Alain Delon : Un mythe
Par Clara RAHMANI le 15 octobre 2017, 19:17 - Dossiers - Lien permanent
Une " gueule ", un talent : Alain Delon
Qui est Alain Delon ?
Alain Delon est un acteur majeur du cinéma qui a su se rendre populaire à travers ses 90 films. Il interprète des rôles de voyous, d'aventuriers, de séducteurs... mais nous laisse aussi plusieurs classiques, comme « Le Guépard » ou « Rocco et ses frères ». Acteur solitaire connu pour sa « gueule d'ange », il est aussi réalisateur, producteur et homme d'affaires.
Les femmes dans la carrière d'Alain Delon
« Tout ce que je suis, c'est pour et à cause des femmes »
Tout au long de sa carrière, les femmes vont jouer un rôle central pour Delon. Il rencontre d'abord l'actrice Brigitte Auber (interprète dans les films d'Hitchcock) qui lui fait connaître le monde du cinéma. Puis très vite, il prend pour maîtresse la femme du réalisateur Yves Allégret, Michèle Cordoue. Celle-ci présente Alain Delon à son mari qui cherche un acteur pour jouer le rôle principal de son film « Quand la femme s'en mêle » (rôle que Alain Delon va d'abord refuser, puis accepter pour faire plaisir au réalisateur). Sur ce tournage, Alain Delon fait la connaissance d'une autre grande dame du cinéma, Edwige Feuillère, qui lui présente à son tour son agente, Olga Hortsig. Il rejoint son « écurie » comptant déjà Brigitte Bardot et Jean-Paul Belmondo. La carrière de Delon est lancée.
« C'est en elles, dans le regard de ma première femme, Nathalie, jusqu'à Romy Schneider, Mireille Darc ou la mère de mes enfants, Rosalie van Breemen, que je puisais ma motivation pour être ce que j'étais, pour faire ce que je devais faire. »
Autre personnage féminin décisif pour l'homme et pour l'acteur, Romy Schneider qu'il rencontre sur le plateau de « Christine » en 1958. Avant la fin du tournage, une histoire d'amour commence. Quand il lance sa société de production, c'est encore accompagné d'une femme : Mireille Darc, « la grande sauterelle ». Plus tard encore, on parlera des « Delonnettes », ces jeunes actrices dont il s'entoure et qu'il fait tourner. La plus connue étant Anne Parillaud.
Les étapes de sa filmographie
1/Les débuts du « voyou »
Donc, tout commence un peu par hasard avec le réalisateur Yves Allégret et le film « Quand la femme s'en mêle » (1957). Alain Delon y tient le rôle principal, celui d'un voyou solitaire, ce qu'il est dans la vraie vie, à 21 ans.
Depuis le divorce de ses parents (à 4 ans), il est confronté à la solitude. Privé de foyer, il connaît la pension de 8 à 14 ans. Pour exister il sème le désordre, se fait consigner et exclure de nombreuses fois.
C'est pour être libre qu'il s'engage dans l'armée à 17 ans. Il y reste 4 années, pendant lesquelles il part en Indochine et connait la guerre. Là encore, il se comporte comme un voyou et se retrouve en prison militaire où il fête ses 20 ans. En 1956, retour à Paris : il vit de petits boulots et fréquente les quartiers de prostituées…
La 1ère étape de sa filmographie est marquée par des rôles de voyous. Comme il le dit lui-même : « Je suis rentré dans ce métier comme un poisson dans l'eau (…), je ne jouais pas puisque je le vivais ». En1960, c'est le succès avec « Plein soleil » (1960) de René Clément.
2/Les films d'auteur
Peu de temps après, il rencontre Luchino Visconti (réalisateur italien de films d'auteur) qui cherche un acteur « aussi doux que violent » pour « Rocco et ses frères » : le jeune Rocco, qui hait la violence, devient boxeur pour faire vivre sa famille. Le film devient vite un classique, mais Delon ne se considère toujours pas comme un acteur. Il enchaîne avec une pièce de théâtre (toujours avec Visconti) : « Là, j'ai du tout apprendre : à parler, bouger et à me tenir en scène ».
