" A LA DECOUVERTE DE LA FONCTION POETIQUE"
Par Madame Poupeney (Lycée Gaspard Monge, Savigny sur Orge, 91) le 30 novembre 2009, 19:11 - Lien permanent
Thème en cours d'étude en classe.
DEVOIR SUR TABLE LUNDI 7 DECEMBRE, 2h, sur un poème. Etudier et dégager le sens d'un poème.
Poème étudié en classe:
La Géante, de Charles Baudelaire
Du temps que la nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante,
Comme aux pieds d’une reine un chat voluptueux.
J’eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement dans ses terribles jeux;
Deviner si son cœur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux;
Parcourir à loisir ses magnifiques formes;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,
Lasse, la font s’étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l’ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d’une montagne.
Les Fleurs du Mal
Un tableau qui pourrait illustrer le poème selon certains spéacialistes:
Odalisque (de Fernando Botero)
Quelques indications intéressantes sur ce poème:
La Géante est un sonnet de Charles Baudelaire, dix-neuvième poème des Fleurs du mal.
Commentaire
Charles Baudelaire était très impressionné par les grandes choses. Dans Le salon de 1859 il dit : « Dans la nature dans l'art, je préfère, en supposant l'égalité de mérite, les grandes choses à toutes les autres, les grands animaux, les grands paysages, les grands navires, les grands hommes, les grandes femmes, les grandes églises, et, transformant comme tant d'autres, mes goûts en principes, je crois que la dimension n'est pas une considération sans importance aux yeux de la beauté. »
Baudelaire a sans doute été influencé dans la rédaction de ce sonnet par un conte de Cazotte : Le Fou de Bagdad ou Les géants, conte antédiluvien. Dans ce récit il est question de géantes « monstrueusement belles, superbement parées. »
Ce poème peut prêter à bien des interprétations psychanalytiques. C'est une vision de la femme comme mère. Le narrateur semble vouloir revenir à la période antérieure à sa naissance. Il veut être englouti par la femme comme Jonas dans la baleine.
La Géante a inspiré à Philippe Ramos son film Capitaine Achab (2003) avec Valérie Crunchant et Frédéric Bonpart. Dans ce film, la baleine est symbolisée par des gros plan sur un corps de femme, vue comme une géante...