Le travail permettrait la réalisation de notre humanité et serait au fondement même du lien social. Or, il semble que c’est précisément cette valeur travail qui est actuellement remise en question dans nos sociétés contemporaines. Va-t-on entrer dans l’ère de la fin du travail ?

“On ne veut plus travailler” : une idée reçue ?

Certains affirment “qu’on ne veut plus travailler”, s’appuyant notamment du fait que des secteurs du travail n’arrivent plus à recruter malgré un taux de chômage encore important et sur l'observation d’une grande démission. Or, “on voit surtout des jeunes qui sont au seuil du marché de l'emploi et qui ont très envie de travailler, mais qui se font refouler, des aides-soignantes qui se sont levées ce matin à 5 h pour aller s'occuper de personnes dépendantes et qui vont courir pour aller faire une autre toilette et des cadres supérieurs qui sont préoccupés toute la journée par leurs chiffres à faire” observe Marie-Anne Dujarier.

Face à ce constat et une “intensification de l’activité”, provoquant “beaucoup d’accidents mortels”, l’enjeu serait donc plutôt de comprendre pourquoi “il y a tant de gens qui ont envie d'aller se faire subordonner dans l'emploi, c'est-à-dire qui acceptent presque tous les jours de leur vie, pendant 42 ans et maintenant plus, de faire des choses qui ne sont pas dans leurs objectifs à eux, qui sont les finalités imposées par l'employeur, avec des modalités d'action qui ne sont pas non plus celles et ceux qu'ils ont choisis.”

Mais alors comment expliquer le fait que certains secteurs peinent à recruter ? Comment comprendre la grande démission ? Dominique Méda s’appuie des recherches menées par “le Ministère du Travail qui a fait un point sur la grande démission, expliquant que ce n'est pas un refus du travail, mais que c'est l'occasion, l'opportunité, la possibilité d'aller trouver des emplois plus supportables”. Autrement dit, ce n’est pas que nous ne voulons plus travailler, mais que nous souhaitons travailler autrement.

Avec Philosophie consacre cette série d'émissions au "travail en crise", en partenariat avec Citéphilo . Dans ce premier épisode, Géraldine Muhlmann et ses invités se demandent : "Pourquoi ne veut-on plus travailler ?"