Nous suivons le sillage des dauphins qui nous conduisent à d'autres de leurs congénères grecs.
1. Les dauphins crétois
Source : ile-de-crete.com
Ces dauphins sont figurés sur une fresque de Knossos, le palais du roi Minos et du légendaire Minotaure. Bien que très ancienne - antérieure à la date supposée de la Guerre de Troie -, la civilisation minoenne n'en est pas moins raffinée et brillante comme en témoignent ses fresques. Celles-ci brossent le tableau d'une société pacifique et tournée vers la mer. Elle s'est éteinte brutalement à cause d'un tsumani provoqué par l'éruption volcanique de l'île de Santorin (en savoir plus) et a peut-être donné naissance au mythe de l'Atlantide, la cité engloutie... Mais ça, c'est une autre histoire !
2. Bacchus métamorphose les marins impies en dauphins
Voici à présent une histoire de métamorphose : Ovide la rapporte à la fin du livre III.Le roi de Thèbes Penthée s'opposait au culte de Dionysos ; ses gardes ayant capturé un des fidèles du dieu du nom Acœtès, il était bien décidé à le torturer à mort. Mais avant, il l'interrogea sur les raisons de son dévouement à Bacchus. Le prisonnier lui raconta alors son histoire.
Comme il était sans biens, il devint navigateur. Un jour qu'il avait abordé à Chios, un des marins captura un très bel enfant. Acœtès eut le pressentiment qu'il s'agit d'un dieu et se montra pieux à son égard... contrairement à ses compagnons. L'enfant se réveilla tout à fait et demanda qu'on l'emmène à Naxos. L'équipage y consentit en apparence. Mais on prit la direction opposée, pour enlever l'enfant et ainsi demander une rançon. Notre brave Acœtès en pleurait de tristesse pour l'enfant. Alors il se produisit une chose extraordinaire : le navire s'immobilise sur les flots, malgré les vigoureux coups de rames et le déploiement des voiles ; Dionysos se révèle sous les traits de l'enfant : le lierre pousse et la vigne se propage sur tout le navire, des bêtes féroces l'entoure ; et les matelots se transforment...
Les hommes sautèrent par-dessus bord, frappés de folie,
ou de peur ; et en premier lieu, le corps de Médon commença
à devenir noir et à se plier, tandis que son dos pressé s'arquait.
Lycabas lui dit : ʻ Quelle forme étonnante prends-tu ? ʼ,
et tandis qu'il parlait, sa bouche devenait large,
son nez se courbait, et sa peau endurcie se couvrait d'écailles.
Mais Libys, voulant tourner les rames qui le gênaient, voit,
en un éclair, ses mains rétrécir et cesser d'être des mains :
elles pouvaient désormais être appelées des nageoires. (Ovide, Mét., III, 670-678 - traduction Boxus & Poucet)
Coupe d'Exékias datant du milieu du VIe siècle (source). Pour lire une description de l'image, cliquez ici.
Partout ils font des bonds et éclaboussent abondamment,(ibid., v. 683-686)
émergent à nouveau puis retournent encore sous l'eau.
Ils exécutent une espèce de chœur, lançant gaiement leurs corps
et soufflant de leurs larges narines l'eau de mer qu'ils ont aspirée.
Seul Acœtès garda sa forme humaine et conduisit le dieu à Naxos, où il fut initié aux mystères de son culte. Emprisonné par Penthée, il eut néanmoins la vie sauve : les portes de la prison s'ouvrirent et ses chaînes tombèrent d'elles-mêmes !