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Qu'est-ce que le cinéma d'auteur ?

C'est un type de cinéma dans lequel se reflète la personnalité artistique de l'auteur.

Le « cinéma d'auteur », considéré comme exigeant, ambitieux, créatif, intellectuel et indépendant s'oppose au « cinéma commercial » à but lucratif et au « cinéma de genre », conforme à des codes.

Cependant, la notion de cinéma d'auteur reste subjective.

On considère qu'un film d'auteur est un film indépendant, souvent à budget réduit et, selon François Truffaut, dont le réalisateur affirme une signature qui lui est propre, par exemple pour le cadre, le design sonore, les mouvements de caméra... 
Le cinéma d'auteur ne se reconnaît pas forcément sur le fond (le message, l'univers...) mais tout autant sur la façon de filmer (les plans, les couleurs...). Le regard de l'auteur sur la société se traduit généralement dans ses films.

L'auteur est donc l'unique créateur de ses films, il est le scénariste, a l'entière autorité sur ses films et a la maîtrise du montage final (final cut).

 

Son histoire

La notion de « cinéma d'auteur » est née en France dans les années 1950 lorsque les critiques de la Nouvelle Vague, notamment François Truffaut, souhaitent un cinéma qui brise l'académisme du cinéma de l'époque et qui s'inspire de cinéastes américains comme Alfred Hitchcock.

 

Truffaut définit le concept de « politique des auteurs » :
Un film d'auteur n'est pas une œuvre à part entière que l'on peut associer à une histoire ou à un genre précis mais doit être considéré comme un élément de la continuité des choix esthétiques du cinéaste.

En 1958, est inventé le Nagra III, premier magnétophone portable autonome, révolutionnant l'enregistrement sonore. Allié à la caméra 16 mm, il permet désormais au cinéma de sortir des studios et de filmer dans la rue.

 

En Allemagne, le cinéma d'auteur est surtout représenté par le mouvement du Nouveau Cinéma allemand :
Le réalisateur doit imprimer sa vision et son style comme le fait un écrivain en littérature, c'est la métaphore de la « caméra-stylo ».

Au Royaume-Uni, le cinéma d'auteur naît avec le Free Cinema :
Les critiques appellent à la refondation d'un cinéma en rupture avec le cinéma des productions britanniques majoritaires et souhaitent que le cinéma exprime « les liens entre l'art et la société ».

Aux Etats-Unis, les cinéastes du Nouvel Hollywood profitent de la crise financière au sein des grands studios pour imposer leur point de vue artistique.

La Quinzaine des Réalisateurs joue un rôle dans le développement du cinéma d'auteur par sa sélection qui permet de faire découvrir des auteurs, comme Ken Loach.

 

Ses objectifs

A l'origine, le cinéma d'auteur était une façon de « briser les codes » du cinéma de l'époque respectant des normes précises et des traditions. Avec l'arrivée brutale de la Nouvelle Vague, de jeunes réalisateurs veulent mettre en œuvre un cinéma différent et utiliser des méthodes de production allégées, à l'image de leur budget (équipes réduites, interprètes peu connus, décors naturels...).

Cependant le cinéma d'auteur évolue d'année en année, les auteurs s'intéressent aux sujets profonds, humains et sociaux de leur temps. Les héros sont très souvent proches du public pour lui permettre de s'identifier et diffuser un message, des idées à travers le film. Le cinéma d'auteur n'a pas seulement pour but de divertir mais de faire réfléchir sur des sujets divers.

« Nous travaillons hors du cadre habituel de l'industrie et nous avons en commun des préoccupations sociales que nous tentons d'exprimer dans nos films. »
Karel Reisz, 1956

Dans cette citation, le « Nous » désigne les auteurs. Reisz exprime la différence entre le cinéma d'auteur et le cinéma hollywoodien par exemple dans la façon de procéder, les contraintes à respecter... et le regard de la société qu'un auteur traduit dans ses films.

Les festivals

Plusieurs festivals sont spécialisés dans les films d'auteur et cherchent à valoriser ces films :

- Le festival international du film francophone de Namur (Belgique), sélectionnant des films d'auteur francophones,

- Le festival international du cinéma de Rabat (Maroc), qui cherche à valoriser les auteurs indépendants,

- La Quinzaine des réalisateurs, quant à elle, consacre sa sélection aux auteurs peu connus du grand public,

- Plusieurs grands festivals comme Cannes, Berlin (Allemagne), Venise (Italie), Saint-Sébastien(Espagne) et Locarno (Suisse) ont aussi l'intention de valoriser ce cinéma.

 

Exemple : A bout de souffle de Jean-Luc Godard

Premier film de la Nouvelle Vague qui bouleverse l'écriture cinématographique traditionnelle, A bout de souffle, réalisé en 1960, est le premier long-métrage de Godard, sans expérience professionnelle mais qui fréquentait les maîtres de l'écran, comme Truffaut.

« Ce que je voulais, c'était partir d'une histoire conventionnelle et refaire, mais différemment, tout le cinéma qui avait déjà été fait. »

Le tournage scandalise les professionnels par sa rapidité et par ce qu'ils considèrent comme de la négligence. En effet, le tournage a été réalisé à la sauvette au jour le jour.

Le caractère très original et inimitable du film réside dans son montage : constatant que son film est trop long, au lieu de supprimer des scènes, Godard raccourcit chaque début et chaque fin de plan.

 

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Exemple : Ken Loach

Ken Loach est mondialement connu pour avoir réalisé de nombreux films sur la misère au Royaume-Uni dont Raining Stones (1993) et The Angel's Share (2012).

Marqué par le Free Cinema et par un cinéma documentaire britannique militant, Loach dresse un constat des ravages provoqués dans les couches populaires de la société britannique par un libéralisme sauvage. Il se reconnaît par sa manière de rapprocher la réalité quotidienne de ses personnages et la réalité économique et sociale de la société.

Il parvient à créer un attachement du spectateur aux héros, pourtant souvent violents. Il y a souvent de l'humour et de l'espoir malgré les conditions précaires des héros.

 

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