(…) Doussia était épouvantée, qu’allait dire l’Éléphante ! Fatiguée, découragée, elle enleva la neige qui était sur un banc puis s’assit devant une isba au centre du village, et attendit qu’une idée lui vienne, elle ne savait vraiment pas quoi faire, impossible de retrouver le billet.

Elles n’avaient pas le choix, si elle et sa sœur ne voulaient pas se faire battre par mère Ipatiev, elles devaient mentir en disant que quelqu’un leur avait volé le billet de dix roubles. Elle allait appeler sa sœur pour qu’elle vienne se blottir contre elle, car le vent du nord soufflait, mais elle ne vit plus Olga. Elle eut beau la chercher des yeux, elle ne la retrouva pas dans les rues maintenant désertes du village. Olga avait soudainement disparu. Sa sœur devait être sur le chemin à la recherche du billet, alors qu’elle rêvassait sur le banc à une possible solution.

 

Doussia se leva précipitamment, chercha désespérément sa sœur, ne se rendant pas compte qu’elle s’enfonçait peu à peu dans la forêt. Il neigeait et Doussia, morte de froid, ne savait plus où chercher sa petite sœur adorée. Elle était épuisée.

 

Soudain, elle entendit des bruits de sabots et un grelot derrière les bouleaux. Elle s’approcha et vit un magnifique renne, avec des bois gigantesques. Méfiante, et admirative elle se dirigea néanmoins vers lui…

-Doussia ! Doussia ! Sestritchka !

C’était la voix d’Olga…

Olga était assise sur le dos du renne en plein milieu de la clairière. Doussia était tellement surprise par ce spectacle qu’elle en resta bouche bée.

Olga descendit de l’animal et s’avança vers sa sœur.

 -Sestrichka ! Tu as les mains toutes rouges, est-ce que tu as froid ?

-Non, je vais bien, j’étais tellement inquiète pour toi, ne refais plus jamais ça, dit-elle en sanglotant.

-Je suis désolée sestrichka, dit-elle en lui faisant un gros câlin, mais ce renne était si gentil et si mignon que je l’ai suivi quand il m’a appelé de son grelot vers lui.

 

Après avoir séché leurs larmes, Olga entraîna Doussia vers l’autre bout de la clairière où se trouvait une zemlianka, à peine visible, cachée à l’ombre des bouleaux. Olga tapa à la porte et ouvrit. Les deux sœurs entrèrent dans l’unique mais grande salle souterraine faiblement éclairée. Une odeur de terre, de bois et de bortch flottait dans l’air et taquinait doucement les narines des deux sœurs affamées.

L’unique lumière vacillante qui éclairait la pièce était une bougie, placée sur une table, à côté du samovar qui renvoyait des éclats dorés. Un vieux grand-père, habillé assez pauvrement, était assis sur le tabouret à côté de la table. Le vieil homme tourna la tête vers les deux petites filles, qui étaient entrées, et leur fit un sourire édenté qu’il essayait de rendre chaleureux.

-Ah Olga, tu as enfin retrouvée ta sœur. Comment vas-tu Doussia ? As-tu faim ? Tu es fatiguée ? Oh, je suis désolé de te questionner si hardiment alors que nous venons de nous rencontrer. Je suis le « lestnitchii ». Je surveille cette partie de la forêt. J’y soigne les animaux et oh… navré, je déborde encore. Désolé, je suis un incorrigible bavard.

-Oui, c’est pour ça que tu es gentil et drôle ! dit Olga dans un éclat de joie enfantine.

-Bon allez, installez-vous. Je vous sers une tasse de thé, le samovar est prêt, plus une assiette de bortch ? J’ai une petite histoire étrange à vous raconter. Mon renne se promenait comme d’habitude dans la forêt, derrière le guichet. Il revient vers moi et là… Je remarque qu’il avait un billet de 10 roubles coincé dans ses bois.

-Pravda ?! s’écrièrent les deux petites en même temps en tapant des mains. Et elles lui racontèrent leur mésaventure.

- C’était donc le vôtre !

Le lestnitchii, en faisant un clin d’œil, leur donna un beau billet de 10 roubles, puis leur proposa de rester chez lui pour la nuit.

