JOURNALISTE: Bonjour et bienvenue au Journal de vingt-cinq heures, le journal qui n'existe pas. Nous accueillons aujourd'hui, en invitée exclusive, Hannah, personnage de La Rivière à l'envers de Jean-Claude Mourlevat. Veuillez applaudir!
HANNAH: Bonjour.
JOURNALISTE: Bonjour, bonjour. Ne perdons pas de temps, s'il-vous-plaît, car cette interview est notée par mon supérieur... Alors: on m'informe que M.Tomek vous rencontre dans son épicerie pour la première fois... Est-ce vrai?
HANNAH: Oui, c'est vrai. D'ailleurs, quel blagueur, ce Tomek! Il m'a fait croire qu'il y avait "tout" dans son épicerie!
JOURNALISTE: Ce n'était pas le cas?
HANNAH: Ah, eh bien, non, justement! Il y avait des images de kangourous et des dés à coudre, mais, franchement! il manquait l'essentiel: l'eau de cette rivière, là... Qjar, voilà.
JOURNALISTE: Qjar? Quel drôle de nom. Qu'est-ce que c'est, au juste?
HANNAH: Ah! Figurez-vous que Tomek non plus n'était pas au courant non plus. En effet, cette eau de cette rivière a la particularité de couler à l'envers.
JOURNALISTE: A l'envers?
HANNAH: Mais c'est que vous êtes lent à la détente, vous! Cette eau coule à l'envers, oui, et, arrivée en haut de la Montagne Sacrée, elle est recueillie dans le creux d'une pierre. Cette eau est si pure qu'elle donne la vie éternelle à ceux qui la boivent. J'en avais justement besoin pour Sissi, ma passerine, qui commençait à vieillir... D'ailleurs, elle avait de l'arthrose!
JOURNALISTE: Bon, d'accord. Venons-en aux faits. Qu'avez-vous fait, après? Avez-vous renoncé et envoyé dans une maison de retraite votre passerine où elle coule, heureuse, ses derniers jours?
HANNAH: Ah non! Ne jamais renoncer est mon deuxième prénom. Je suis arrivée, en marchant (j'ai abîmé mes pauvres sandales) jusqu'à une grande forêt, peuplée de grands animaux bizarres (il faut dire que je suis un peu myope). Enfin, après plusieurs jours, je suis arrivée dans une grande prairie. Plus tard, un vieux bonhomme nommé Eztegom m'a dit que cette forêt s'appelait la Forêt de l'Oubli et que même Tomek m'avait oubliée...!
JOURNALISTE: Avez-vous ensuite trouvé la rivière?
HANNAH: Ah, oui, mais pas tout de suite! Au bout d'un moment, à force de marcher parmi ces magnifiques fleurs, je suis tombée dans une sorte de coma, à cause de grandes fleurs bleues... Après trois jours, un drôle de personnage m'a réveillée en disant: "Il était une fois".
JOURNALISTE: Bon, excusez-moi, mais j'ai cours de musique. Nous allons interviewer Mozart.
GVT