Ce personnage a bel et bien existé. Pourtant, c'est au XIXème siècle, dans la pièce d'Edmond Rostand, qu'il devient véritablement un mythe.

C'est le XVIIème siècle qui a vu naître cet homme au panache aussi grand que le laisse paraître la pièce.

Il fut une sorte de philosophe des Lumières avant l'heure, refusant qu'on lui impose une pensée, une religion, une doctrine. Il aime penser par lui-même et rechercher la vérité.

D'ailleurs, il écrira, en souvenir de son principal du Collège de Beauvais, la pièce intitulée Le Pédant joué (1654).

Son fameux nez, il aime s'en moquer. La célèbre tirade d'Edmond Rostand fait même écho à une réplique du personnage de Genevote dans Le Pédant joué. 

Est-il né en Gascogne, comme le personnage de la pièce ? Non, à Paris.

Est-il amoureux de sa cousine comme dans la pièce ? Non plus. Cet élément de l'intrigue est là pour pimenter l'histoire.

En revanche, il fut réellement mousquetaire. Il était tellement craint qu'il fut surnommé de son vivant "Le Démon de la bravoure".Il était entré dans la célèbre compagnie dirigée par Casteljoux.

Malheureusement, sa carrière fut brisée en 1639 par une blessure assez grave pour le faire renoncer à la cape et à l'épée (je précise, les élèves: jeu de mots avec "histoire de cape et d'épée"..., si, c'est amusant! Non? Bon. Tant pis...).

Il retourna à Paris et se remit à écrire, mais là encore, ce ne fut pas sans quelque danger...

Athée, libre de pensée et de moeurs, il dérangeait. On faisait entrave à son écriture. On lui avait volé un manuscrit et empêché de publier de son vivant deux romans d'anticipation (ancêtres de la science-fiction).

Pendant ce temps, il bénéficiait de la protection d'un mécène, le duc d'Arpajon.

Quelle mort étrange que celle de Cyrano de Bergerac! Oui, comme dans la pièce, il mourut après avoir reçu une bûche sur la tête.

Au nombre d'ennemis que Cyrano avait contre lui, nous serions amenés à penser qu'il s'agit d'un attentat...

Heureusement, il eut le temps d'offrir à la postérité quelques oeuvres étonnantes, ou l'auteur dénonce les contradictions de la société de son temps souvent avec un humour décapant :

- Ses Lettres (1654)

- Sa tragédie La Mort d’Agrippine (1653): il y exprime indirectement son athéisme, ce qui pour l'époque est audacieux (voire dangereux).

- Les Etats et Empires de la Lune (1657) et les Etats et Empires du Soleil (1662), deux romans d'anticipation (en 1648, l'anglais Godwin avait écrit L'Homme dans la Lune) : l'auteur imagine l'exploration d'autres mondes, ce qui là encore ne peut que froisser les défenseurs de la religion, convaincus que les hommes sont au centre de l'univers (on a cru longtemps que c'était le Soleil qui tournait autour de la Terre et non l'inverse).


Pour notre plus grand bonheur, Savinien Cyrano de Bergerac, obligé d'interrompre sa carrière de mousquetaire, nous fait profiter de sa belle plume (vous reconnaissez bien sûr une métonymie, si si !) ! Et passant de plume en plume, il devient, grâce à Edmond Rostand, plus qu'une légende, un mythe!