La soumission du roi

Quand deux gardes m'ont saisi par les épaules, en plein milieu d'apres-midi, je n'ai pas vraiment été surpris. Il faut dire que je m'y attendais. J'étais parti tôt ce matin, histoire d'éviter le regard de ma mère qui pleurait depuis hier soir. Je n'aurai pas pu me résoudre à la faire pleurer encore une fois pour moi. Pour un idiot, en fait. 
" Nathan Belleville, c'est toi ? m'a demandé un garde.
_ Oui, c'est moi."
Mais je n'avais pas prévu qu'Anais vienne me rendre visite maintenant, précisément le seul moment où je n'avais pas envie de la voir. Elle a poussé un petit cri de surprise et a tourné tellement brusquement la tête vers moi que je l'ai entendue, malgré mes yeux toujours rivés vers les deux gardes en costume bleu. Elle m'a pris par le bras et l'a serré tellement fort que j'ai instinctivement croisé ses yeux pour lui demander de me lâcher. Elle savait toujours comment m'avoir.
"Explications, me dit-elle d'un ton ferme.
_ Je n'en ai pas."
Une réponse qui me valut un coup d'oeil noir de la jeune fille. Qu'elle était belle quand elle était en colère... J'en aurais presque fait des idioties pour la voir comme ça.
Mais là, elle était vraiment inquiète. Tout le monde savait que les personnes qui étaient emmenées par les gardes royaux ne revenaient pas assez souvent pour témoigner.
Le deuxieme garde m'a tiré loin d'Anais. Je lui ai lancé un regard d'excuse qu'elle ne perçut surement pas à travers le voile de larmes qui masquait ses yeux. Elle savait qu'elle ne me reverrait plus. Elle était intelligente, Anais. Elle savait qu'elle ne devait pas me retenir.