Nasrine nous livre une histoire de folle jalousie, de réussite imprévue en regardant un Degas
Dans : CONCOURS
Par Estermann le 03 mars 2014, 19:20 - CONCOURS - Lien permanent
Marie était très heureuse : des ambassadeurs étaient venus voir le spectacle dont elle était la vedette. Quelques minutes avant de monter sur scène, un petit bonhomme, le gérant, tout affolé traversa les coulisses pour la rejoindre. Il arriva essoufflé devant elle une lettre cachetée à la main « Une lettre de la Comédie française est arrivée d’urgence pour vous !
-La Comédie française dis-tu ? Oh !
-Oui, oui ! »
On put alors entendre de nombreuses exclamations venant des autres artistes. Tout le monde avait le sourire aux lèvres et pressait Marie d’ouvrir la lettre. Certains étaient réellement ravis pour elle mais la plupart étaient jaloux d’elle et de son succès fulgurant. « Oh Marie comme tu as de la chance ! Je suis très contente pour toi tu sais ! Je vois tout le travail que tu fais pour être la meilleure et je suis ravie de voir que tes efforts paient. Que dit cette lettre ?
-Elle dit qu’ils me font une place, qu’ils m’acceptent si je réussis ce soir à les subjuguer! »
Joséphine, sa doublure, sourit à Marie en se pressant contre elle : Tu vas les rendre fous, les Ambassadeurs parleront de toi dans leur pays, tu es la meilleure, la plus belle, la plus talentueuse.
Avec toute cette agitation, ces exclamations, on en avait oublié la représentation et, au moment où l’on annonçait le personnage principal que jouait Marie ; Joséphine fut projetée sur la scène suite à une énorme bousculade entre les artistes qui se pressaient pour rejoindre leur loge..
Arrivée au milieu de la scène, le public la regardait avec ébahi, elle sentait des centaines d’yeux surpris. Puis devant son silence et son air confus, on entendit un rire ou deux, puis la foule entière du théâtre se mit à taper du pied.
Le cœur de Marie allait lâcher de honte et d’épouvante, mais pour sauver le spectacle, elle n’avait plus qu’une seule solution : elle devait jouer le rôle de Marie. Cette dernière, qui était restée dans les coulisse, regardait horrifiée Joséphine jouer. Les autres acteurs décontenancés ne savaient pas trop comment se comporter en voyant Joséphine enchaîné les répliques avec tant d’émotion. Son jeu était tout simplement fabuleux. Elle jouait merveilleusement bien le monologue initial, il n’y avait plus qu’une chose à faire, aller la rejoindre sur scène.
Les ambassadeurs étaient eux aussi étonnés de voir une inconnue jouer à la place de Marie mais il s’arrêtèrent bien vite de se poser des questions en observant le talent de la jeune femme.
A la fin de la représentation, Joséphine reçut des fleurs et des applaudissements. Elle était comblée, jamais, elle ne s’était sentie ainsi exister. En sortant de la scène après ces ovations , elle croisa le regard de Marie, mais Joséphine savait au fond d’elle qu’elle était une étoile qui montait que Marie inexorablement allait descendre.
Commentaires
J'ai bien aimé ce texte !
Je l'ai trouvé très vivant puisque l'on se croirait dans la salle de représentation grâce aux dialogues qui ponctuent le texte !
Et j'ai aussi adoré le clin d'oeil final pour "le Bal" d'Irène Némirovsky , où l'on sent que Marie et Joséphine sont dans la même situation que les deux personnages principaux du roman !
C'était très agréable à lire puisque cette oeuvre sort de l'ordinaire des tableaux qui sont à mon goût "moins vivant" , ce qui rend ce texte encore plus original !
P.S: Le texte est je crois publié en double est-ce normal ? :)
J'ai beaucoup aimé ton texte qui raconte plus une histoire que les autres. C'est vrai qu'il est plus vivant, moins descriptif et il ya vraiment une histoire. Et, comme l'a dit Tatiana, le clin d'oeil au Bal est super!
J'ai comme l'impression que les deux jeunes femmes vont échanger leurs rôles...mais peut-être après tout y aura-t-il de la place pour deux sur la scène de la Comédie ?
En tous cas, l'auteur mérite d'être applaudi au moins autant que Joséphine !