans lequel étaient les détenus était proche de celui que nous représente Boris. Je pense que c’est inattendu que les personnages soient présentés de manière si deshumanisante et pourtant avec un tel réalisme.

Sources :

Wiképédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Taslitzky

Boris Taslitzky (et les images)

http://boris-taslitzky.fr/accueil.htm

Le petit camp à Buchenwald

https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cpbL9L/rpbx86e

Mémorial de Buchenwald

http://www.buchenwald.de/fr/547/

http://boris-taslitzky.fr/films-videos/video-l-atelier-de-boris/atelier-de-boris.htm

Recensé le 29 avril 2017

David Olère

David Olère est né le 19 janvier 1902 à Varsovie et mort le 21 août 1985 (à 83 ans) à Noisy-le-Grand. Il est détenu au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau de 1943 à 1945 il fait alors partie d’une équipe de Sonderkommando (« unité spéciale » en allemand), dans lesquelles les prisonniers, Juifs dans la majorité, sont forcés à participer à la Shoah, notamment aux fours crématoires. Ceux-ci sont habituellement destinés à mourir pour ne pas laisser de témoins, cependant les dessins de David Olère qui étaient fort appréciés par ses gardiens SS et lui ont permis de survivre.

Dès son plus jeune âge David Olère montre un talent précoce pour la peinture, malgré son jeune âge et la discrimination envers les Juifs il entre à 13 ans à l’école des Beaux-arts de Varsovie. À 16 ans il obtient une bourse et quitte la Pologne pour Berlin, là-bas il est engagé en tant que peintre, maquettiste et décorateur de studio à l’Europäische Film Allianz. En 1923 il s’installe à Montparnasse, il y travaille comme enseignant et affichiste. Il épouse en 1930 Juliette Ventura et a un fils nommé Alexandre.

David Olère est arrêté le 20 février 1943 par la police française pour être déporté le 2 mars vers Auschwitz avec mille autres Juifs.

De retour à Noisy-le-Grand, il consacre tout son art à l’expression de son témoignage, sa seule motivation de survivre et seul moyen de supporter l’horreur passée.

 

« Blocks II à V à Auschwitz II-Birkenau »

http://www.sonderkommando.info/index.php/sonderkommandos/les-temoignages/lart/david-olerehttp://www.sonderkommando.info/index.php/sonderkommandos/les-temoignages/lart/david-olere

Ce dessin de David Olère réalisé en 1945 (à gauche) représente un bâtiment d’extermination à Auschwitz, il est conservé au Musée des Combattants des Ghettos de Galilée, Israël. Il a été réalisé à l’encre de Chine sur papier. En comparant le dessin de David Olère à une photographie prise par un SS en 1944 (à droite) nous pouvons remarquer la qualité exceptionnelle de sa mémoire visuelle, faisant de ses dessins des témoignages des plus précieux.

Auschwitz II-Birkenau est situé près du village de Brzezinka (Birkenau en allemand) à environs trois kilomètres d’Auschwitz. Il contient le centre d'extermination (représenté ci-dessus) ainsi qu'un gigantesque camp de travail forcé. C’est ici qu’ont péri plus d’un million de personnes, principalement Juifs et Tziganes.

Nous pouvons voir l’interminable colonne de Juifs destinés à mourir se déroulant autour des barbelés du bâtiment. Surveillés par des gardes SS armés de nombreux enfants sont reconnaissables.  À l’arrière plan est représenté le four crématoire, terrifiant  crachant des flammes et une fumée noire, même le ciel est inquiétant et mouvementé. L’usine de la mort semble interminable.

Nous pouvons aussi remarquer le camion à l’arrière plan à droite acheminant les détenus incapables de faire le trajet de la gare au crématoire à pied ainsi qu’une voiture affublée du sigle de la Croix Rouge qui venait pour chaque gazage. A l’intérieur, un chauffeur et le "médecin" SS de service et à l’arrière, les boîtes de Zyklon B.

