Frémissez avec Adèle L., vous allez trembler.
Par Estermann le 31 janvier 2019, 18:53 - Lien permanent
Quand le taxi s’arrêta, je me sentis à la fois soulagé et oppressé. J’allais enfin rentré chez moi après trois longs mois passés à l’hôpital. Lorsque soudain je sentis deux mains m’agripper par les épaules. Surpris je me retournai et vis avec effroi le visage fermé du chauffeur puis plus rien … Je me réveillai en sentant le picotement des gravillons sur ma joue droite. Je me relevai à toute vitesse à la fois surpris et choqué par ce qui venait de se passer. Le ciel était devenu sombre et avait d’étranges nuages comme de la suie lui donnant un air indescriptiblement effrayant. Je repris mes esprits et me mis à chercher mon téléphone dans ma poche. Je ne l’y trouvait pas il y avait juste ma valise posée à côté de mon sac à dos. Je me retournai et vis enfin de la lumière ! Dans mon élan je faillis oublier mes affaires. Je traversai la cour avec pour seul accompagnement le crissement du gravier sous mes pas. Sinistre. Au-dessus de ma tête, les nuages étaient mouvants, on aurait dit qu’ils voulaient passer à l’attaque. Cela me décida à gravir les marches jusqu’à la grosse porte cloutée. Je cherchais la sonnette mais il n’y en avait pas. Je remarquai alors que la patte de lion en fonte, que j’avais d’abord prise pour un ornement, était un heurtoir à la manière d’autrefois. D’une main hésitante je m’en saisis.
« Boum, Boum… » Le bois résonna incroyablement, ce qui n’arrangea pas mon stress. Je dus me raisonner pour ne pas m’enfuir en courant. A quoi bon, il fallait que je trouve un moyen n’importe lequel de joindre mes parents.
La porte s’ouvrit … sur un homme assez vieux, sanglé dans un uniforme tout comme un serviteur du 19e siècle. Droit et digne, il me faisait penser à Nestor dans Tintin. Un model ancien qui semblait ignorer le sens du mot sourire. Doutant que ma voix puisse franchir ma gorge, je pris mon courage à deux mains mais fut rapidement stoppé :
- Quentin Raymond, je présume
- Euh …
J’allais me présenter pour lui expliquer ma situation lorsqu’il me prit par le bras pour m’entrainer à sa suite.
- Je sais ce que vous aller me dire j’ai l’habitude, lorsque les enfants arrivent ici ils n’assument pas tous de suite le fait d’être dans un asile, mais ne t’inquiète pas tu te feras rapidement de nouveaux amis dont tu ne pourras plus te passer, ditil d’une voix forte.
« Quoi !!! dis-je pour moi-même ». Pris de panique je commençai à m’agiter mais le vieux monsieur me retint avec une force que je ne lui aurait pas soupçonnée. Sans se préoccuper de mes gestes de plus en plus violents, il ouvrit la porte d’une chambre se situant au fond du couloir que nous venions de traverser puis il m’agrippa fermement le poignet et me jeta violemment au sol. Je le vis reculer et fermer la porte, je me relevais et me précipitai sur celle-ci mais il était trop tard, elle était fermée à clé. C’est alors que je sentis des larmes couler sur mes joues. Non ! Je ne peux pas me laisser faire par un inconnu complètement fou ! Je tambourinais à la porte en lui hurlant :
- Je m’appelle LUCAS COURTNEY ET NON QUENTIN RAYMOND VOUS FAITES ERREUR !!!
Les larmes étaient désormais abondantes glissant sur mes joues en les laissant des traces humides. Pris de fatigue je m’endormi dans un flot de sanglots …
Je me fis réveiller par des bruits de pas derrière la porte, je me redressais vivement et tapais à la porte tout en suppliant à quelqu’un de m’ouvrir. Lorsque tout à coup la porte s’ouvrit me faisant tomber en avant, je me relevai et vis que de nombreux regards étaient posés sur moi.
- Bonjours Quentin, j’espère que la nuit t’aura portée conseil ! Viens déjeuner avec nous
Je levai mon regard et fus surpris de voir le chauffeur du taxi accompagner par le vieil homme de la veille
C’est alors que je sentis sa main prendre mon avant- bras et me tirer sans que je puisse avoir le moindre geste de recul. Je n’avais pas le choix, ce n’était pas une invitation mais un ordre. Ils m’emmenèrent dans un sublime réfectoire assez ancien où se trouvaient une vingtaine d’enfants. Certains avaient des regards assassins, d’autres avaient l’air un peu plus accueillant. Soudain je sentis une vive douleur au cou, lorsque je me retournai, je vis le chauffeur du taxi avec une seringue. Je commençai à me débattre mais fus vite obligé de me rendre à l’évidence. Je ne faisais pas le poids face à lui. C’est à ce moment-là que j’entendis une voix que je commençais à trop bien connaître.
- Ne t’inquiète pas ce n’est qu’un vaccin au cas où. Oh mince j’oubliais je suis Arnold et lui c’est Benoît nous n’avons pas eu l’occasion de nous présenter hier, tu étais un peu trop agité. Nous avons eu tes parents au téléphone Quentin et ils sont ravis de te savoir parmi nous.