Visconti le rappelle pour un rôle dans « Le guépard ». Pour la première fois, le rôle, qui ne colle pas du tout avec son personnage, effraie « le voyou ». Mais il l'accepte et c'est encore le succès (film d'or à Cannes). Ensuite, c'est la rencontre avec le réalisateur Henri Verneuil qui le fait jouer au côté de Jean Gabin dans « Mélodie en sous-sol » (1963). À 28 ans, Delon est déjà une icône du cinéma.Et tourne avec les plus grands réalisateurs.
3/Le « rêve » américain
En 1967, Delon et sa nouvelle femme, Nathalie, partent aux États-Unis pour devenir « Garry Cooper ». Il enchaîne les tournages (westerns, films d'action...) et les échecs commerciaux.
Déçu par Hollywood, il rentre en France où Jean-Paul Belmondo (son principal rival à l'écran) à prit sa place.
4/Le retour : les films noirs
Il tourne avec Lino Ventura « Les nouveaux aventuriers », puis enchaîne avec « Le samouraï » où il renoue avec son personnage de loup-solitaire et triste. Héros de films noirs, il meurt 27 fois à l'écran.
« Je suis un héros sympathique à la mort ».
De cette période, on retient en particulier ses rôles dans « Le cercle Rouge » de Jean-Pierre Melville (1967), « Borsalino » avec Belmondo de Jacques Deray (1970) et « Le clan des Siciliens » de Henri Verneuil. Mais aussi son personnage obscur dans « Monsieur Klein » de Joseph Losey (1976).
5/ À partir de 1980 : réalisation et rôles plus insolites
Les années 1980 sont marquées par son rôle dans « Notre histoire », œuvre intimiste de Bertrand Blier. C'est à ce moment qu'il se lance dans la réalisation de films : « Pour la peau d'un flic » (1980) et « Le battant » (1983). Il interprète dans les années 1990 des rôles plus insolites : un professeur de danse dans « Dancing machine », un séducteur vieillissant dans « Le retour de Casanova » ou encore une comédie, « Une chance sur deux » avec Belmondo et Vanessa Paradis.
Alain Delon & l'acteur
Alain Delon a d'abord été reconnu pour sa « gueule d'ange » (c'est aussi son surnom), mais il a aussi su se faire apprécier pour ses qualités d'interprète. À ce titre il doit beaucoup à René Clément qui lui apprend la « science du regard » et à Luchino Visconti avec qui il entretient une relation fusionnelle. Parmi ses plus grandes interprétations, « Rocco et ses frères » et « Le guépard » (tourné avec Visconti) mais aussi « Monsieur Klein » (qui lui vaut d'être sélectionné pour Cannes). Il est lauréat du César du meilleur acteur pour « Notre Histoire » (1983). Il n'a jamais reçu le grand prix d'interprétation de Cannes, mais le festival lui rend hommage pour l'ensemble de sa carrière en 2013.
« Un acteur aussi sublime soit-il dans un rôle n'est et ne restera qu'un interprète et jamais un créateur. Si vous voulez, la production c'est ma forme de création. »
Son succès auprès du public français et étranger (Russie, Japon, Chine...) en tant qu'acteur ne lui suffit pas, c'est pour cela que dès 1964, il se lance dans la production de films avec « L'insoumis ». En 1972, il crée sa propre maison de production (Adel Productions) qui produit 26 films. Il est aussi homme d'affaire : il a crée sa société de diffusion de produit de luxe.
Différentes facettes de Delon : à gauche, sa marionnette dans les Guignols de l'info (Canal+), au centre, le réalisateur et à droite, l'image qui fait vendre.
Clap de fin
Delon est rattrapé par ses difficultés personnelles, et sa carrière commence à décliner à partir des années 1980. Il annonce même s'arrêter en 1999, pourtant on le retrouve sur grand écran dans « Astérix et les JO ». Il y interprète Jules César. Il se moque de lui-même et répond à ceux qui lui reprochent d'être une star fière d'elle (extrait).
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Cela devait être le vrai clap de fin pour Alain Delon. Mais, à 81 ans, il vient d'annoncer qu'il tournait un dernier film avec Patrice Leconte au côté de Juliette Binoche...