David Olère représente très bien l’horreur de la Shoah à travers ce dessin notamment grâce à cette monochromie rendant la scène tragique. La précision rend le dessin réel sans pour autant être dépourvu de sentiments, ceux-ci sont exprimés par la cheminé crachant flammes et fumée noire ainsi que le ciel, sombre, mouvementé et ténébreux. Nous pouvons reconnaître la présence de ces sentiments à travers une comparaison à la photographie ci-dessus, celle-ci ne semble même pas représenter un lieu d’extermination qui a causé la mort d’un million d’innocents. Le dessin au contraire représente l’ampleur de ce crime (de longues files et beaucoup de fumée) ainsi que l’horreur des actes (la présence d’enfants et un ensemble angoissant).

J’aime beaucoup la façon dont David Olère a représenté l’horreur des lieux de concentration, comme je l’ai dit auparavant, exacte et expressive. C’est pour cela que je considère ses œuvres comme très précieuses pour la conservation du savoir et des sentiments de cette époque. J’admire aussi le dévouement de ce témoin de telles horreurs à contribuer à la mémoire de l’humanité par l’expression de ses sentiments à travers l’art.

Sources :

http://www.sonderkommando.info/index.php/sonderkommandos/les-temoignages/lart/david-olere
https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Olère
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonderkommando_(camps_d%27extermination)
http://college-robert-le-frison-cassel.etab.ac-lille.fr/revisions__trashed/histoire-des-arts-david-olere/

 

Leo Haas

Leo Haas est un affichiste et peintre allemand d’origine juive, il est considéré comme appartenant au courant expressionniste.

L'expressionnisme fut condamné par le régime nazi qui le considérait comme un  « art dégénéré ». Les représentations expressionnistes sont souvent fondées sur des visions angoissantes qui ont pour sujet le plus souvent la guerre, déformant et stylisant la réalité pour atteindre la plus grande intensité expressive et pour inspirer au spectateur une réaction émotionnelle forte.

Il est né le 15 avril 1901 à Troppau, il étudiera à l’Académie des beaux arts, puis à Berlin entre 2 guerres. A partir de 1926 il se lance en tant que dessinateur de presse et illustrateur en Tchécoslovaquie. En 1935, lorsque le parti national-socialiste arrive au pouvoir, Haas est jugé comme appartenant à “l’art dégénéré”. Malheureusement, en 1937 il est emprisonné et envoyé aux travaux forcés à Ostrava car il est accusé de « bolchevisme culturel » en raison des caricatures qu'il avait publiées après la Nuit de Cristal, en Novembre 1938.

Il sera ensuite envoyé au camp de concentration de Theresienstadt où il produira plus de 400 dessins qui ont été conservés jusqu’à aujourd’hui, grâce à une histoire folle : l'artiste les a dessinés puis cachés. Le bruit en est revenu aux oreilles des nazis qui torturèrent Haas et ses amis, avec lesquels il tenait une chronique secrète du camp. Personne ne parla. Leo Haas survécut à la déportation et revint à Theresienstadt après la Libération, en 1945. Il retrouva ses dessins, intacts, dans la cachette.

           En 1945 Leo Haas sera contraint à des travaux forcés  à Auschwitz et Sachsenhausen. Il est enfin libéré en 1945, il finira sa vie à Berlin-Est qui est occupé par les soviétiques. Parmi les 3 camps où il a été, Theresienstadt, Auschwitz et Sachsenhausen, c’est de Theresienstadt qu’il garde un souvenir le plus frappant : là-bas, il dessine avec des lignes torturées, un expressionnisme « grotesque », il capture la misère des hommes attendant la mort.

Il mourra le 13 aout 1983, à 82 ans après avoir reçu la bannière du Travail, une décoration allemande pour le récompenser de tous les dessins qu’il a effectués pendant la guerre.

