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J'aime tant mon pays aux paysages parfois arides, parfois si verts, cette terre de grands bâtisseurs qui nous a offert ces gigantesques pyramides, sépultures, tombeaux de nos souverains tout puissants. J'aime mon village de Nagada, sur la rive gauche du Nil, l’ un des plus riches de la région et j’ai beaucoup de chance de cultiver ces terres fertiles . Thèbes n’est pas loin ; l’ombre des dieux plane sur nos têtes et nous protège des maux qui peuvent nous assaillir.


• Il fait lourd … Il fait chaud. Si je pouvais me reposer un peu. Il est vrai qu’une petite sieste ne serait pas de trop. Je lève la tête, et je vois ce champ qui s’étend jusqu’au Nil. Oh Nil, fleuve bien-aimé, qui nous apporte toutes les richesses de l’ Egypte : l’eau en abondance, le limon si bienfaisant pour la terre, le poisson qui nous nourrit, le papyrus pour nos scribes !


• Je laisse mon esprit divaguer sur les eaux turquoises du fleuve sacré … Mais impossible d’arrêter faucher maintenant. II faut que l’on finisse la moisson et nous n’aurons plus qu’à attendre la prochaine crue. C’est tellement fatigant de devoir travailler toute la journée, sans relâche, mais l’abondance sera notre récompense. Isis, mère d’Horus, notre mère protectrice, femme d’Osiris, et dont le Nil a protégé le jeune fils, prends soin de nous. Osiris, Dieu de la fertilité et du développement végétal, apporte la richesse à mes terres. Mes dieux, aidez-moi, donnez-moi force et courage. J’ai hâte que la récolte soit faite.


• Cela fait une lune que nous avons commencé cette moisson. Moi et ma femme, ma petite femme qui a bien du courage. Chère femme, quand je te vois courbée sur l’ouvrage, j’admire tout ce que tu accomplis : les enfants que tu m’as donnés, la douceur de notre foyer, la joie que tu m’apportes, la chaleur de ta peau. Et puis si nous étions un peu aidés par nos fils ! Car c’est bien eux que j’entends se disputer au loin ! Ces fils, qui pourraient devenir de vrais hommes, mais qui ne pensent qu’à rêver et profiter des bonheurs sensuels de la vie, sans participer au labeur quotidien. Ils vont bientôt rentrer dans l' âge de la sagesse, de la puberté, l’âge d être circoncis et d être responsable. Douze ans bientôt, et il est grand temps que je leur apprenne à semer, à glaner . Sans doute devrais-je sérieusement prendre en main leur éducation, comme mon père l’a fait avec moi.


• Au moins nous pouvons remercier Hâpy, Dieu du Nil en crue, qui nous apporte la prospérité, grâce à ses eaux si riches en limon. Merci mon Dieu, merci pour cette formidable crue. Le Nil nous a apporté une immense richesse cette année. Mais je ne perds pas courage, la journée sera bientôt finie. Je vais enfin pouvoir me reposer, passer un petit moment avec ma famille, mes enfants, ma femme. Et demain tout recommencera, toujours les mêmes gestes, et cela jusqu’à la fin de la saison. Mais j’aime cette vie de dur labeur, qui m’apporte la satisfaction du devoir accompli, de la souffrance récompensée.