- Je suis Lucas Courtney et je ne sais absolument pas qui vous êtes, ni où je suis, je pense que vous devez me confondre avec quelqu’un d’autre. J’étais en route dans un taxi conduit par Benoît et lorsque je me suis réveillé j’étais allongé sur le sol seul au milieu de la campagne. C’est alors je me suis décidé à aller vous demander de l’aide et au final je me retrouve cloitré dans un asile alors que je ne veux que renter chez moi ! Je vous demande donc de me laisser partir sur le champ.
Mon ton froid ne sembla pas les impressionner. Ils s’échangèrent un regard inquiet, ils se rapprochèrent et je pus entendre Arnold dire « Il ne devrait pas se souvenir de son identité ». Je vis Benoît acquiescer et répondre en susurrant « Je m’occuperai de lui ce soir, ne t’inquiète pas. Il ne nous embêtera plus ». Sa dernière phrase me fit frémir et tout mon corps se crispa.
Arnold prit son plus beau sourire et me dit :
- Bon déjeuner Quentin.
Ils me tournèrent le dos et partirent sans un mot.
Je me précipitai sur la porte d’entrée et poussai de toutes mes forces mais elle ne bougea pas d’un seul centimètre. C’est alors que je sentis une main réconfortante se poser sur mon épaule. Surpris pas ce geste d’une incroyable douceur je me retournai. Je vis alors une fille qui devait avoir d’à peu près mon âge. Elle remarqua retira sa main comme si je la brûlais.
- Désolée, dit-elle, je m’appelle Louise et il faut absolument que je te parle, suis- moi.
Elle m’emmena dans couloir assez sombre et étroit.
- Je suis dans la même situation que toi, j’étais en train de rentrer chez moi dans le taxi de Benoît et lorsque je me suis réveillée, j’étais enfermée dans une chambre seule. Je me suis aussi fait piquer ainsi que deux autres enfants. Ils se sont tout de suite calmés, comme si ce que Arnold leur avait injecté était un calmant. Je me doutais dès le début qu’il se passait quelque chose de louche. Mais j’ai dû arrêter mes investigations, lorsque j’ai découvert que tous les soirs une dizaine d’enfants disparaissaient par ordre de numéro de chambre.
Je fus surpris par sa sincérité et lui dis :
- Si je te comprends bien tu penses que nous sommes les deux seuls sur lesquels l’injection ne fait rien ?
- Exactement !
Je pris à nouveau la parole et dis :
- Et quel est ton plan ?
- J’ai une petite idée, nos chambres sont voisines. Ce soir c’est à mon tour, me dit-elle terrifiée. Aide-moi. Suis les autres comme si tu était convoqué aussi. Ne me laisse-pas, implora-t-elle. Ses yeux bleus étaient intenses d’effroi.
- De toutes les manières c’est notre seule chance.
Louise m’avait prévenu qu’ils devraient passer aux environs de 20h30. Il est à peine l’heure, lorsque j’entendis des voix que je connaissais, des voix d’enfants ! il n’était qu’une poignée, les autres devaient êtres restés au dortoir.
Lorsque j’entendis une voix sortir du lot, c’était celle de Louise, sans attendre je sorti de ma chambre, me mis dans le rang juste derrière elle et la suivis, lorsque je vis l’image la plus effrayante et la plus surnaturelle de toute celles que j’avais pu voir jusqu’à présent.
Deux immenses loups garous se tenaient devant nous, je reconnus assez rapidement Arnold grâce à son pelage, étant de la même couleur que celle de ses cheveux. Je supposais que le deuxième loup garou devait être Benoît car il était petit mais arborait toujours une aussi grande carrure.
Nous nous retrouvâmes dans le réfectoire toujours placés à la file indienne. Lorsque je vis Arnold vider de son sang un enfant d’environs six ans pendant que Benoît faisait de même avec une jeune fille. Les battements de mon cœur s’accélérèrent lorsque je vis qu’il ne restait plus que nous dans le réfectoire. Je vis Louise me jeter un regard inquiet mais avant même qu’elle ne puisse dire un mot, je vis Benoît lui sauter au cou, l’égorgeant d’un seul coup de griffes.
J’hurlais de peur car je savais ce qui allait se passer. Arnold me projeta au mur et vint me relever, me tenant par le col de mon blouson.
- Vous étiez les deux seuls à nous avoir résistés, alors je vais tous t’expliquer pour que ton âme repose en paix. Nous sommes des loups garous et comme tu t’en doutes nous devons nous nourrir, Benoît étant chauffeur de taxi il ramène tous les enfants qu’il peut dans l’asile dont je m’occupe, je les accueille, puis leur injecte un sérum qui leur fait perdre la mémoire. Mais comme tu peux le voir il y a des exceptions comme toi et Louise. Bon je crois t’en avoir assez dit.
Je me débattis, mais il était trop tard mes yeux s’étaient fermés et mon cœur lui s’était arrêté.
The End