_Spaciba, dit Doussia.

- Spaciba, répéta Olga. Mais nous devons rentrer chez nous où Mère Ipatiev va s’inquiéter.

-Faites attention sur le chemin du retour, je vous prête mon renne, il va vous y ramener. Revenez me voir. À bientôt peut-être, dit-il d’un air mystérieux et énigmatique.

-Encore merci, dirent les fillettes, le cœur battant de joie et de gratitude.

 

Les deux sœurs sortirent de la datcha et pour dire une dernière fois au revoir au grand-père, se retournèrent vers l’isba et furent stupéfaites car celle-ci avait disparu, il ne restait plus qu’une clairière battue par les vents froids soufflant de la taïga.

 

Elles arrivèrent en un éclair devant chez elles, le renne galopant si vite qu’il ne semblait pas même fouler le sol glacé. Inquiètes de la réaction de leur grande tante, les deux petites ouvrirent doucement la porte du jardin et trouvèrent Mère Ipatiev assise sur le perron de l’isba, la tête entre les mains, pleurant. Les deux petites s’excusèrent d’être rentrées sans le chou.

Mère Ipatiev s’énerva, leur mit une petite claque à chacune et leur dit pourtant tendrement :

-Vos vies sont bien plus importantes que des choux et des carottes. Boje moi, je me suis tellement inquiétée pour vous, je me sentais si seule !

 

Olga se retourna vers la porte pour caresser le renne une dernière fois mais lui aussi avait disparu, il ne restait de lui qu’un petit tas de neige blanche sur le pas de la porte.

 

Soudain Doussia et Olga se récrièrent. Dans les mains de mère Ipatiev, au lieu d’un billet, une trentaine de choux et un kilo de carottes apparurent et tombèrent sur le sol. L’Éléphante, en riant, se releva.

-Eh bien, même pour dix roubles et plusieurs heures de queue, on n’en aurait pas eu autant ! Dans cette histoire miraculeuse, il y a sûrement un lestnitchii, un esprit de la forêt, caché derrière un bouleau, qui vous a aidées.

(…) Doussia était épouvantée, qu’allait dire l’Éléphante ! Fatiguée, découragée, elle enleva la neige qui était sur un banc puis s’assit devant une isba au centre du village, et attendit qu’une idée lui vienne, elle ne savait vraiment pas quoi faire, impossible de retrouver le billet.

Elles n’avaient pas le choix, si elle et sa sœur ne voulaient pas se faire battre par mère Ipatiev, elles devaient mentir en disant que quelqu’un leur avait volé le billet de dix roubles. Elle allait appeler sa sœur pour qu’elle vienne se blottir contre elle, car le vent du nord soufflait, mais elle ne vit plus Olga. Elle eut beau la chercher des yeux, elle ne la retrouva pas dans les rues maintenant désertes du village. Olga avait soudainement disparu. Sa sœur devait être sur le chemin à la recherche du billet, alors qu’elle rêvassait sur le banc à une possible solution.

 

Doussia se leva précipitamment, chercha désespérément sa sœur, ne se rendant pas compte qu’elle s’enfonçait peu à peu dans la forêt. Il neigeait et Doussia, morte de froid, ne savait plus où chercher sa petite sœur adorée. Elle était épuisée.

 

Soudain, elle entendit des bruits de sabots et un grelot derrière les bouleaux. Elle s’approcha et vit un magnifique renne, avec des bois gigantesques. Méfiante, et admirative elle se dirigea néanmoins vers lui…

-Doussia ! Doussia ! Sestritchka !

C’était la voix d’Olga…

Olga était assise sur le dos du renne en plein milieu de la clairière. Doussia était tellement surprise par ce spectacle qu’elle en resta bouche bée.

Olga descendit de l’animal et s’avança vers sa sœur.

 -Sestrichka ! Tu as les mains toutes rouges, est-ce que tu as froid ?

-Non, je vais bien, j’étais tellement inquiète pour toi, ne refais plus jamais ça, dit-elle en sanglotant.

-Je suis désolée sestrichka, dit-elle en lui faisant un gros câlin, mais ce renne était si gentil et si mignon que je l’ai suivi quand il m’a appelé de son grelot vers lui.