 

http://www.yadvashem.org/yv/en/exhibitions/art/haas.asp

Sources pour Leo Haas :

Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Leo_Haas

Collectif histoire et mémoire :

http://collectifhistoirememoire.org/Pages/142_Leo-HAAS.html

Mémoire juive et éducation :

http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/art_et_camps.htm

Sources pour Vorletzte Station :

https://www.thinglink.com/scene/764401532618670081

 

 

Vorletzte Station, Auschwitz

“ Vorletze Station” est une œuvre de Léo Hass réalisée à Auschwitz en 1945.

Malheureusement les œuvres de Hass ne sont que très peu documentées sur internet, plusieurs informations manquent au sujet de son œuvre, telle que : le support, les matériaux utilisés et le lieu de conservation de ce dessin. Mais je pense tout de même qu’il s’agit d’un dessin à l’encre de Chine sur papier.

L’œuvre a pour nom “Vorletze Station”, ce qui veut dire : “avant-dernière station” en Français. « L’avant dernière station » de ce train est le camp d’extermination d’Auschwitz. Ce train emmenait les prisonniers directement au camp de concentration et de travail d’Auschwitz. Il faisait un court arrêt au camp de concentration, pour y faire une sélection des personnes qui étaient assez résistantes pour travailler. Ceux qui n’était pas aptent au travail, c’est à dire principalement les femmes, les enfants et les personnes âgées remontaient dans le train, en direction de la dernière station cette fois-ci : le camp d’extermination d’Auschwitz ou ces innocents seront gazés.

Léo Haas qui a été contraint aux travaux forcés à Auschwitz, a dû voir cette terrible scène de séparation plus d’une fois durant sa détention, c’est pourquoi il a décidé de la représenter sur ce dessin.

Au premier plan du dessin, dans toute la moitié inférieure, ont été représentées de nombreuses personnes, des anonymes, pour la plupart juifs comme on le peut voir au brassard avec l’étoile de David qu’ils portent. Ce sont surtout des femmes, des enfants et des vieillards. En bas au centre de l’image, on aperçoit un petit enfant qui tient son doudou, tandis qu’à sa droite un homme tante d’aider un ses proches qui est recroquevillé sur lui-même. Chaque personnage du tableau est saisi, figé dans l’instant d’une atroce souffrance. Au second plan, au centre, se trouve un wagon en bois plus que plein. Un Nazi au centre à gauche du dessin, plus grand et plus impérieux que la foule, surveille les opérations de ses petits yeux, pendant qu’une foule est obligée d’entrer de force comme du bétail dans des wagons qui se dirigent tout droit vert la mort. En arrière-plan, avec des lignes tranchantes, ont été dessinés des nuages, il fait gris et sombre et la pluie s’abat sur eux.

J’aime beaucoup cette œuvre, bien que je regrette qu’elle ne soit pas plus détaillée. J’ai aimé le tracer des traits de l’artiste et la manière dont il a donné la même texture à tous les éléments du dessin : les nuages, le wagon et la foule. On dirait qu’il a regroupé tous les éléments dans une masse difforme, comme si à ses yeux  tout ne formait plus que l’ensemble d’un seul et même crime.

 

Conclusion

Travailler sur ce sujet nous a permis de connaitre de nouveaux artistes et de nouvelles œuvres dans un environnement extrême. Ces connaissances nous sont utiles pour comprendre les camps nazis. On a tout particulièrement été touché par les sentiments et les émotions transmis par les œuvres. Les artistes on su faire du calvaire qu'ils ont vécu des œuvres pleines d'émotions et de réalisme. Elles perpétuent la mémoire d'un des plus grands massacres de l'histoire et nous apportent un témoignage de ces horreurs qui firent trop de victimes. 

Pour les artistes qui ont réalisé ces œuvres, c’était sans doute l’unique chose qui les reliait à leur humanité alors que le but de ces camps était de les déshumaniser. Ils résistaient donc à travers l’art pour s’opposer à l’idée d’être des objets. Cela leur apportait un sentiment de liberté. L’art leur a permis aussi de laisser une trace, un témoignage pour montrer au reste du monde l’atrocité des camps. Il ne fallait pas que ce soit oublié.