 

Après avoir séché leurs larmes, Olga entraîna Doussia vers l’autre bout de la clairière où se trouvait une zemlianka, à peine visible, cachée à l’ombre des bouleaux. Olga tapa à la porte et ouvrit. Les deux sœurs entrèrent dans l’unique mais grande salle souterraine faiblement éclairée. Une odeur de terre, de bois et de bortch flottait dans l’air et taquinait doucement les narines des deux sœurs affamées.

L’unique lumière vacillante qui éclairait la pièce était une bougie, placée sur une table, à côté du samovar qui renvoyait des éclats dorés. Un vieux grand-père, habillé assez pauvrement, était assis sur le tabouret à côté de la table. Le vieil homme tourna la tête vers les deux petites filles, qui étaient entrées, et leur fit un sourire édenté qu’il essayait de rendre chaleureux.

-Ah Olga, tu as enfin retrouvée ta sœur. Comment vas-tu Doussia ? As-tu faim ? Tu es fatiguée ? Oh, je suis désolé de te questionner si hardiment alors que nous venons de nous rencontrer. Je suis le « lestnitchii ». Je surveille cette partie de la forêt. J’y soigne les animaux et oh… navré, je déborde encore. Désolé, je suis un incorrigible bavard.

-Oui, c’est pour ça que tu es gentil et drôle ! dit Olga dans un éclat de joie enfantine.

-Bon allez, installez-vous. Je vous sers une tasse de thé, le samovar est prêt, plus une assiette de bortch ? J’ai une petite histoire étrange à vous raconter. Mon renne se promenait comme d’habitude dans la forêt, derrière le guichet. Il revient vers moi et là… Je remarque qu’il avait un billet de 10 roubles coincé dans ses bois.

-Pravda ?! s’écrièrent les deux petites en même temps en tapant des mains. Et elles lui racontèrent leur mésaventure.

- C’était donc le vôtre !

Le lestnitchii, en faisant un clin d’œil, leur donna un beau billet de 10 roubles, puis leur proposa de rester chez lui pour la nuit.

_Spaciba, dit Doussia.

- Spaciba, répéta Olga. Mais nous devons rentrer chez nous où Mère Ipatiev va s’inquiéter.

-Faites attention sur le chemin du retour, je vous prête mon renne, il va vous y ramener. Revenez me voir. À bientôt peut-être, dit-il d’un air mystérieux et énigmatique.

-Encore merci, dirent les fillettes, le cœur battant de joie et de gratitude.

 

Les deux sœurs sortirent de la datcha et pour dire une dernière fois au revoir au grand-père, se retournèrent vers l’isba et furent stupéfaites car celle-ci avait disparu, il ne restait plus qu’une clairière battue par les vents froids soufflant de la taïga.

 

Elles arrivèrent en un éclair devant chez elles, le renne galopant si vite qu’il ne semblait pas même fouler le sol glacé. Inquiètes de la réaction de leur grande tante, les deux petites ouvrirent doucement la porte du jardin et trouvèrent Mère Ipatiev assise sur le perron de l’isba, la tête entre les mains, pleurant. Les deux petites s’excusèrent d’être rentrées sans le chou.

Mère Ipatiev s’énerva, leur mit une petite claque à chacune et leur dit pourtant tendrement :

-Vos vies sont bien plus importantes que des choux et des carottes. Boje moi, je me suis tellement inquiétée pour vous, je me sentais si seule !

 

Olga se retourna vers la porte pour caresser le renne une dernière fois mais lui aussi avait disparu, il ne restait de lui qu’un petit tas de neige blanche sur le pas de la porte.

 

Soudain Doussia et Olga se récrièrent. Dans les mains de mère Ipatiev, au lieu d’un billet, une trentaine de choux et un kilo de carottes apparurent et tombèrent sur le sol. L’Éléphante, en riant, se releva.

-Eh bien, même pour dix roubles et plusieurs heures de queue, on n’en aurait pas eu autant ! Dans cette histoire miraculeuse, il y a sûrement un lestnitchii, un esprit de la forêt, caché derrière un bouleau, qui vous a aidées.